

Larisa, Roumaine, 31 ans, gestionnaire de paie
Continuez-vous à travailler (télétravail...) ?
Ana-Maria: Oui. Je ne veux pas paraître égoïste en disant que le confinement est tombé au bon moment pour moi mais je me sentais vraiment exténuée. Donc, j’en profite bien, je suis plus efficace et plus créative en travaillant de chez moi, loin du bruit quotidien de la ville. Je fais du télétravail pour la première fois, c’est pas si mal même si c’est sûr que je n’aimerais pas faire ça sur le long terme. Toutefois, il est triste de voir cette ville, Bucarest, si abandonnée, une lutte qui me paraît d'ores et déjà vouée à l'échec (j’ai très peu confiance en notre système de santé, surtout après l'épisode du club Colectiv).
Larisa: Actuellement, je travaille à la maison. Initialement, le télétravail était prévu pour une semaine. On l'a prolongé jusqu'au 14 avril et il sera sûrement prolongé au-delà en tenant compte du fait que la situation s'aggrave. Pendant la semaine, le temps passe vite, je ne réfléchis pas beaucoup au confinement car j'ai beaucoup de travail à faire du matin jusqu'au soir. Le soir, je regarde un peu les nouvelles et après un film. Sur Facebook, je ne passe pas beaucoup de temps car tout ce qui apparaît sur les murs des gens est lié de près ou de loin au coronavirus. Pendant le week-end, c'est plus difficile. Samedi, on conserve le programme habituel pour la première partie de la journée, soit le nettoyage, soit du rangement. Mais le soir, on sortait d'habitude manger un resto, s'aérer l'esprit et ce n'est plus possible. Dimanche, d'habitude on prenait le brunch quelque part. Maintenant, on doit se contenter de sortir un peu sur le balcon et une fois par semaine pour faire nos courses. Pour limiter les sorties au minimum, on a même passé une commande en ligne avec plusieurs choses dont on a besoin (pain, eau etc).
Ana-Maria: Je suis habituée à la solitude, je la vois comme quelque chose de nécessaire et d’essentiel pour la découverte de soi. Elle ne me trouble pas et je la gère plutôt bien. Par contre, ce qui me fait peur en ce moment c’est la santé de ma famille. Ma mère et mon frère qui habitent en Allemagne, ont déjà été atteints par le coronavirus, mais maintenant, ils ont guéris. Je commence à réaliser à quel point on est faible et insignifiant. L’idée de la maladie ou de la mort de mes proches et de mes amis me fait terriblement mal, elle me hante, c’est pour ça que je ressens le besoin de les chercher, de parler avec eux. Après tout, je me dis que l’humanité a reçu ce qu’elle mérite, car on a choisi le confort, le consumérisme, on a trop longtemps nui à la nature et on a ignoré ses signes. Elle nous répond aujourd’hui, et c’est normal. J’espère juste que cette crise nous rendra plus conscients et que les autorités vont mettre en œuvre des mesures pour l’écologie (notamment en Roumanie où on ne fait presque rien pour ça).
