Educateur spécialisé en France, Goulwen Maurer a suivi sa compagne à Bucarest, cet automne. Il en a profité pour se concentrer pleinement sur sa passion : la musique. Musicien, chanteur, il se produit chaque semaine dans des bars de la capitale roumaine et travaille à son premier album.
Photo : Jonas Mercier
Avec son air discret, presque timide, et son sourire aimable, il est facile de parier, quand on croise son regard, que Goulwen Maurer n'est pas d'ici. Assis dans un bistro branché du centre de Bucarest, sa barbe de trois jours et son pull en laine finissent de le trahir et n'importe quel Roumain vous le dira : ''il est Français, ça c'est certain''. Un Français qui semble s'être perdu dans une capitale qui n'est pas la sienne... Mais il ne s'agit là que des apparences. Si Goulwen Maurer est en train de boire son café dans ce bar-là, c'est qu'il connait la patronne et que chaque jeudi soir, il vient y chanter. ''J'y suis allé au culot, ma guitare sur le dos. J'ai frappé aux portes jusqu'à ce que je trouve un bar qui veuille bien me prendre, raconte-t-il. Ça fait des années que je fonctionne comme ça : pas de mail, pas de téléphone, mais une petite démo pour mettre en confiance.''
Goulwen Maurer, 35 ans, est musicien et chanteur. La scène, il en a beaucoup fait en France, surtout à Paris, en Bretagne et dans le sud, où il habitait avec sa compagne, Marion, avant de venir en Roumanie. Mais il n'en vivait pas. En parallèle, il était éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse et travaillait avec des mineurs délinquants, mis en examen ou condamnés. Il a d'abord exercé à Douai, dans le nord, avant de descendre à Grasse, sur la Côte d'Azur. ''Et puis Marion a trouvé cette opportunité pour venir travailler en Roumanie. Elle est dans le web marketing. Moi, depuis quelques années, je voulais me concentrer sur la musique, alors je me suis mis en disponibilité et je l'ai suivie'', raconte-t-il.
Un lorrain au prénom breton
Marion s'est installée à Bucarest en janvier 2015. Goulwen l'a définitivement rejoint en septembre. Depuis, il a trouvé du travail au Lycée français, où il est responsable du service Après-classe. En parallèle, il donne des cours particuliers de musique et joue tous les jeudis soir au Bloom'bistro, au 10 de la strada Enescu. ''Je vais également commencer à jouer les vendredis soir au bistro Muse (strada Paris, n.17, ndlr), grâce à un cuisinier roumain que j'ai rencontré il y a treize ans à Bruxelles et avec qui j'ai gardé contact'', ajoute Goulwen. Son répertoire : des reprises qui vont de la variété internationale au reggae de Bob Marley, en passant par la soul de Steve Wonder et le rock très britannique des Yardbirds. Mais il compose aussi. ''Je suis en train de travailler à mon premier album, qui devrait sortir cet été, confesse-t-il. Mon style est nourri de beaucoup d'influences et je travaille seul avec l'aide d'une pédale de mixage, qui me permet d'enregistrer et de superposer mes phrases musicales. Il y a de la guitare et ma voix, bien sûr, mais aussi du clavier et de la clarinette.''
Goulwen Maurer est né en Lorraine, d'une mère Espagnole et d'un père Alsacien, qui avaient en commun l'amour des prénoms bretons. Il en a gardé le goût des rencontres. ''Avant d'arriver à Bucarest, nous avions, Marion et moi, les a priori qui peuvent circuler en France sur la Roumanie, mais comme nous avions visité Budapest, qui nous avait paru magnifique, nous avions un peu moins peur, raconte-t-il. A Bucarest, nous avons été agréablement surpris, surtout par l'accueil des gens.'' La suite, Goulwen ne la voit pas forcément en Roumanie, mais pas forcément ailleurs non plus. Il se laissera porter par les opportunités. ''Avoir l'occasion de jouer dans une capitale européenne, à taille humaine, c'était exactement ce qu'il me fallait'', conclut-il.
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Lundi 25 janvier 2016
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