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MICRO-TROTTOIR: Comment vivez-vous le confinement? (1)

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Écrit par Grégory Rateau
Publié le 31 mars 2020
Le coronavirus continue à faire de nouvelles victimes un peu partout à travers le monde. En cette période de confinement salutaire pour lutter contre cette épidémie, notre rédaction a envoyé quelques questions à ses lecteurs pour savoir comment ils géraient chacun à leur façon cette situation exceptionnelle. N'hésitez pas à réagir à votre tour.
 
 
 
 
Nos intervenants:
 
Ana-Maria, Roumaine, 28 ans, professeur de langue

Larisa, Roumaine, 31 ans, gestionnaire de paie
 
Steve, Français, 35 ans, ingénieur
 
Arthur, Français, 45 ans, graphiste
 
 

Continuez-vous à travailler (télétravail...) ?
 
Ana-Maria
: Oui. Je ne veux pas paraître égoïste en disant que le confinement est tombé au bon moment pour moi mais je me sentais vraiment exténuée. Donc, j’en profite bien, je suis plus efficace et plus créative en travaillant de chez moi, loin du bruit quotidien de la ville. Je fais du télétravail pour la première fois, c’est pas si mal même si c’est sûr que je n’aimerais pas faire ça sur le long terme. Toutefois, il est triste de voir cette ville, Bucarest, si abandonnée, une lutte qui me paraît d'ores et déjà vouée à l'échec (j’ai très peu confiance en notre système de santé, surtout après l'épisode du club Colectiv).

 
Steve: Ma femme travaille à la maison, elle est avocate. Je suis de mon côté en chômage partiel, je suis donc un privilégié. Cela me laisse enfin du temps pour jouer avec mes filles, pour les regarder grandir. Je peux aussi aider ma femme dans le quotidien et me poser pour réfléchir à la situation sans forcément tomber dans l’hystérie ou la paranoïa générale.
 

Larisa: Actuellement, je travaille à la maison. Initialement, le télétravail était prévu pour une semaine. On l'a prolongé jusqu'au 14 avril et il sera sûrement prolongé au-delà en tenant compte du fait que la situation s'aggrave. Pendant la semaine, le temps passe vite, je ne réfléchis pas beaucoup au confinement car j'ai beaucoup de travail à faire du matin jusqu'au soir. Le soir, je regarde un peu les nouvelles et après un film. Sur Facebook, je ne passe pas beaucoup de temps car tout ce qui apparaît sur les murs des gens est lié de près ou de loin au coronavirus. Pendant le week-end, c'est plus difficile. Samedi, on conserve le programme habituel pour la première partie de la journée, soit le nettoyage, soit du rangement. Mais le soir, on sortait d'habitude manger un resto, s'aérer l'esprit et ce n'est plus possible. Dimanche, d'habitude on prenait le brunch quelque part. Maintenant, on doit se contenter de sortir un peu sur le balcon et une fois par semaine pour faire nos courses. Pour limiter les sorties au minimum, on a même passé une commande en ligne avec plusieurs choses dont on a besoin (pain, eau etc).

 
Arthur: Absolument. J'ai l'habitude du travail à domicile avec ma compagne qui travaille dans le même secteur que moi. Il s'agit d'un luxe pour nous, disposer de notre temps. Cette situation est un peu différente même si cela ne me change pas trop de notre quotidien. La contrainte est ici plus difficile à gérer, à accepter, je l'avoue. Nous sommes de grands marcheurs en temps normal alors nous essayons de nous ménager d'autres escapades. On en profite pour se cultiver, terminer nos projets laissés de côté. Nous partageons des moments de complicité en écoutant la radio tout en prenant l'apéro.
 

 
 
Comment gérez-vous la situation du confinement (presse, angoisse, ennui, proximité du conjoint, réseaux sociaux, ...)?

Ana-Maria: Je suis habituée à la solitude, je la vois comme quelque chose de nécessaire et d’essentiel pour la découverte de soi. Elle ne me trouble pas et je la gère plutôt bien. Par contre, ce qui me fait peur en ce moment c’est la santé de ma famille. Ma mère et mon frère qui habitent en Allemagne, ont déjà été atteints par le coronavirus, mais maintenant, ils ont guéris. Je commence à réaliser à quel point on est faible et insignifiant. L’idée de la maladie ou de la mort de mes proches et de mes amis me fait terriblement mal, elle me hante, c’est pour ça que je ressens le besoin de les chercher, de parler avec eux. Après tout, je me dis que l’humanité a reçu ce qu’elle mérite, car on a choisi le confort, le consumérisme, on a trop longtemps nui à la nature et on a ignoré ses signes. Elle nous répond aujourd’hui, et c’est normal. J’espère juste que cette crise nous rendra plus conscients et que les autorités vont mettre en œuvre des mesures pour l’écologie (notamment en Roumanie où on ne fait presque rien pour ça).
 
 
Steve: Je m'organise différemment, je prends enfin mon temps. J'évite les nouvelles anxiogènes sur les réseaux sociaux, je me recentre sur ma famille, mon couple. J'essaie également d'être plus proche, même à distance, de mes amis, mes parents. Cette période est difficile pour tout le monde mais elle peut être vécue avec une certaine philosophie. J'adore mon travail mais cette pause est salutaire avant de s'y remettre.
 
 
Larisa: Pour l'instant, on résiste, car ça ne fait pas longtemps qu'on est confinés et heureusement on étaient déjà partis en vacances pendant deux semaines dans un pays exotique juste avant que le confinement commence. On va voir pour la suite, car la situation va durer beaucoup malheureusement et ça va être plus difficile également lorsqu'il va commencer à faire beau.
 
 
Arthur: Je fais attention à ne pas passer ma journée devant des séries ou sur les réseaux sociaux. Je fais mon travail, je regarde les informations, je fais le tri en restant prudent. Ma journée s'organise autour du sport à domicile, du travail, de l'information, de la culture. Je suis de tout cœur avec tous ceux et celles qui risquent leur vie pour nous sauver. Le plus important est de ressortir grandi de cette catastrophe pour envisager sereinement les défis qui vont suivre.
 
 
 
grégory rateau
Publié le 31 mars 2020, mis à jour le 31 mars 2020

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