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MANIFESTATIONS - Le Français qui a marché de Cluj jusqu'à Bucarest

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Écrit par Sarah Taher & Grégory Rateau
Publié le 22 janvier 2018, mis à jour le 22 janvier 2018

Nous retrouvons Alexandre Lacaille, agriculteur, installé en Roumanie depuis 15 ans, sur la place Universitate où des milliers de personnes commencent à se rassembler pour la manifestation prévue pour ce soir. Il sort son téléphone portable et nous montre les sms de menaces qu’il a reçus, depuis qu’il a rejoint «Marsul Sperantei». 11 jours, 8 heures quotidiennes, c’est le temps qu’il a fallu à ce Français installé à Cluj pour parcourir, à pied, les 450 km qui séparent sa ville de la capitale. L'objectif, rejoindre la manifestation prévue le 20 janvier à Bucarest et motiver les citoyens à se mobiliser. A l’origine de ce projet, Sorin Bobis, un Clujois de 51 ans qui a commencé sa marche avec un petit groupe de 5 personnes auquel se sont joints, au fur et à mesure, dix autres Roumains, dont des personnes non-voyantes. 

 

LePetitJournal de Bucarest: Quelles étaient les réactions des personnes que vous croisiez sur votre chemin ?

Alexandre Lacaille: J'étais très surpris de voir que les personnes que l'on croisait étaient au courant de notre marche et ce grâce aux réseaux sociaux. Dès que l'on a quitté Cluj, les gens commençaient déjà à klaxonner sur notre passage en signe d’encouragement. Puis au fur et à mesure des étapes, les gens venaient nous offrir du café, du thé, à manger, on a même été obligés de refuser à un moment donné (rires). Les gens voulaient prendre des photos avec nous, et partout on nous accueillait à bras ouverts. C’était une expérience humaine incroyable.


Comment avez-vous pris la décision de participer à cette marche? Y a-t-il eu un déclic à un moment donné ?

C’est surtout grâce à mon ami Sorin Bobis, que je connais depuis 5 ans et qui a eu l’initiative de ce projet. Quand il m’a appelé pour m’expliquer son projet, j’étais réticent: c’était l’hiver, il y avait 450 km, on ne savait pas où on allait loger, donc au début je l’ai un peu découragé je l'avoue. De plus Sorin a un problème à la jambe. Mais il m’a dit «si je trouve une seule personne, j’y vais», du coup j’ai pris la décision de le rejoindre. Ça fait un bon moment que je suis en Roumanie, j’ai un réel intérêt pour ce pays et j’essaye de m’impliquer au maximum, je suis la politique de près. En Février, j’étais chaque jour aux manifestations de Cluj.

 

Est-ce qu’en France vous étiez aussi impliqué ou c’est venu avec votre installation en Roumanie ?

En France on a quand même cette tradition des manifestations et puis étant moi-même agriculteur, on sait ce que c’est que de manifester (rires).

 

Qu’est-ce que cette marche représente-elle pour vous et vos camarades ?

L’objectif principal de cette marche est de motiver les gens à sortir ce soir, à les mobiliser pour descendre dans la rue et demander leurs droits. Chacun peut essayer de changer les choses à son petit niveau. On a aussi voulu contrarier tout ce qui se fait en ce moment, car ce n’est pas avec ce gouvernement que les choses évolueront dans le bon sens en Roumanie.

 

Une anecdote ou un moment qui vous a marqué lors de cette marche ?

Il y en a eu plein, mais je me rappelle d’un Monsieur de Rotbav qui est venu à notre rencontre, nous a invité chez lui et nous a offert un plateau de charcuteries faites maison et il était tellement enchanté de nous avoir accueillis, qu’il nous appelait ensuite tous les jours pour savoir où on en était. Cela nous a vraiment fait chaud au cœur.

 

Au-delà de la dimension politique, que vous a apporté cette marche sur un plan personnel ?

En effet, cette marche m’a permis de faire le point sur moi-même, d’éprouver mes limites, de voir jusqu’où je peux aller. Je ne suis pas un grand sportif mais j’ai réussi et cela grâce à cet objectif qu’on avait tous en commun. Le deuxième et le troisième jour ont été les plus durs, c’était horrible, on avait des crampes, des courbatures, je ne pouvait même plus plier les jambes. Mais c’est définitivement une expérience à faire dans une vie.

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Publié le 22 janvier 2018, mis à jour le 22 janvier 2018

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