Fin octobre, la campagne internationale « Marque France » a été officiellement lancée en Roumanie, lors d'un événement organisé par l'ambassade de France à Bucarest. « Marquez les esprits / Make it iconic ! » est le slogan de cette initiative qui incite les investisseurs et talents roumains à choisir la France pour développer leurs projets. Alors que la collaboration entre les entreprises roumaines et françaises existe déjà dans de nombreux domaines, Louis Toulorge, Chef du service économique de l'Ambassade de France en Roumanie, nous en dit plus.


La France représente une destination naturelle pour les entreprises roumaines, notamment en raison des liens historiques et économiques forts qui nous unissent et des proximités culturelles qui facilitent la compréhension mutuelle.
Pour la 4e année consécutive, la France est le pays le plus attractif d'Europe pour les projets d'investissements étrangers. Comment expliquez-vous cela ?
En effet, la France s’est à nouveau classée première destination des investissements directs étrangers en Europe avec 1275 décisions d’investissements, un record. Cette performance est le résultat d’une politique ambitieuse de réforme de notre système économique, l’engagement de nos talents, de la qualité de notre système d’éducation, de la recherche et de l’innovation. Le Président Macron s'est donné pour objectif de remporter la bataille de l'industrialisation, en encourageant les investisseurs étrangers à choisir la France. Cette volonté s'est matérialisée par des réformes du marché du travail, des baisses d’impôt, et par la mise en œuvre de politiques économiques et industrielles ambitieuses. Un exemple notable est la loi sur l'industrie verte adoptée cette année qui a facilité l'implantation d'une usine de batteries pour véhicules électriques à Dunkerque, dans le nord de la France. Notre pays a réussi à moderniser son image et ses dispositifs économiques à l'international, incarnés par la marque France et le dispositif Team France Export dédié à l’accompagnement de nos entreprises. Par ailleurs, le Brexit a incité de nombreuses institutions à chercher un nouveau pays hôte afin de servir le marché européen. Pour résumer en quelques mots, je dirais que c'est la combinaison de plusieurs facteurs clés et favorables harmonisés par une forte volonté politique.
Quels seraient les principaux avantages qui pousseraient une entreprise roumaine à investir/se développer en France ?
La France représente une destination naturelle pour les entreprises roumaines, notamment en raison des liens historiques et économiques forts qui nous unissent et des proximités culturelles qui facilitent la compréhension mutuelle. Parmi les facteurs d’attractivité de la France pour les entreprises roumaines je citerais d’abord la qualité de l’écosystème économique français, à la fois dynamique et riche en débouchés tout comme en sources d’inspiration. Ce résultat est le fruit d’une politique volontariste, en particulier dans le soutien à la recherche et à l’innovation, dont bénéficient toutes les entreprises, petites et grandes. Ensuite, la France offre un système éducatif performant, qui fournit un personnel hautement qualifié dans tous les domaines. À cela s'ajoute un système social efficace, ainsi que des infrastructures parfaitement développées dans l’ensemble du pays. De plus la position centrale de la France en Europe est stratégique pour desservir différents marchés, et elle peut aussi servir de tremplin vers l'Afrique qui est également un partenaire de la Roumanie, comme l’a montré la récente visite du Président Iohannis. J’ajouterais enfin que la productivité des salariés français est reconnue parmi les meilleures au monde.
Est-ce que des secteurs particuliers seront privilégiés ?
Bon nombre d’entreprises roumaines dans les domaines d’excellence du pays sont parvenues ces dernières années à un stade de maturité qui nécessite qu’elles se projettent à l’international, en vue d’établir des filiales dans des pays d’Europe de l’Ouest où elles trouveront des écosystèmes leur permettant d’accélérer leur développement. Cette démarche est tout spécialement pertinente en France dans les secteurs de l’automobile et de la mobilité électrique, des technologies concourant à la transition écologique et à l'innovation verte, de la cybersécurité ou encore de l’intelligence artificielle. Tous ces secteurs d’activité offrent en France de réelles opportunités aux investisseurs roumains. Enfin, dans les secteurs de la Tech en particulier, nous considérons en France qu’il est essentiel de développer des champions européens, dans un cadre juridique clair et c'est dans cet esprit que nous encourageons le développement de nos startups prometteuses, celles que nous appelons les "licornes".
Est-ce que vous pensez que la langue française pourrait être un frein ou un atout, en sachant que l'anglais est considéré comme la "langue des affaires" ?
La langue française est évidemment un atout. Déjà parce qu’elle est parlée par près de 350 millions de personnes dans le monde, ce qui ouvre d’immenses perspectives en termes de marché : le Canada, la Belgique, la Suisse et toute l’Afrique francophone a minima. Ensuite parce que, pour des raisons historiques et culturelles, le français est utilisé naturellement par les chefs d’entreprise de nos deux pays. Les Roumains sont particulièrement doués pour la pratique des langues étrangères et, depuis mon arrivée à Bucarest en septembre, je suis impressionné par le nombre d’excellents locuteurs francophones. Enfin, la politique d’attractivité dont nous parlions à l’instant est aussi une chance pour les amoureux de la langue française avec qui nous souhaitons faire communauté et c’est un avantage comparatif pour eux, à titre personnel comme professionnel, de pouvoir travailler dans une langue qu’ils maîtrisent souvent parfaitement. Cela dit et pour rassurer tous les talents roumains qui ne maitrisent pas encore parfaitement le français, je tiens à préciser que les Français savent bien entendu eux aussi maitriser la langue anglaise quand cela s’impose et que la langue ne saurait être une barrière pour ceux qui envisagent de travailler avec la France ! Pour conclure, je dirais que de nombreux jeunes talents roumains performent déjà en France et en français dans la médecine, l’industrie, l’informatique et bien d’autres domaines, et que nous soutenons très activement cette dynamique créatrice de ponts entre nos deux pays.
