Édition internationale

Le journaliste britannique Gerald Flynn interdit de retour au Cambodge

Le journaliste d'investigation Gerald Flynn a été interdit d'entrée au Cambodge. Officiellement, son visa était invalide, mais certains y voient une répression contre ses enquêtes sur l'environnement.

journaliste britannique Gerald Flynnjournaliste britannique Gerald Flynn
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 5 février 2025, mis à jour le 10 février 2025

Un journaliste d’investigation interdit de territoire

Le journaliste britannique Gerald Flynn, spécialisé dans les enquêtes sur l’environnement au Cambodge, s’est vu refuser l’entrée dans le pays le 5 janvier dernier. Lorsqu’il a tenté de rentrer après un séjour à l’étranger, les autorités l’ont informé qu’il figurait sur une liste noire depuis le 25 novembre et qu’il était désormais interdit de territoire de manière permanente.

Selon Flynn, les services d’immigration avaient déjà soulevé un problème concernant ses documents de visa avant son départ, sans préciser la nature exacte de l’irrégularité. « Ils m’ont laissé quitter le pays sans me dire que je ne pourrais plus y revenir », a-t-il déclaré.

 

Un visa contesté, des explications floues

Les autorités cambodgiennes ont avancé plusieurs raisons pour justifier cette interdiction. Le Département général de l’immigration affirme que Flynn aurait demandé un visa en tant qu’électricien, tandis que d’autres sources officielles indiquent qu’il aurait postulé en tant qu’enseignant.

Flynn réfute ces accusations et précise que son visa a été délivré via un agent fiable, utilisé depuis plusieurs années sans problème. « Je suis à peine capable de changer une ampoule sans m’électrocuter, alors prétendre être électricien, c’est absurde », a-t-il ironisé.

Malgré ses demandes, le journaliste n’a obtenu aucune confirmation écrite de son interdiction de séjour. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères n’a pas répondu aux sollicitations des médias, tandis que le ministère de l’Information affirme ne pas avoir d’information officielle sur le sujet.

 

 

journaliste britannique Gerald Flynn

 

 

Un climat difficile pour la liberté de la presse

Selon plusieurs organisations de défense des journalistes, cette interdiction s’inscrit dans un contexte de rétrécissement de la liberté de la presse au Cambodge,.

Nop Vy, directeur exécutif de l’Association des journalistes cambodgiens (CamboJA), estime que cette expulsion « aggrave la situation déjà précaire de la presse dans le pays ».

La Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (LICADHO) a dénoncé une décision arbitraire et exigé que les autorités permettent à Flynn de revenir exercer son métier.

 

Des enquêtes sensibles sur l’environnement

Depuis son arrivée au Cambodge en 2019, Gerald Flynn a collaboré avec plusieurs médias locaux et internationaux, notamment Cambodianess, Voice of Democracy et Mongabay, pour lesquels il a couvert des sujets sensibles comme la déforestation illégale et la gestion des ressources naturelles.

Il a notamment enquêté sur les abus dans les projets de compensation carbone (REDD+) dans les monts Cardamomes, une enquête qui a fait l’objet d’un reportage sur France24. Selon lui, son apparition dans ce documentaire a pu jouer un rôle dans sa mise à l’index par les autorités cambodgiennes.

Ses enquêtes ont souvent été reprises par les médias locaux, atteignant des millions de lecteurs.

 

Appels à la réintégration de Flynn

Plusieurs journalistes et organisations appellent le gouvernement cambodgien à reconsidérer sa décision.

Tat Oudom, journaliste et militant écologiste, souligne que Flynn a révélé des faits cruciaux sur la destruction des forêts protégées du pays et que son travail pourrait être bénéfique au gouvernement lui-même.

LICADHO et d’autres ONG demandent l’annulation immédiate de l’interdiction et rappellent que la liberté d’informer est un droit fondamental, protégé par le droit international.

 

Flynn déterminé à poursuivre son travail

Malgré cette interdiction, Flynn reste déterminé à continuer ses enquêtes sur la région. Il espère que ses collègues cambodgiens pourront poursuivre son travail et continuer à alerter sur les atteintes à l’environnement.

« Ce sont des moments difficiles pour la presse au Cambodge, mais il y a encore de nombreux journalistes courageux et compétents qui ne reculeront pas devant la vérité », conclut-il.

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