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Les femmes au cœur en cime de pin du Cambodge

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Écrit par Pascal Médeville
Publié le 21 avril 2022, mis à jour le 22 avril 2022

La cime du pin évoque chez les Cambodgiens une image très particulière. Dans ce billet, nous nous proposons de la découvrir et de faire en même temps connaissance avec la seule espèce de pin endémique au Cambodge.

 

Une seule espece de pin au Cambodge

 

Dans son Dictionnaire des plantes utilisées au Cambodge, Madame Paulin Dy Phon ne recense au Cambodge qu’une seule espèce du genre Pinus : Pinus merkusii, en khmer « srâl » (ស្រល់), qu’elle appelle « pin du Tonkin », connu aussi, selon Wikipedia, sous le nom de « pin de Sumatra ».

 

A propos des usages faits de cette espèce, Madame Dy Phon explique que c’est un « bois très recherché pour les constructions locales de chalets de plaisance, pour l’aménagement des wagons de chemin de fer et des bateaux. On l’emploie parfois en ébénisterie, menuiserie et huisserie. La résine s’utilise surtout pour faire des torches. En pharmacopée, la décoction de la résine desséchée est utilisée pour soigner diverses maladies : furonculose, abcès, mauvaise circulation du sang. » (op. cit., p. 500)

 

Au Cambodge, les pins de Kirirom, grosse colline de la chaîne des Cardamomes et site d’une ancienne villégiature royale située dans la province de Kampong Speu, au sud-est de Phnom Penh, où cette espèce est abondante, sont célèbres. On en trouve également dans la province de Mondolkiri, dans le nord-est du pays. Ils poussent aussi, dans une moindre mesure, sur le mont Bokor, dans la province de Kampot (sud du Cambodge). Le pin du Tonkin n’aime cependant pas le climat plus chaud des plaines cambodgiennes.

 

Sous le vent, le pin se balance

 

La cime du pin du Tonkin (ចុងស្រល់ [chong srâl]) a la particularité de se balancer avec le vent : elle se penche d’un côté ou de l’autre selon la direction dans laquelle il souffle. Ce balancement incessant, cette inaptitude à rester droit, est regardé par les Khmers comme une marque d’inconstance, aussi, d’une femme infidèle ou volage, on dit que c’est une « femme au cœur en cime de pin » (ស្រី​ចិត្ត​ចុងស្រល់ [srei chèt chong srâl]).

 

Cette métaphore est reprise dans la poésie cambodgienne : dans une chanson assez connue, interprétée par Sin Sisamouth (1932-1976, le plus grand chanteur de variété cambodgien de tous les temps), simplement intitulée « La cime du pin », un amant éconduit se plaint de l’inconstance de sa bien-aimée ; dans une autre chanson, « La femme au cœur en cime de pin », chantée par un autre chanteur célèbre, Keo Sarath (1956-1991), un jeune homme de la campagne a le cœur brisé parce que son aimée, allée à la ville, s’est laissée enivrer par la richesse et a oublié qu’elle lui devait fidélité.

 

Ci-dessous, la chanson interprétée par Keo Sarath, sur Youtube :

 

Article précédemment paru du Tela Botanica

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