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Tilla Rudel, nouvelle directrice de l'Institut français de Timișoara

Tilla Rudel nouvelle directrice de l'institut français de Timișoara roumanie cultureTilla Rudel nouvelle directrice de l'institut français de Timișoara roumanie culture
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 21 septembre 2020, mis à jour le 21 septembre 2020

Cette semaine notre rédaction est allée du côté de Timișoara, une ville que nous affectionnons tout particulièrement, pour vous présenter la nouvelle directrice de l'Institut français de Timișoara, Madame Tilla Rudel, qui est aussi une grande amoureuse de la culture.

 

Grégory Rateau: Vous venez de reprendre la direction de l'Institut français de Timișoara. Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Avant de parler de moi, je souhaite saluer le travail de mon prédécesseur Cyrille Fierobe qui, pendant quatre ans, a fait vivre cet institut et a su lui insuffler, en étroite collaboration avec son équipe, une magnifique énergie et un dynamisme exemplaire. Il part en Argentine diriger l’Alliance Française de Córdoba et je lui souhaite bon vent.

La direction de l’Institut Français de Timișoara est mon deuxième poste dans le réseau culturel français à l’étranger. J’ai été attachée Culturelle et directrice adjointe de l’Institut français d’Israël à Tel Aviv de 2014 à 2019, où j’ai eu la chance de vivre en 2018 cette extraordinaire expérience qu’est une saison croisée, comme vous venez de la vivre en Roumanie et en France en 2019… Si l’on remonte plus loin dans mon curriculum vitae, on y trouve une longue expérience dans différentes maisons d’édition, plus de 10 ans aux Editions Belfond, aux Editions du Chêne et au Mercure de France. J’ai ensuite élargi mon champs d’action en créant une agence de communication et de relations publiques dans tous les domaines de la culture: les livres et le débat d’idées, les arts visuels, le cinéma et le spectacle vivant. Cela m’a amené à participer à la création du Marathon des mots de Toulouse, un festival de lectures de textes de littérature par des comédiens, fondé par Olivier Poivre d’Arvor et Olivier Gluzman en 2005. Pendant ces années, j’ai également consacré du temps à l’écriture et j’ai publié deux livres : Walter Benjamin, l’ange assassiné aux Editions Place des Victoires, une biographie illustrée de photos d’archives, du philosophe allemand Walter Benjamin, et Jérusalem, Histoire, Promenades, Anthologie et Dictionnaire, une monographie de  la ville de Jérusalem dans la collection des villes chez Bouquins/Robert Laffont. C’est un ouvrage collectif que j’ai dirigé et écrit avec des écrivains et des historiens spécialistes de cette ville millénaire sacrée pour les trois religions monothéistes. Pour terminer cette présentation et sur une note plus personnelle, j’ai l’impression, en venant en Roumanie, de faire un voyage aux sources familiales, car ma grand-mère maternelle, aujourd’hui disparue, est née en 1902 dans le village de Huedin en Transylvanie. Mais aussi et surtout de découvrir un nouveau pays dont les aspects culturels me surprennent et m’enchantent à chaque instant!

 

Justement, quelles sont vos premières impressions de cette ville, future capitale européenne en 2023?

Ma première impression est liée avant tout à la beauté architecturale de la ville que je découvre au fur et à mesure de mes promenades, et de mes trajets pédestres quotidiens! La marche à pied est mon mode de locomotion préféré et même à Paris je marchais jusqu’à 10Km par jour, ce que je ne suis pas loin de faire ici aussi! J’ai la chance d’habiter dans un très joli quartier de maisons anciennes, pour la plupart rénovées avec beaucoup de goût, pas très loin de l’institut que je rejoins chaque jour en longeant les berges de la rivière Bega, qui traverse La ville. Ces berges aménagées pour les piétons, les promeneurs, les cyclistes et les pêcheurs, sont un instantané de la vie de la ville à chaque moment de la journée. C’est une petite ville donc et très rapidement on commence à croiser des connaissances dans la rue, signe que l’on est déjà presque intégrée! C’est surtout une ville dont les habitants sont très accueillants et j’ai pu rencontrer un très grand nombre de partenaires culturels et institutionnels dès les premiers jours de mon arrivée! C’est l’occasion de saluer ici toutes les entreprises partenaires qui nous soutiennent fidèlement. J’avais à peine déballé mes cartons que j’allais déjà à un concert, un vernissage, une librairie ou à l’inauguration d’un nouveau lieu culturel branché!  C’est aussi une ville très verte où l’on trouve un parc à chaque coin de rue, à commencer par le magnifique parc de l’institut où nous organisons de plus en plus d’activités afin de respecter les règles sanitaires. La perspective de travailler avec les équipes de la ville sur la préparation de Timișoara 2023 est une chance merveilleuse que m’offre ce poste et je compte m’y investir pleinement.

