Édition internationale

KHMERS ROUGES - Cinq livres pour mieux comprendre

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

 

Le procès des Khmers Rouges se poursuit avec le cas 002. Du 27 au 30 juin, les quatre plus hauts dignitaires du Kampuchea Démocratique comparaissent devant les Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC). Pour mieux comprendre ce régime qui a causé la mort de plus de 1,7 millions de Khmers entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979, le Petit Journal au Cambodge vous a déniché cinq ouvrages originaux à ne pas manquer. Une petite bibliographie sélective qui sort des sentiers battus des classiques Ben Kiernan, David Chandler et autres Michael Vickery

 


ESSAI
Le procès des Khmers rouges, de Francis Deron, Gallimard, 2009

Journaliste à l'AFP puis au Monde, Francis Deron (mort en 2009) a publié la somme de trente années d'enquête avec Le Procès des Khmers rouges. Composé de quatre parties, son ouvrage soulève des problématiques essentielles liées au génocide khmer : les rouages de la machine à tuer, le rôle des acteurs internationaux, le parcours et les motivations des dirigeants, la nécessité d'un procès équitable. Critique et engagé, Deron a suscité la polémique, notamment sur le rôle du Vietnam ou les relations entre la France et le Cambodge à l'époque. Son livre est un essai documenté facile d'accès sur le génocide khmer.




ROMAN

Le Ch?ur des enfants Khmers, de Loïc Barrière, Seuil, 2008

Roman construit à partir d'un récit autobiographique ? celui de Rotha, ami khmer de l'écrivain Loïc Barrière ? Le Ch?ur des enfants khmers ne cherche pas tant à revenir en détail sur le génocide qu'à en montrer les conséquences, trente ans plus tard, sur une génération qui n'a pourtant pas forcément vécu en direct cette tragédie. A travers le récit du retour au pays de trois jeunes Khmers (dont deux ont grandi en France), Loïc Barrière soulève une question absolument inhérente à l'histoire du Cambodge : celle des déracinés, les jeunes Khmers élevés à l'étranger, devenus des barangs (les étrangers), et bien souvent tiraillés entre le désir de découvrir leur histoire familiale, aussi sanglante soit-elle, et la volonté de respecter le silence pudique et irrévocable de leurs parents.


PHOTO
Témoin S-21 : face au génocide des Cambodgiens, de Dominique Mérignard, éd. Le Bec en l'air, 2009

Dans les années 90, Dominique Mérignard s'est rendu au Cambodge. Visitant le camp de mort S-21, « laissé à l'état de musée », il se sent « un devoir de mémoire ». Et prend alors l'initiative de photographier, comme un simple témoin et donc sans chercher d'effet sensationnel, ce qu'il voit et ceux qu'il croise. Ce sont parfois des images glaçantes : les lieux laissées à l'abandon, les barbelés, les murs où sont apposées les photos de condamnés. Mais ce sont aussi des images de vie, des enfants, ou des adultes qui malgré la douleur éprouvée, tentent d'aller de l'avant. Un recueil de photos d'autant plus important si l'on estime que la photographie est un moyen de dire l'indicible.


MANGA


Enfant Soldat, d'Akira Fukaya, Delcourt, 2009

S'appuyant sur l'histoire vraie d'Aki Ra, qu'il a rencontré, le mangaka Akira Fukaya retrace l'histoire d'un enfant-soldat sous le régime de Pol Pot. Orphelin à 5 ans, Aki Ra doit suivre les Khmers Rouges. Il est alors chargé de poser des mines antipersonnelles. L'adolescent va ensuite rallier les Vietnamiens puis les opposants khmers au Kampuchea Démocratique  jusqu'à la fin de la guerre. Fondateur du Musée de la mine, Aki Ra consacrera sa vie à déminer son pays et à aider les enfants orphelins de la guerre. Une trajectoire personnelle qui en dit long sur la violence et la fatalité de l'époque.



DOCUMENTS
Le Petit Livre rouge, de Pol Pot ou les Paroles de l'Angkar d'Henri Locard

L'ouvrage d'Henri Locard recense 343 slogans en français et en khmers de Pol Pot et de l'Angkar (l'autorité suprême sous les Khmers Rouges). Il apporte un éclairage unique sur les grands axes de la pensée du régime des Khmers rouges : l'ennemi omniprésent, le travail agricole rédempteur, la rizière comme matrice de l'homme nouveau? Parcourir cette compilation permet de comprendre la logique d'un régime génocidaire : «Si quelqu'un se plaint d'avoir faim, on l'amènera là où on le gavera de nourriture» ou « Qui proteste est un ennemi, qui s'oppose est un cadavre ». Glaçant.

 

N.B. : Cette bibliographie n'est bien sûr pas exhaustive. Elle vise au contraire à mettre en avant cinq ouvrages, peut-être moins connus ou évidents que d'autres ouvrages essentiels, et notamment :
- Rithy Panh, La Machine Khmère rouge, réédité en 2009 chez Flammarion
- François Bizot, Le Portail, Folio Gallimard
- Ong Thong Hoeung, J'ai cru au Khmers rouges, Buchet Chastel
- Laurence Picq, Au-delà du ciel, Cinq ans chez les Khmers rouges, Barrault (le massacre vécu de l'intérieur par une occidentale).

Céline Ngi (www.lepetitjournal.com) Mercredi 29 juin 2011

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Publié le 29 juin 2011, mis à jour le 8 février 2018
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