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Rasmee:"Il y a de très bons musiciens à Chiang Mai mais aussi le smog"

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Catherine Vanesse - Rasmee Waryana est une interprète-compositrice de chansons du nord-est de la Thaïlande connue pour sa manière de revisiter le molam avec des sons souls et jazz
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 22 février 2021, mis à jour le 13 octobre 2023

Après avoir vécu 19 ans à Chiang Mai, la chanteuse Rasmee s’apprête à déménager, la pollution et la maternité l’ayant convaincue de chercher un peu d’air frais ailleurs dans un contexte où le Covid-19 bouscule également la carrière des artistes. 

Rasmee Waryana est une interprète-compositrice de chansons du nord-est de la Thaïlande, elle chante en lao Isan et en khmer Surin, deux langues vernaculaires de cette région, un style que l’on qualifie de molam. “Pour autant, il y a autant de molams que de dialectes, c’est difficile de tous les connaître, de tous les recenser” explique la jeune femme de 37 ans originaire de Nam-yuen, un village dans la province d’Ubon Ratchathani. 

Rasmee a commencé à chanter à l’âge de 5 ans grâce à son père, lui-même chanteur-compositeur-enseignant, qui lui a appris les chants traditionnels khmers.

A l’âge de 13, elle démarre une carrière professionnelle dans un groupe local pendant quelques années. A 18 ans, elle s’installe à Chiang Mai et reprendra sept ans plus tard des études d’art. Ce n’est que vers 27 ans, qu’elle retourne sur scène après avoir rencontre le groupe français Limousine avec lequel elle part en tournée en France. A cette époque, elle réalise que la musique molam peut se mélanger avec tous les styles de musique et surtout que le public y est très réceptif. De cette expérience, Rasmee sort son premier album “Isaan Soul” en 2015, suivi d’un deuxième “Arom” en 2018. 

Alors que la chanteuse s’apprête à quitter Chiang Mai pour s’installer avec sa famille à Chumphon, Lepetitjournal.com l’a rencontrée pour parler de son troisième album, de la scène musicale à Chiang Mai, des conséquences des mesures prises pour lutter contre le Covid-19 sur sa carrière et le milieu musicale et des raisons qui l’a poussé à quitter sa ville d’adoption depuis 19 ans. 

Vous avez sorti un nouveau single “Yatusader”, peut-on s’attendre à un nouvel album prochainement ?

J’espère pouvoir le sortir cette année. Pour le moment, j’ai déjà enregistré quatre chansons. Cela fait un moment que j’y travaille mais il y a toujours quelque chose qui se passe et me fait reporter la préparation de cet album : l’arrivée de mon fils Dario qui a aujourd’hui 14 mois et le Covid-19. Il reste encore quatre chansons, elles sont écrites, il reste à les enregistrer et à les arranger. 

Cet album est assez nouveau. Je travaille avec un nouveau producteur et des musiciens de jazz, j’ai donc des chansons qui sont beaucoup plus jazz même si le message tourne toujours autour de l’Isan, des sujets de sociétés et puis aussi des chansons sur ma grossesse et la maternité. J’ai aussi décidé de chanter beaucoup plus en thaïlandais et moins en laotien. 

Votre musique est assez engagée, est-ce que vous vous censurez parfois?

Il y a toujours une forme de pression quand on sort une chanson. A chaque fois, je réfléchis à la portée de mes textes, j’en parle avec mon mari, mon producteur, mes amis pour voir si c’est le bon moment, si le contexte le permet. Est-ce qu’aujourd’hui les gens veulent vraiment entendre des chansons très engagées sur des sujets de société dans le contexte politique actuel, alors que beaucoup de gens ont perdu leur boulot à cause du Covid-19 et qu’ils ont dû rentrer dans leur village? Ce sont des questions que je me pose. J’ai une chanson qui s’appelle “Bamboo Soup”, celle-là, c’est le moment parfait pour la sortir parce que nous sommes dans un temps où nous restons plus en famille, à la maison et où l’on cuisine plus, c’est un thème plus léger, plus relax. 

Quels impacts ont eu les mesures prises pour lutter contre le Covid-19 sur votre carrière?

Le Covid-19 a affecté de nombreux musiciens, beaucoup ont commencé à vendre de la nourriture ou à se tourner vers d’autres activités. L’année dernière avec la fermeture des bars, des hôtels et des lieux de divertissements, nous ne pouvions pas du tout jouer. Personnellement, cela va bientôt faire deux ans que je n’ai quasiment pas fait de concert. Quand j’étais enceinte, c’était normal et donc je ne me suis pas trop tracassée. Par contre, je prévoyais de revenir sur scène pour 2021, je commençais de nouveaux à avoir des dates de prévues un peu partout en Thaïlande, dans des festivals et puis il y a eu une deuxième épidémie en janvier et de nouveau tout est de un peu en suspend et je ne sais pas pour combien de temps. 

Je déménage ce mois-ci pour aller m’installer à Chumphon, ce sera l’occasion de me remettre à la peinture et aussi peut-être que je pourrai vendre des produits de la mer, car si je n’ai pas de concerts, je ne gagne pas d’argent! 

Je suis aussi en train de réfléchir à la possibilité de rejoindre un label de musique. Jusqu’ici, c’est quelque chose que j’avais toujours refusé parce que les contrats sont souvent très stricts et vous lient pour une longue période à ce label. J’en ai peut-être trouvé un qui me propose un contrat raisonnable. En signant avec un label, cela pourrait m’aider à gagner de l’argent en diffusant ma musique sur certaines plateformes et aussi pour me développer plus sur la scène internationale. 

Quelles sont les raisons qui vous poussent à déménager à Chumphon?

Oui, c’est un peu fou de déménager après avoir passé 19 ans à Chiang Mai! Depuis l’arrivée de mon fils, beaucoup de choses ont changé et la pollution est la raison principale qui nous pousse à bouger. La qualité de l’air est de plus en plus mauvaise. Il y a dix ans, la saison des fumées ne durait que deux mois. Aujourd’hui, elle commence déjà en décembre jusqu’en avril! Je veux offrir un air sain à mon fils, qu’il puisse courir partout et faire des activités à l'extérieur.

De nos jours, il est facile de se déplacer, surtout en Thaïlande. Et puis mes musiciens vivent ici, je vais donc continuer à trouver des prétextes pour venir régulièrement à Chiang Mai.

Comment décririez-vous la scène musicale à Chiang Mai?

Je trouve qu’il y a vraiment de très bons musiciens à Chiang Mai, il y a une grande variété de styles musicaux et surtout les artistes sont ouverts à toutes sortes de musique, ils ont envie d’essayer de créer de nouvelles choses. On entend de plus en plus de musique rap ou pop en langue lanna par exemple. Pour moi, c’est vraiment à Chiang Mai que ma musique a pris une tournure différente pour être celle qu’elle est aujourd’hui, des chants de l’Isan aux sons soul ou jazz. 

Auriez-vous eu une influence sur ce mélange de traditions et de modernité dans la musique?

Je ne sais pas, j’en serais ravie si c’était le cas, si j’ai pu inspirer des artistes mais en même je ne suis pas sûre d’avoir une telle influence sur la musique en Thaïlande. 

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