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DOSSIER RIZ - Le riz du Royaume comme tremplin pour le développement

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 2 novembre 2011, mis à jour le 8 février 2018


Le Cambodge est aujourd'hui parmi les premiers producteurs de riz au monde. Il reste néanmoins coincé entre ses deux voisins, dont la puissance financière et la renommée internationale de la production est bien supérieure.  Le potentiel du Royaume est cependant énorme : le gouvernement a décidé depuis peu de l'encourager.

Le 24 octobre dernier, le Ministère de l'Economie et des Finances annonçait une réduction de 1% des taxes sur la production de riz, dans le but d'encourager la production mais également l'exportation. Le Premier ministre Hun Sen a récemment annoncé que l'objectif était d'exporter 1 million de tonnes de riz à l'horizon 2015. Cet objectif est ambitieux : en 2010, l'exportation de riz n'atteignait que 50.000 tonnes par an. En 2011, la prévision monte à 100 000 tonnes.

Du paddy déchargé dans une usine de la province de Battambang. (Crédit photo : Laure Delacloche)

Le Premier ministre compte également maintenir l'interdiction de l'exportation de paddy (la matière première récoltée par les paysans et devant être usinée afin de devenir propre à la consommation). A l'origine de cette int-erdiction, il y a un amer constat : la fuite illégale de paddy vers les pays voisins. De plus, ces sorties sont dommageables pour le Cambodge à plusieurs titres : elles n'encouragent pas le développement de rizeries (dans lesquelles le riz est usiné), elle mènent à des pratiques néfastes pour le cultivateur et elle induit une perte des produits dérivés. En effet, tous les déchets d'usinage du riz peuvent être revendus : ils constituent un engrais efficace et un fourrage apprécié par les cochons, par exemple.

Les déchets d'usinage du riz peuvent être récupérés et utilisés comme engrais ou comme fourrage. (crédit photo : Laure Delacloche)

L'objectif du gouvernement semble donc être de faire de la culture du riz l'un des fleurons de l'économie du Royaume. Il faut préciser que depuis quelques années, le riz est devenu un secteur très lucratif. Cette prise de conscience a été renforcée par la crise alimentaire de 2008, lorsque les prix du riz ont flambé sur le marché international. Avec un rendement de 4 à 5 tonnes à l'hectare, le Cambodge est à la traîne par rapport à ses voisins : la moyenne générale en Asie se situe autour de 7 à 8 tonnes. Cette différence de rendement est symptomatique de difficultés particulières. Les infrastructures industrielles manquent : le Royaume est aujourd'hui dans l'incapacité d'usiner la totalité du paddy récolté. A cela s'ajoute la vitesse de péremption rapide du paddy. Le Cambodge aurait sans doute intérêt à encadrer les sorties de paddy du pays afin de permettre aux producteurs d'écouler leur production de manière légale, mais également afin de limiter les pertes d'une denrée si sensible. Le Royaume a en effet la chance d'être excédentaire mais n'a pas trouvé sa place sur le marché international, entre la Thaïlande et le Vietnam. Ces deux pays et en particulier la Thaïlande se sont positionnés en tant que fournisseur de produits finis (riz blanc). La Thaïlande est même en situation de monopole sur le marché de niche que représente le riz de haute qualité, alors que ce riz est fréquemment produit dans les rizières du Royaume. Le riz cambodgien est déjà présent sur le marché international, mais clandestinement : il est souvent labellisé thaïlandais. Le Cambodge se heurte donc à la fois à un problème d'infrastructure mais également à un problème d'image.

L'allégement de taxe décidée par le gouvernement incitera t-il les industriels à investir pour pallier le manque d'infrastructures ? Ici, des machines de séchage. (Crédit photo : Laure Delacloche)

Cependant, cette image est bel et bien en train de changer. Le secteur connaît une attractivité renouvelée depuis 2 ans et les négociants internationaux multiplient leurs incursions dans le pays. Aujourd'hui, les paysans khmers ne profitent pas de ce changement : ce sont les hommes d'affaires et les négociants de la région qui viennent chercher le paddy au Cambodge et qui en assurent le transport qui en récoltent les fruits.
Pour changer cette situation, la solution est certainement celle de l'organisation du marché. Aujourd'hui, l'encadrement étatique du processus de production est faible. Il est impossible d'obtenir le volume précis de paddy produits dans les rizières cambodgiennes et le volume qui sort de pays illégalement. Lors du Forum du Riz, le premier du genre, qui a eu lieu à Phnom Penh mi-octobre, les producteurs ont lancé l'idée d'un rassemblement. Une telle initiative changerait peut-être l'image d'un marché désorganisé, permissif et non informé.

Laure Delacloche (www.lepetitjournal.com/cambodge) Jeudi 3 novembre 2011

Lire une chronique de Laure De Charette de l'édition de Singapour : Dans l'Asie inondée, le riz se transforme en or blanc

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Publié le 2 novembre 2011, mis à jour le 8 février 2018

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