L’année 2018 a connu une forte augmentation des cas de dengues par rapport à l’année précédente. Un appel à la prévention et au traitement immédiat des malades est lancé.
Le Centre national de contrôle de la malaria (CNM) a observé au cours de l’année 2018 une forte recrudescence de la dengue au Cambodge. Huy Rekkol, directeur du CNM, a exprimé son inquiétude le 4 décembre en indiquant que plus de 15 000 nouveaux cas de dengue avaient été recensés au Cambodge cette année, soit une augmentation d’environ 50% par rapport à l’année dernière. Le nombre de décès a également augmenté, dans une moindre mesure. 16 décès dus à des cas de dengue hémorragique ont été enregistrés, contre 11 l’an passé.
Cette épidémie est d’autant plus alarmante qu’elle touche en grande partie les enfants en bas âge. Ce sont près de 1700 enfants qui ont été hospitalisés dans les hôpitaux pour enfants de Kantha Bopha entre le 21 octobre et le 21 novembre, soit 626 de plus que le mois précédent.
La dengue est une maladie virale transmise à l’homme par les piqûres de moustiques. Son principal vecteur de transmission au Cambodge est le moustique Aedes aegypti. Il s’agit de la maladie émergente vectorielle qui progresse le plus rapidement dans le monde avec près de 50 millions de nouveaux cas par an, dont 500 000 cas de dengue hémorragique qui peut s’avérer mortelle. Il existe quatre types différents de dengue mais aucun traitement spécifique ni vaccin pouvant la prévenir. Le moustique Aedes aegypti est surtout actif en fin de journée avant le coucher de soleil.
Le virus s’implante de plus en plus au Cambodge, notamment dans les provinces de Preah Vihear, Siem Reap, Kandal, Kampong Chhnang et Phnom Penh.
Du fait de l’impossibilité de lutter préventivement contre le virus autrement qu’en se protégeant contre les piqûres de moustiques, l’apparition des premiers symptômes de la dengue doivent alarmer instantanément les proches des potentiels infectés. Le CNM préconise une intervention immédiate, tant que le virus est encore maîtrisable. Les cas les plus graves ont fréquemment lieu quand les familles des individus porteurs du virus ont tardé à les envoyer à l’hôpital pour procéder aux soins nécessaires.
Huy Rekol a notamment soulevé le problème que pose le virus de la dengue chez la femme enceinte. L’infection de la femme enceinte peut perturber la grossesse, allant d’un accouchement prématuré à une mort fœtale in utero, ou dans le cas d’une dengue congénitale être transmise à l’enfant à naître.
La lutte contre le virus passe également par une extermination des larves des moustiques vecteur du virus. Le CNM prépare actuellement 350 tonnes d’insecticides par an, 300 tonnes ont d’ores et déjà été distribuées dans les provinces les plus touchées, surtout dans les zones inondables suites aux importantes crues de la période des moussons.
Cependant, les moustiques présents au Cambodge ont développé une résistance aux insecticides couramment utilisés. Une étude co-signée en mars par l’Institut Pasteur du Cambodge, le CNM, le Malaria Consortium et NAMRU (l’unité de recherche médicale de la marine américaine) et publiée par le Asia Pacific Journal of Public Health. a estimé que le larvicide temephos (souvent connu sous le nom d’Abate au Cambodge) et la deltaméthrine et et la perméthrine, deux insecticides ciblant les moustiques adultes, étaient désormais largement inefficaces au Cambodge. L’enjeu actuel est donc de déterminer quels insecticides sont les plus efficace en procédant à des tests sur les populations résistantes. L’Organisation mondiale de la santé recommande une utilisation diversifiée des insecticides afin de prévenir le développement de telles résistances de la part des larves et des moustiques adultes.