

A la suite de sa septième mission dans le royaume, la rapporteure spéciale des Nations unies pour les droits de l’homme au Cambodge a présenté ses conclusions à la presse hier.
Rhona Smith tire un bilan mitigé de l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Cambodge. Ces onze derniers jours, la rapporteure spéciale des Nations unies a rencontré de nombreux représentants du gouvernement, dont le ministre de l’Intérieur Sar Kheng, et des activistes en lien avec les droits du sol, de la liberté d’expression ou de réunion. Elle a profité de cette prise de parole pour souligner « le développement rapide » du Cambodge, « seulement deux décennies après son passé tragique » et voit d’un bon oeil certaines réformes législatives lancées par le gouvernement, comme celles sur les syndicats, tout comme l’amélioration du dialogue entre associations, ONG et autorités.
En revanche, la rapporteure spéciale des Nations unies note « peu d’avancées notables en matière de droits politiques ». Sa septième mission au Cambodge a une nouvelle fois été l’occasion d’appeler à la libération de Kem Sokha, l’ancien président du principal parti d’opposition, dissous en novembre 2017. Sa demande pour le rencontrer lui a d’ailleurs été refusée pour la deuxième fois consécutive. En attente de jugement, ce-dernier est toujours en détention à son domicile, « sans accès à des soins de santé » déplore la rapporteure spéciale.
Rhona Smith s’est dite « toujours préoccupée par les pressions subies par d’anciens membres du Parti national du sauvetage cambodgien (CNRP) ». Elle souligne les six condamnations prononcées par la justice cambodgienne à l’encontre d’anciens membres du parti lors de ces six derniers mois et rappelle que 25 ex-membres du PNSC ont été convoqués par la police la semaine dernière, dans la région de Battambang, pour leur simple appartenance à l’ancienne opposition. Le séjour cambodgien de Rhona Smith a également été rythmé par les journées internationales des travailleurs, le 1er mai, et pour la liberté de la presse, le 3 mai. L’occasion pour la Britannique de revenir sur les atteintes à la liberté de rassemblement et d’expression au Cambodge, qui, selon elle, sont « intimement liées et doivent être défendues ». Lors des manifestations du 1er mai, les différents cortèges ont en effet eu l’interdiction de défiler dans les rues et un important dispositif de sécurité avait été déployé. La rapporteure spéciale a rappelé que « toutes les personnes ont le droit de se rassembler et de s’associer de manière pacifique » et que « toute restriction à ce droit doit être d’une absolue nécessité ». Elle appelle ainsi le gouvernement a « éviter l’usage excessif de la force lors de rassemblements ».
Sur le front de la liberté d’expression, Rhona Smith a insisté sur l’importance de garantir la liberté de parole sur les réseaux sociaux, toujours plus utilisés. « Je suis inquiète du nombre d’arrestations qui ont eu lieu en lien avec Facebook » a-t-elle précisé. Elle s’est également dite préoccupée par la « réticence générale à s’exprimer, de peur d’être surveillé ou arrêté ».
La rapporteure spéciale a terminé son allocution à la presse en insistant sur le « besoin de changer de culture politique pour une culture davantage basée sur les problèmes que sur les personnes », regrettant que la protection des droits de l’homme soit encore « conditionnée à l’appartenance, ou non, à l'opposition politique ».
