Bonjour Stéphan Madrias, vous êtes le Proviseur du Lycée Français de Pondichéry, lepetitjournal.com de Chennai est ravi de vous rencontrer pour en savoir un peu plus sur l’établissement, son histoire mais aussi la vôtre.
Bonjour lepetitjournal, ravi de vous accueillir dans les très beaux locaux d’un des lycées français à l’étranger les plus vieux du monde, puisque celui-ci a 200 ans [création le 28 Octobre 1826 sur l'ordre du Gouverneur de Pondichéry, le comte Panon Desbassyns de Richemont] et a une histoire très spécifique [comptoir français qui s’intègre aujourd’hui parfaitement dans le paysage Indien]. Cette année, il y a 480 élèves, 10 nationalités représentées (dont 25% d’Indiens), 98% de réussites au Baccalauréat, 80% de mentions, 20% des bacheliers se dirigent chaque année vers des classes préparatoires en France. Nous avons 40 professeurs, tous titulaires de l’Education Nationale. Nous faisons partie du réseau AEFE, soit parmi les 500 écoles françaises mondiales. Notre programme est 100% homologué ce qui est un immense atout car il y a une vraie continuité pédagogique pour les enfants si ceux-ci passent d’un pays d’expatriation à un autre, même en cours d’année. C'est aussi le cas de l'EFIS, Ecole Franco-Indienne de SISHYA à Chennai.
Ndlr du petitjournal.com : un film de présentation très complet a récemment été réalisé par les élèves, nous le relayons ici : https://youtu.be/GT0gj5ltFtQ
Effectivement les locaux sont magnifiques ! Et quelles sont les spécificités du Lycée de Pondichéry ?
Nous essayons de mettre l’accent sur la spécificité de l’Inde : nous avons des professeurs indiens qui apportent leur culture, c’est très important pour nous. De plus, nous nous démarquons d’un lycée basé en France à travers les compétences linguistiques, notamment l’anglais. Sur l’ensemble de la scolarité, nous donnons 900 heures d’anglais complémentaires (à travers des cours de mathématiques, de sciences, d’histoire-géographie en anglais). Nous essayons aussi de mélanger les talents et les compétences des élèves entre eux : un élève plus à l’aise épaulera un autre élève tout au long de l’année. Niveau activités, nous proposons de la piscine, du théâtre, du cinéclub, des voyages scolaires en Inde et des échanges pédagogiques (entre autres l’organisation d’un congrès de mathématiques les 17, 18,19 avril prochains).
Au-delà de nos puissants atouts pédagogiques, le Lycée est vraiment « hors cadre » par rapport aux autres établissements AEFE car il ne se situe pas dans une capitale, il n’est pas dans un pays francophone ou un pays Européen et il n’est pas dans une ville industrielle ou économique importante (avec des entreprises internationales notamment). De fait, ça en fait un établissement atypique ! Nous sommes reconnus dans le monde grâce au réseau AEFE et aux anciens élèves. Pour autant, j’ai l’impression que nous ne sommes pas connus des expatriés (du moins les nouveaux) et c’est là toute la limite de notre notoriété aujourd’hui. Je pense que le Lycée de Pondichéry a besoin de se régénérer, se « muer » ; il a besoin d’aller chercher une autre population que les français ou les francophones, pourquoi pas s’ouvrir sur la population indienne ?
Mais alors comment voyez-vous l’avenir du Lycée ?
Concrètement, je suis convaincu qu’il faut faire comprendre l’intérêt du Lycée Français. Selon moi, le lycée français en Inde est l’un des sommets d’un triangle avec les entreprises françaises en Inde et les formations universitaires en France. Le Lycée apporte la connaissance du pays, la compréhension de la culture indienne (et pourquoi pas la langue Tamoul parfois dès l’enfance), et forme ainsi des ingénieurs, des cadres, des techniciens vraiment opérationnels pour travailler plus tard au sein des entreprises françaises en Inde. Aujourd’hui, pour être tout à fait transparent, nous nous lançons tout juste dans l’animation d’un réseau d’anciens élèves, pas facile mais nous persévérons car nous savons qu’il y a un fort sentiment d’appartenance à Pondichéry ; les élèves sont fiers d’être passés par notre établissement.
Quels sont les projets à venir ?
Nous nous lançons dans un gros projet, celui de devenir un Lycée éco-responsable mais pas de l’éco-responsabilité de façade ! Nous voulons motiver notre circonscription, mettre en place des solutions d’économie d’énergie, être attentifs à nos achats (de papier notamment), avoir des partenaires avec ces mêmes valeurs, éduquer et inciter nos élèves à penser « éco-responsable ». Ce projet est lancé depuis Septembre 2019 et s’étalera sur au moins 5 ans.
Comment je l’évoquais, nous avons aussi des projets de développement : faire évoluer notre population d’élèves, continuer à convaincre les familles indiennes et d’expatriés de l’intérêt de venir dans notre établissement. L’un de nos arguments est que nous avons un internat (sous forme d’appartements) qui peut accueillir des jeunes. Selon moi, ce lieu est bien au-delà d’un logement, c’est aussi un lieu d’apprentissage d’autonomie et de vie.
Vous êtes proviseur ici depuis 3 ans, en quelques mots quel est votre parcours ? Quel est votre retour d’expérience en Inde ?
J’ai quasiment toujours travaillé à l’étranger. A l’origine, je suis professeur de mécanique j’enseignais à Toulouse. Rapidement, je suis parti au Sénégal, à l’université de Dakar, pour former les professeurs en mécanique. J’ai poursuivi mon parcours à Madagascar, où je suis devenu professeur de physique dans les Lycées Français. J’ai ensuite passé le concours de chef d’établissement, et atterri dans le Pas de Calais en tant que proviseur adjoint pendant 3 ans. A nouveau je suis retourné à Dakar en tant que proviseur adjoint. Plus tard, j’ai voulu découvrir l’Asie, j’ai postulé et me voici Proviseur au Lycée Français de Pondichéry.
Je ne connaissais pas du tout l’Inde ! Je commence ma 4ème année et c’est vrai que c’est très différent. Je dirai même que c’est impressionnant de travailler et vivre en Inde ! La dimension géographique est vertigineuse, on est sur un continent et s’adresser à d’autres villes ou d’autres régions en Inde, c’est tout un challenge. Je ressens beaucoup de bienveillance et de tolérance en Inde, particulièrement (et tout naturellement) à Pondichéry. Plus généralement, je voudrai conseiller aux personnes qui tentent l’expatriation en Inde, c’est de partir le cœur ouvert et sans préjugés.
Le mot de la fin ?
Je voudrais souligner que nous faisons en sorte de mettre en valeur les filles, casser un peu les représentations familiales ou les barrières que l’on peut mettre aux jeunes filles dans le cadre des études. Je tiens à cela. A titre d’exemple, cette année, le Lycée a décidé de prendre en charge l’ensemble des charges financières d’un échange scolaire de 3 élèves, et nous ciblons des filles.
Merci M. Madrias pour cet échange. Si vous voulez en savoir plus sur le lycée de Pondichéry (et pourquoi pas une inscription), rendez-vous sur www.lfpondichery.net, ou sur le site de l’AEFE ou par mail, pro@lfpondichery.net ou encore sur Facebook et Instagram