C'est calme... Non pas comme dans les écoles vidées et les chapiteaux de Phare ces dernières années. Calme comme à l'entrée d'un royaume studieux où une dizaine de stylets effleurent discrètement l'écran des tablettes. De temps en temps, le silence est rompu par un débriefing d'équipe ou un appel avec les clients : Oxfam, WaterAid, Unicef, le Ministère de la Santé du Cambodge... Vous êtes à Phare Creative Studio ('PCS'), qui n'a jamais été aussi occupé quand tous ont été considérablement freinés par la pandémie, y compris ses propres organisations sœurs Phare Ponleu Selpak et Phare The Cambodian Circus.
Ici, jusqu'à 7 projets sont mûris simultanément et prennent forme jour après jour : animation, vidéo, graphisme et son, illustration… L'équipe chaperonnée par le directeur artistique français Vincent Buso, transforme les idées en créations puissantes de sensibilisation au service de l'environnement et du progrès social au Cambodge. Après 15 ans d'activité, la vision de PCS ne s'est pas ternie et continue de mettre sur image celle de ses collaborateurs bien établis.
A propos de PCS, Bettina Wangari Maathai, consultante en genre à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). a déclaré :
“Une équipe très professionnelle et créative; fortement recommandée pour les animations vidéo et les illustrations !”
"L'équipe a compris l'objectif et a capturé l'essence que nous voulions pour les vidéos, mais les a également rendues uniques en composant une superbe musique originale. Les designs sont frais et modernes [...] »a ajouté Carolina HERRERA, en charge de la Communication et des Partenariats à la Fondation Grameen Crédit Agricole.
"Le book de Phare Creative Studio des dernières années nous a clairement positionnés comme la maison de production et de médias créatifs incontournable dans le domaine du changement social et comportemental. Le travail que l'équipe a fait est très significatif et je crois qu'il a eu des impacts sociaux positifs sur la population cambodgienne touchée par leurs travaux, et a déclenché un changement d'actions dans leur vie quotidienne. Je ne pourrais pas être plus fier de l'équipe, de son dévouement et de ses relations à long terme avec tous nos partenaires », commente Dara Huot, directeur exécutif de Phare Performing Social Enterprise à travers lequel le studio et le célèbre cirque de Siem Reap opèrent.
Une histoire longue ancrée à Battambang
Situé sur le campus de l’ ONG primée Phare Ponleu Selpak, le studio a construit son nid au cœur même de l'école d'arts visuels en 2007 à Battanbang. À l'époque, il s'appelait '1000 Hands' et servait de centre de formation en animation pour les étudiants, parmi les diverses opportunités de vocation artistique offertes aux jeunes marginalisés. L'idée d'inclure l'animation dans leur programme a été inspirée par la cofondatrice de Phare, Véronique Decrop, une travailleuse humanitaire qui avait rassemblé les dessins réalisés par les enfants du ‘Site 2’- le plus grand camp de réfugiés à la frontière thaïlandaise - en images animées dans les années 1980, pour témoigner de leurs traumatismes de la guerre. Certains de ces enfants ont ensuite co-fondé avec elle l'école d'art aux multiples facettes que nous connaissons aujourd’hui.
Soutenir les jeunes générations d'artistes et de créatifs cambodgiens
Phare Creative Studio a pris le statut officiel d'entreprise sociale en 2016 et redistribue depuis ses bénéfices à l'école à but non lucratif, pour soutenir les jeunes générations d'artistes et de créatifs cambodgiens via un cercle vertueux de développement. Aujourd'hui, le studio compte 12 diplômés en animation qui ont bénéficié de la formation professionnelle de Phare, avec de solides compétences techniques en dessin, conception de décors, conception de personnages, tournage et montage de films.
Une confiance et une ambition mutuelle pour avancer
Pagna Chan est l'un d'entre eux. Malgré son jeune âge, il est impliqué dans l’histoire de Phare depuis déjà 20 ans. « Quand j'ai commencé à travailler au studio, je voulais l'aider à innover. C'est ainsi que j'ai pris plus de responsabilités et que je suis devenu superviseur de projet… Mais je ne me vois toujours pas dans un rôle de «manager» car nous encourageons chacun dans notre équipe à développer ses compétences en leadership et sa pensée créative. Nous sommes un ‘studio de création’, c'est donc ce qu'on attend de nous: tout ce que nous faisons est fait collectivement, avec un esprit très inclusif mais aussi l'envie de progresser sans cesse et de repousser nos propres limites. Cela peut être beaucoup de pression et de va-et-vient jusqu'à la soumission finale d'une œuvre, nous avons besoin de cette confiance mutuelle pour avancer. J'espère que nous pourrons trouver une réelle stabilité financière à l'avenir et continuer à embaucher davantage de diplômés de Phare. »
Table ronde le 20 mars à l’Institut Français de Phnom Penh.
L'avenir de Phare Creative Studio n'est pas encore écrit, mais plein d'espoir. La jeune équipe nourrit une nouvelle ambition de faire des apparitions dans des festivals internationaux en développant un court métrage d'animation signature, si le temps le permet. En attendant, le studio participera à une table ronde ce dimanche 20 mars à l'Institut français de Phnom Penh pour sa coproduction « Le sourire khmer », un film d'animation racontant l'histoire d'un enfant adopté, mêlant souvenirs et onirisme. Ce sera l'occasion d'évoquer les origines du film, sa future diffusion internationale, et de montrer les premières images exclusives. Par ailleurs, l'exposition « Cases Départ » à l'Institut consacrera un espace au « work in progress» du film, à découvrir par tous jusqu'au 21 mai.
Plus de détails sur l'événement ICI et le film ICI.
Vous pouvez également suivre Phare Creative Studio sur facebook!
Morgane Darrasse