 

Connaissiez-vous la Roumanie? Aviez-vous des a priori sur la Roumanie avant de venir?

Je connaissais la Roumanie du siècle dernier! J’avais visité une partie du pays en 1984 lors d’un road trip en Europe centrale et orientale comme jeune mariée, en Renault 5, sans itinéraire établi à l’avance sauf le projet de visiter Budapest, ville natale de mon grand père et la Transylvanie d’où venait ma grand-mère. J’avais visité la région des monastères de Bucovine dont je garde un merveilleux souvenir ainsi que Cluj, Huedin puis Bucarest et les bords de la mer Noire. Le pays a beaucoup changé depuis et je suis ravie d’avoir l’occasion de redécouvrir les régions que j’avais visitées à l’époque et d’en découvrir de nouvelles. Je n’ai jamais d’à priori sur les pays que je visite et encore moins sur ceux dans lesquels je vais vivre un certain temps! Je crois beaucoup à l’expérience vécue, aux personnes rencontrées qui façonnent votre regard et pour l’instant, les quelques jours vécus à Timișoara, ne font que renforcer cette première impression très positive qui m’imprègne.

 

Des endroits que vous préférez déjà pour nous les faire découvrir ?

Je viens d’arriver donc je crains de passer à côté de lieux que je n’ai pas encore eu le temps de découvrir! Mais quelques lieux que je connais déjà :

- Le parc de l’institut français où nous avons organisé le week-end denier le Festival « La maison des Lutins ». Programme : http://bit.ly/ProgramCasutaPiticilor2020

- Le Nouveau Centre culturel « Faber », une ancienne usine au bord de la Bega, réhabilitée et transformée en lieu hybride par un groupe d’architectes. Il comprend une salle polyvalente d’expositions ou de spectacle, un café, un espace de coworking et une immense cour où ont lieu les concerts en extérieur. Nous sommes partenaires de Faber et nous y organisons les projections du prochain festival de films français du 1er au 4 octobre. Programme : http://bit.ly/FFF2020Timisoara

- Le musée du consumérisme communiste, un lieu étonnant où a été recréé au sous sol un appartement meublé uniquement d’objets de l’ère communiste... on s’y croirait réellement! Les propriétaires vous invitent à découvrir cet univers et à fouiller dans de vieilles boites de photos et cartes postales de l’époque, avant la révolution de 1989. Lorsqu’on remonte dans le jardin, sous une tonnelle de vigne, on peut déguster un café glacé et discuter avec Cristina, l’hôtesse des lieux, qui nous raconte qu’elle prend des cours de français à l’Institut et est impatiente de les reprendre malgré le Covid...

- La semaine passée j’ai découvert l’immense marché aux puces de la ville, Flavia Market, à la fois brocante et une gigantesque friperie à ciel ouvert.

- Il y a encore beaucoup d’endroits que je vais découvrir dans les jours qui viennent comme les fondations d’art contemporain  Art encounters, Triade et Kunsthalle Bega... Les universités et les musées ... Plus généralement, je souhaite dire mon admiration  pour la culture roumaine et mon intérêt pour ces créateurs d’aujourd’hui... et je suis sûre que la ville me réserve encore beaucoup de belles surprises...

 

Comment vos équipes se sont-elles adaptées aux différentes mesures sanitaires?

