

C'est l'histoire de Ruben, un jeune parisien, juif homosexuel extraverti, qui décide de s'échapper le plus loin possible de sa famille et des coutumes juives traditionalistes, pour suivre son petit ami en Finlande où il file le parfait amour. Mais par un malheureux concours de circonstance, le jeune homme va passer pour criminel et voleur, une situation rocambolesque qui va le reconduire en France. Dur retour à la réalité.
Photo : DR
Diplômé de la prestigieuse école de la Fémis à Paris, Mikael Buch réalisateur tout juste âgé de 29 ans, s'est basé sur des souvenirs de son enfance pour réaliser son premier long-métrage. Lepetitjournal de Tel-Aviv est parti à sa rencontre pour en savoir plus sur cette comédie française.
Si le film est librement inspiré de sa propre vie, le récit quant à lui est purement fictionnel a précisé Mikael Buch lors de l'interview. "Je crois que c'est toujours bien de partir de ce qu'on est pour laisser ensuite son imagination prendre le dessus. C'est ce que j'ai fait pour ce film".

Si la question du judaïsme et de l'homosexualité occupe une place centrale dans le film, le réalisateur nous confirme que son intention n'était pas de faire un film de coming-out où la question serait de savoir comment Ruben vit son homosexualité et comment celle-ci est perçue par les membres de sa famille. "Let my people go" est avant tout une réflexion sur la notion de liberté et l'enjeu réside davantage dans l'équilibre entre la part d'identité que l'on subit et celle que l'on choisit.
La question qui intéressait le réalisateur était de savoir comment on peut s'inventer soi-même sans renier un héritage et une identité. Tout l'enjeu pour Ruben est de parvenir à concilier les différents aspects de son identité, mais aussi de concilier sa vie d'adulte et sa vie de fils.
En partant vivre en Finlande, Ruben voulait échapper à sa famille et à son identité juive. En revenant à Paris, il se réconcilie avec une partie de lui-même qu'il avait laissée derrière lui. "Pour moi chacun doit être libre d'inventer joyeusement sa propre façon d'être juif, d'être homosexuel, d'être français ou autre" affirme Mikael.
Mikael Buch se sent très proche du protagoniste. Tout comme lui, il a été amené à déménager plusieurs fois durant son enfance. Né à Marseille, il a déménagé avec sa famille à Taïpei, puis après cinq ans passés là-bas, ils sont partis vivre à Barcelone où il a vécu jusqu'à ses 18 ans avant de revenir s'installer en France étudier le cinéma. D'un père argentin et de mère marocaine, le jeune réalisateur a grandi dans une famille juive traditionnaliste mais pas religieuse. Il nous avoue que son judaïsme passe davantage par le prisme de la culture et de l'histoire que par celui de la religion.
Il nous confie par ailleurs son attachement profond pour Israël : "Une partie importante de ma famille y habite, j'y ai passé de nombreux étés et j'y retourne aussi régulièrement que possible, c'est un pays qui m'inspire, dans lequel je me sens très enraciné".
Fervent défenseur d'un judaïsme laïc, il ajoute "je suis touché par tout ce qui a fait de ce pays un état à la fois Juif et laïc". Pour autant, il ne cache pas son inquiétude face à la situation actuelle : "Le monde devient de plus en plus religieux, de plus en plus fondamentaliste et je ne souhaite pas voir Israël emprunter ce chemin, qui, entre autres choses, l'éloignerait encore davantage de la paix".
Interrogé sur ses projets à venir, le réalisateur nous a confié son désir de tourner des films en Israël. Affaire à suivre !
Julie Ebbo (lepetitjournal.com/telaviv) Lundi 4 février 2013








































