Édition internationale

CERN – Des collisions et un savant fou

Après plusieurs mois d'arrêt, le grand accélérateur de particules du Centre européen de recherches nucléaires (Cern) est de nouveau en marche. Mieux : les premières collisions ont été enregistrées. Si les découvertes scientifiques grâce à ce projet européen semblent illimitées, l'arrestation d'un des physiciens du Cern pour affiliation terroriste soulève de nombreuses inquiétudes

Scientifiques au Centre européen de recherches nucléaires (Cern) dans le centre de contrôle, le 23 novembre 2009 (AFP)

(Rédaction internationale) - Le 10 septembre 2008, le Centre européen de recherches nucléaires (Cern) dévoilait au monde ébahi et inquiet son accélérateur de particules géant : un projet fou à 3,76 milliards d'euros, 27 kilomètres de circuit enfoui à 100 mètres sous terre entre France et Suisse, pour recréer artificiellement les conditions du Big Bang grâce une accélération de particules proche de la vitesse de la lumière. Mais seulement quelques jours après son lancement, c'est la déception : des pannes obligent les scientifiques d'éteindre leur joujou à peine déballé.

Enfin des collisions
Il aura fallu que les chercheurs européens s'arment de 14 mois de patience avant de pouvoir retenter l'expérience. Trois jours seulement après le redémarrage vendredi du Grand collisionneur de hadrons (LHC), les premières collisions de particules ont eu lieu. "C'était la cohue dans la salle de contrôle (...) et tout le monde a explosé quand on a vu les premières collisions!", s'est exclamé Jurgen Schukraft, un porte-parole d'une des expériences rendues possibles par le LHC. "Les traces (générées par les collisions de particules, ndlr) que nous observons sont magnifiques", s'est réjoui Andrei Golutvin, un autre porte-parole du Cern.

Y'a encore du boulot
Le plus gros du travail reste cependant encore à faire. "La suite du programme sera une phase de mise en service intense en vue de l'accroissement de l'intensité des faisceaux et de leur accélération. Si tout va bien, d'ici Noël, le LHC (...) aura déjà fourni une bonne quantité de données de collisions pour l'étalonnage des détecteurs"qui captent les particules, a expliqué dans un communiqué le Centre européen. Les faisceaux de particules devraient bientôt entrer en collision frontale à une vitesse de plus en plus élevée. Ces chocs entre particules devraient faire jaillir des particules élémentaires jamais observées depuis le Big Bang et permettre de comprendre les mystères de la naissance de l'univers. Les scientifiques européens espèrent ainsi grâce au LHC être les premiers à confirmer l'existence de particules éphémères comme le boson de Higgs, inventé par la physique théorique pour expliquer la notion de masse mais encore jamais "vu".

Un islamiste présumé au Cern
Alors que la machine semble bien repartie, les inquiétudes persistent depuis la mise en examen le 12 octobre d'Adlène Hicheur, physicien franco-algérien du Cern soupçonné d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Le scientifique présumé islamiste a avoué qu'il avait des contacts par e-mails avec un correspondant du réseau terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en Algérie. Le savant fou aurait prévu de s'attaquer à plusieurs bâtiments de l'Etat notamment "la caserne de la 27e Brigade d'infanterie de montagne (BIC) et des entreprises françaises", apprend-on de source judiciaire. Les conversations suspectes de l'employé du Cern avaient été détectées grâce à la veille informatique des services spécialisés américains. Si le savant est aujourd'hui derrière les barreaux, on ne peut s'empêcher de penser à ce qui pourrait arriver si le puissant LHC tombait entre de mauvaises mains.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 24 novembre 2009

En savoir plus

Article du Figaro, Le Cern redémarre son accélérateur de particules

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