Édition internationale

CHANSON - Emilie Simon, les ombres d'une jeune fille en fleur

Revenue des étendues glacées de la BO de La Marche de l'Empereur, Emilie Simon affirme sa singularitéavec Végétal, un troisième album qui mêle anglais et français, chansons flûtées et électro fouillée. Dense comme une forêt

Ambiance aquatique de broderies électroniques

A 27 ans, deux Victoires, trois albums dont la musique du film La marche de l'empereur, Emilie Simon s'est imposée comme une des valeurs àsuivre de la création musicale actuelle.
Son univers séduisant et sophistiqués'empare des ramifications du végétal avec un nouvel album, imbibéde chlorophylle.

Sans être àproprement parléconcept, le disque file son thème et accumule textes et textures. Ecrit, composé, programmé, arrangéet réalisépar la jeune femme, c'est l'?uvre d'une gracieuse obsédée du son, ancienne élève de l'IRCAM. Végétal ne donne pas pour autant dans la musique savante ou le bidouillage d'autiste. Au fil des plages, craquements de bois et crépitements de feu, sensations liquides et organiques viennent enrichir une poignée de chansons pop mélodiques, tour àtour éthérées, contemplatives ou plus énergiques. A ce titre, le premier single Fleur de saison fait montre d'une énergie convaincante et envoie une rythmique pleine de sève.
Plantations luxuriantes
Les plus jolies réussites restent tout de même d'une teinte plus tranquille et culminent avec un titre comme Sweet Blossom aux envolées proches de Kate Bush, une influence très souvent citée, avec Bjork. La belle ambiance aquatique de Swimming ne manque pas non plus de charme, tandis qu'In the lake promène un petit parfum Beatles.
Sur ces broderies électroniques parfois un peu trop touffues, la voix d'Emilie Simon apporte une fraîcheur enfantine qui pourrait agacer si elle n'était suffisamment sûre d'elle pour me jamais minauder.
L'ensemble de l'album impressionne par sa maîtrise musicale et son sens de la matière. Le risque, auquel il n'échappe pas totalement, est alors du côtéde la perfection un peu froide et d'une sur-orchestration étouffante manquant de chair et de sang. Evidement, c'est une réserve de luxe. L'heure n'est pas encore au dépouillement pour cette artiste haut de gamme qui a de belles explorations devant elle.
Jean-Marc JACOB. (LPJ) 17 mai 2006

Végétal, Emilie Simon (Barclay)
Ecouter et voir le clip de Fleur de saison

? A écouter aussi Dominique A &Art Mengo
L'un vient de Nantes, l'autre de Toulouse et ils ont en commun un certain sens de l'indépendance. A part ça, leurs albums sont de climats assez différents.
Dominique A est de retour avec L'horizon. Pochette sobre pour enregistrement épuré. L'album délaisse les envolées lyriques de son précédent projet pour se recentrer sur ses fondamentaux.
Les 11 chansons de L'horizon sont dominées par la belle voix du chanteur et par les guitares. L'ambiance est sobre et introspective. Certaines chansons, dont une sur l'enfance (Rue des marais), sont même assez déchirantes. L'horizon est une belle étape dans un parcours d'une droiture exemplaire. A l'évidence, le compositeur se méfie des séductions faciles. De là, tout de même, un sentiment de sécheresse mélodique, certes volontaire, mais un peu monotone. A réserver aux jours de mélancolie.
Plus aérien, Art Mengo signe Entre mes guillemets et fait une nouvelle fois la démonstration de son talent àtrousser un refrain et poser en quelques mesures un climat chaleureux. Il retrouve M. Estève, le parolier de la plupart des titres, mais se lance aussi pour la première fois dans l'écriture de textes. Son grain de voix finement rugueux colle aux pulsations jazzy. Un air de valse et quelques notes d'accordéon viennent çàet làéclairer le décor. Même si l'artiste ne renouvelle pas vraiment son univers, il y a quelques petits trésors entre ces guillemets là. (LPJ ? 17 mai 2006)
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