Comme tout le monde, nous nous sommes équipés de masques et de gel, ainsi que de produits pour désinfecter les surfaces. L’institut était fermé jusqu’à présent et seule l’équipe était présente en alternant télétravail et présentiel. Nous sommes en train de préparer la rentrée des cours qui seront pour l’instant en ligne et nous nous adapterons au fur et à mesure des réglementations sanitaires propres à la ville de Timisoara. L’équipe a été très dévouée et n’a pas ménagé ses efforts pour perpétuer l’activité de la médiathèque en instaurant un système de prêt de livres en « drive in » et elle se prépare aujourd’hui à reprendre des activités en présentiel si la situation le permet.

 

Des projets à présenter pour cette rentrée?

En lien étroit avec Hélène Roos, conseillère culturelle et directrice de l’Institut français de Roumanie et son équipe, nous sommes en train de travailler sur notre programmation de l’automne 2020. Mon action s’inscrira évidemment dans une perspective ambitieuse, celle de la relation de grande qualité, amitié et proximité entre la France et la Roumanie, mais également au sein de l’Union européenne.

Nous aurons le Festival du Film Français, événement phare de la rentrée pour l’Institut français de Roumanie, qui aura lieu dans 11 villes du pays du 23 septembre au 4 octobre. Le thème de cette année, « Le film français au féminin » a pour but de mettre en avant les réalisatrices et actrices françaises, les débutantes tout comme les figures marquantes contemporaines. À Timisoara, nous présenterons une sélection de six films, en plein air, dans la cour du centre culturel Faber. Le mois de novembre sera numérique pour l’ensemble de l’Institut français de Roumanie. Le programme est actuellement en cours de préparation.

 

Quelles perspectives possibles, selon vous, pour la culture, un secteur particulièrement  fragilisé par cette pandémie.

Je ne m’avancerai pas à donner des réponses qui appartiennent plutôt à nos gouvernants respectifs. Le ministère de la culture français est très actif avec un plan de relance de 2 milliards alloués à la culture dont 12 millions d’euros dédiés aux artistes et auteurs, 30 millions d’euros de commandes publiques et un milliard d’euros à destination des intermittents. Quant aux perspectives d’avenir, qui suis-je pour prédire quoique ce soit en ces temps aussi incertains...J’espère comme nous tous un retour le plus rapide possible à la normale et en attendant utilisons au maximum les possibilités que nous offre le digital ... et elles sont quasi inépuisables!

 

Comment avez-vous vécu personnellement cette période si particulière de confinement?

J’ai vécu la période de confinement à Paris avec ma fille. Comme pour nous tous, ce fut au début une période d’angoisse et d’incertitude que nous avons pu surmonter grâce à la présence rassurante de formidables voisins avec qui nous partagions tous les soirs ce moment unique à 20H où nous applaudissions le personnel médical... J’ai aussi beaucoup lu et regardé des séries télévisées, fait du sport avec des cours en ligne comme sans doute nombre d’entre nous et j’en ai profité pour préparer mon départ en Roumanie en lisant des auteurs roumains comme Mircea Cartarescu et son magnifique « Solénoïde », « La bascule du souffle » du prix Nobel Herta Muller... j’ai aussi lu des auteurs français qui ont écrit sur des personnages roumains comme le poignant  « Eugenia » de Lionel Duroy et « Le baiser » de Sophie Brocas qui imagine le journal intime de Tatiana, une jeune exilée russe qui fut le modèle de Brancusi pour sa fameuse sculpture éponyme... J’ai aussi commencé l’énorme saga en 3 volumes de la trilogie transylvanienne de Miklos Banffy. Mais le confinement de 8 semaines n’a pas suffi pour arriver à bout de cette immense saga! J'en terminerai la lecture à Timisoara! C’était aussi un moment privilégié pour l’amitié par delà  les frontières : nous étions tous logé à la même enseigne, peu importe où nous étions sur la planète...

 

 

 

grégory rateau
Publié le 21 septembre 2020, mis à jour le 21 septembre 2020

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