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CINÉ - "Une vieille maîtresse", l’amour dans le sang

Changement de registre pour Catherine Breillat qui délaisse Rocco Siffredi et adapte Une vieille maîtresse de Barbey d'Aurevilly. Elle livre son film le plus accessible, avec Asia Argento en demi mondaine incandescente

La vieillesse est relative. Au siècle de Laclos, elle est précoce, puisque la vielle maîtresse de Barbey d'Aurevilly a en réalité 36 ans, soit de l'avis général, largement l'âge de passer la main et de clore sa carrière de femme entretenue. Depuis dix ans, elle vit une liaison fluctuante et passionnée avec Ryno de Marigny, un séducteur libertin qui envisage à présent le mariage avec la douce et noble Hermangarde, petite fille de la Marquise de Flers. Mais peut-on échapper à la férocité du désir de la Vellini ?

Sur la bouche
La grande idée de Catherine Breillat est de faire incarner cette femme libre et scandaleuse par la brûlante Asia Argento. Elle illumine de sa flamme vénéneuse une partie de cette histoire de passion romantique. Même si son élocution trébuche parfois sur la musicalité précieuse de dialogues très fidèles à l'esprit du roman, sa noirceur de rockeuse anachronique communique un certain souffle au film.
Face à elle, la cinéaste semble fascinée par la beauté charnelle et juvénile de son interprète masculin, Fu'ad Aït Attou, fort bon acteur et doté de la bouche la plus spectaculaire du cinéma mondial depuis Béatrice Dalle.

Dans le sang

On n'attendait pas Catherine Breillat sur le terrain du film en costume, elle qui nous avait plus habitués aux scènes dénudées. De ce point de vue, elle tient gentiment son pari et fait montre de suffisamment de savoir faire et de conviction pour assumer un tournage matériellement plus conséquent qu'à son habitude.
Moins offensif, certainement accessible à un plus grand nombre, Une vieille maîtresse n'en est pas moins un film sur la face sombre du désir, sur les pulsions auxquelles on n'échappe pas. Le sang y joue un rôle constant. C'est aussi un film bancal, commenté de l'intérieur par de grinçants décalages, comme la présence parfois déroutante de Claude Sarraute et de Yolande Moreau. Difficile aussi d'éviter l'ennui ou le sentiment de redites. Catherine Breillat n'a pas tout a fait la maturité de Rivette adaptant récemment Balzac (Ne touchez pas la Hache) mais elle amorce avec ce film ambitieux, un virage intéressant.
Jean-Marc Jacob (www.lepetitjournal.com) mardi 5 juin 2007

Une vieille maîtresse, Catherine Breillat avec Asia Argento, Fu'ad Aït Attou, Roxane Mesquida, Yolande Moreau, Michael Lonsdale, Claude Saurraute ?
1h50, sorti en France le 30 mai 2007
La bande annonce du film

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