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Football - Honda à la tête du Cambodge, entre attentes et certitudes

Keisuke Honda-Sélectionneur Cambodge-Football-Cambodge-Phnom Penh-StarKeisuke Honda-Sélectionneur Cambodge-Football-Cambodge-Phnom Penh-Star
Présentation dimanche dernier de Keisuke Honda à l'hôtel Raffles de Phnom Penh
Écrit par Thibault Bourru
Publié le 15 août 2018, mis à jour le 15 août 2018

L’ex-international japonais Keisuke Honda a été nommé dimanche dernier sélectionneur du Cambodge. Une excellente nouvelle pour le football cambodgien, mais une lourde tâche néanmoins pour l’ancien milieu du Milan AC qui vient également de signer joueur pour le Melbourne Victory en Australie.

Au royaume des Honda Dream, Keisuke ne doit pas se contenter de vendre du rêve au peuple cambodgien. Il faut faire passer la seconde à la sélection nationale. Jamais dans son histoire le Cambodge n’a connu sélectionneur d’un tel calibre. À 32 ans Keisuke Honda a joué 528 matchs en professionnel. Il vient de clore sa carrière internationale après l’élimination du Japon en huitième de finale de la coupe du monde en Russie, face à la Belgique. Le gaucher totalise 37 buts en 98 sélections, il est d’ailleurs le seul joueur asiatique à avoir marqué et délivré une passe décisive dans trois coupes du monde consécutives (2010, 2014, 2018.) Thierry Chantha Bin, joueur de l’équipe nationale, a été merveilleusement surpris dimanche en apprenant la nouvelle. « Je n’aurais jamais pu penser qu’il soit sélectionneur du Cambodge, c’est une de mes idoles. Je le suis précisément depuis 2010 et sa coupe du monde en Afrique du Sud. J’ai joué deux fois contre lui, c’est du très haut niveau. Il va apporter la rigueur japonaise dans le travail. Ils sont très minutieux sur les détails, cela sera nouveau pour nous. » 

Keisuke Honda, Japon
Keisuke Honda à la coupe du monde 2018 en Russie

Une implication nécessaire

L’expérience du plus haut niveau il l’a déjà. Honda a participé à 23 matches de coupe d’Europe dont 11 en Ligue des Champions, la compétition de clubs la plus prestigieuse du monde. Dimanche dernier, lors de sa présentation à l’hôtel Raffles de Phnom Penh, il a assuré vouloir « inculquer un nouveau jeu de possession de balle à la sélection. » Une valeur guardiolesque. À son image, un milieu de terrain très technique et porté vers l’avant. « J’apprécie son style de jeu, il a une très bonne frappe de balle notamment sur coup de pied arrêté. Il se déplace très intelligemment et en impose par sa présence physique », ajoute le numéro 23 cambodgien. Mais cela n’est pas une mince affaire. Le travail du sélectionneur diffère totalement de celui de l’entraîneur. En effet la fréquence des exercices, des leçons tactiques, et des entraînements est bien moindre en raison du peu de rendez-vous internationaux. L’implication sur place, dans le pays où le sélectionneur opère, est essentielle. 

Keisuke Honda est en fait déjà présent dans le domaine du football au royaume depuis deux ans. Il a lancé la Sotila-Familia Soccer School Cambodia à Phnom Penh, un centre éducatif pour des enfants âgés de 7 à 15 ans. Une  école de football. Les éducateurs dispensent des entraînements dans le quartier de Tuol Tom Poung, et plus récemment au 4ème étage d’AEON Mall 2 à Phnom Penh.

Soltilo Familia
Entraînement de la Soltilo-Familia Soccer School Cambodia dans le quartier de Tuol Tom Poung à Phnom Penh

L’ancien maestro du CSKA Moscou vient de signer un contrat de joueur au Melbourne Victory, le club phare de la Hyundai A-League. Celle-ci débute le 19 octobre prochain, ce qui peut lui laisser jusque-là du temps pour s’exprimer au Cambodge. Mais cette double casquette ne fait pas l’unanimité. Certains doutent de son implication au royaume. Pour cause, même si le championnat australien n’est pas le plus exigent du monde, il faut se préparer efficacement tout en étant idéalement sur place. Le président de la Fédération cambodgienne de football Sao Sokha a assuré que lors des périodes creuses de la sélection, « le sélectionneur organisera des vidéoconférences hebdomadaires avec l’équipe et ses adjoints ». Sans cacher son excitation, Thierry Chantha Bin, lui, attend de voir. « Il est encore joueur et n’a jamais entraîné, c’est clair que ce ne sera pas facile. Nous verrons comment sera organisé le premier rassemblement, mais j’ai vraiment hâte de rejoindre l’équipe pour démarrer l’aventure. »


L’AFF Suzuki et les SEA Games en ligne de mire

Après deux matches amicaux en septembre et octobre prochain, le Cambodge entrera en lice pour la 12ème édition de l'AFF Suzuki au mois de novembre, une sorte de ligue des nations d’Asie du Sud-Est. Les deux premières équipes des deux groupes de qualification se retrouvent pour les demi-finales début décembre, avant une finale aller-retour les 11 et 15 décembre prochain. Cette compétition arrive très vite et sera un test grandeur nature pour Honda et son staff. À l’image de Brunei, du Laos, et du Timor oriental, le Cambodge n’est jamais parvenu à se hisser en demi-finale. Un défi de taille pour la star japonaise qui devrait vraisemblablement être présent avec la sélection pour la phase de groupe au mois de novembre. 

AFF Suzuki 2018
Groupe du Cambodge pour l'AFF Suzuki 2018

« Nous sommes concentré sur l’AFF Suzuki, et les SEA Games (Jeux d'Asie du Sud-Est) aux Philippines à la fin de l’année prochaine, mais également sur ceux de 2023 organisés au Cambodge. » Sao Sokha a dressé dimanche les priorités de la sélection à court et moyen terme. Keisuke Honda, qui s’inscrit donc en tête de proue de cet ambitieux projet, jouit d’une légitimité certaine dans le domaine du football au Cambodge. L’occasion est trop belle pour être vendangée. Il sera écouté et pour sûr étudié par les personnes qu’il côtoiera. Reste à espérer qu’il ait la motivation nécessaire pour faire passer un cap à ce pays fou amoureux de football.

Thibault Bourru
Publié le 15 août 2018, mis à jour le 15 août 2018

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