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Les dramaturges cambodgiens à l'honneur à l’institut français

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Jean-Baptiste Phou dans "l'Anarchiste". Photo fournie
Écrit par Virginie Vallée
Publié le 15 janvier 2020, mis à jour le 15 janvier 2020

Textes lus, pièces jouées ou retransmission, du 23 au 25 janvier le théâtre sous toutes ses formes prend ses quartiers à l’institut français du Cambodge.

L’idée est née pour le comédien, dramaturge et metteur en scène Jean-Baptiste Phou d’organiser un festival de théâtre sur trois jours après avoir assisté aux trois journées consacrées à la danse l’an passé à l’Institut français du Cambodge. En tant que directeur artistique du projet, il a organisé chacune des soirées selon le même schéma : une lecture suivie d’une pièce. Si la première représentation est jouée en français, les suivantes seront en cambodgien et sous-titrées en français.

La programmation s’ouvre le 23 janvier avec un texte de Soth Polin, Communiquer, disent-ils. Dans ce monologue mis en scène par Eric Ellul, Alex Pen joue toutes les voix. Une collègue de travail interpelle le personnage principal, lui faisant la remarque qu’il ne sait pas communiquer, et profite d’une sortie d’entreprise à Kep pour lui apprendre. Fortement inspiré par la philosophie, l’auteur interroge à sa manière sur l’utilité de la communication. Une projection de L’Anarchiste suivra. Du même auteur, il s’agit initialement d’un roman politico-historique composé en deux parties écrites à douze ans d’intervalle mêlant l’autobiographie et la fiction. L’adaptation et l’interprétation du roman en pièce sont l’œuvre de Jean-Baptiste Phou.

Le 24 janvier sera présentée une lecture théâtrale de Ordonne-moi d’exister, de Soth Polin. Un homme perd son travail et se retrouve chez lui à ne plus rien faire jusqu’à ce que son épouse prenne les choses en main et lui ordonne de participer aux tâches domestiques comme faire les courses, nettoyer l’appartement. À la fois pathétique et drôle, la pièce témoigne des relations de couple dans les années 60 au Cambodge. La lecture sera suivie d’une pièce de Lim Phanna. La jeune auteure cambodgienne de Bonne Fortune a transformé sa nouvelle en pièce lors d’un atelier d’écriture organisé par Cambodia Living Art l’année dernière. Sur un ton assez léger elle pose des questions pertinentes sur la société cambodgienne, comme la place des superstitions et des croyances, les relations de couple, les tromperies, les traditions et le libre arbitre. « Pour moi le défi était de jouer dans la pièce en cambodgien », s’amuse Jean-Baptiste. Pour cette pièce il sera accompagné de Nem Phearith et de Chenda Pumtheara.

 

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Chenda Pumtheara dans Bonne Fortune. Photo fournie

 

Une lecture de la pièce de So Phina Courrier du cœur par la même équipe que la veille aura lieu le 25 janvier. La poétesse, qui travaille pour l’ONG Cambodia Living Arts, est aussi à la tête d’un festival de littérature au Cambodge et d’une maison d’édition. Sa pièce raconte la société cambodgienne d’aujourd’hui à travers l'histoire d’une jeune femme qui a le béguin pour un collègue de travail et souhaite lui faire savoir. La société et ses parents n’accueillent pas d’un bon œil le fait qu’elle fasse le premier pas mais elle s’obstine et utilise la musique pour faire passer son message. « Toutes les musiques présentées dans cette œuvre sont des classiques des années 60 que tout le monde connaît », précise le comédien. La place de la femme dans la société cambodgienne contemporaine est à l’honneur dans cette pièce. La lecture sera suivie de la pièce Bonne Fortune en khmer, sous-titrée en anglais.

La programmation présente de jeunes auteures cambodgiennes mais l’œuvre de Soth Polin est très présente pendant ces trois jours. L’artiste voulait rendre hommage à cette figure de la littérature cambodgienne qui ne laisse pas indifférent le spectateur : « Je trouve toujours étonnant qu’une personne ayant autant écrit dans les années 60-70 soit totalement inconnue aujourd’hui. À l’époque, son œuvre se vendait sous le manteau. Soth Polin est un auteur, philosophe et journaliste controversé. Ses positions assez tranchées anti-monarchistes et anti-communistes ainsi que ses écrits personnels ou littéraires plutôt crus lui ont valu la censure et la haine d'une partie de ses contemporains. Aujourd’hui il est resté une icône pour certains, toujours détesté par d’autres mais malheureusement la grande majorité des Cambodgiens ne le connaît plus. »

Représentations dans la salle de cinéma de l’IFC les 23, 24 et 25 janvier à l’institut français du Cambodge à partir de 19h00. Entrée gratuite.

 

 

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virginievallee
Publié le 15 janvier 2020, mis à jour le 15 janvier 2020

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