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AMOUREUX DE LA ROUMANIE - Quentin Hubert, l'art en héritage

Cette semaine notre rédaction est allée à la rencontre d'un jeune artiste français installé en Roumanie, Quentin Hubert.

Quentin Hubert peintre en RoumanieQuentin Hubert peintre en Roumanie
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 3 juillet 2023, mis à jour le 20 juillet 2023

 

La peinture est un héritage très précieux dans ma famille. Que ce soit les peintures classiques de mon arrière-arrière-grand-père, l'invention de l'aquarelief par mon grand-père, les étiquettes de vin illustrées par mon père dans de nombreux vignobles en Bourgogne, la restauration et la conservation d'œuvres d'art de monuments historiques auxquelles se consacre mon frère...tous leurs travaux sont une richesse qui m'encourage chaque jour.

Pourquoi avoir choisi de venir vous installer ici en Roumanie ?

J'ai choisi de m'installer en Roumanie suite à ma rencontre amoureuse avec Elena. Cela a créé en moi un état de transfiguration où la question ne s'est même pas posée. Mon mouvement vers ce lieu est devenu immanent, motivé par l'émerveillement, l'énergie, le déploiement, le désir de rencontres, de filiation et de vie.


Connaissiez-vous un peu le pays avant de vous décider ?

Oui, j'avais quelques connaissances préalables sur la Roumanie, notamment en ce qui concerne son histoire, le communisme et les stéréotypes associés. Cela m'intéresse particulièrement, d'autant plus que je traite de nombreux sujets historiques dans ma peinture, abordant des thématiques telles que le communisme primitif, la Commune de Paris et Gracchus Babeuf.


Avez-vous eu le temps d'explorer le territoire ?

Oui, un peu. Elena s'est empressée de me faire faire la visite ! Nous avons eu le temps de voir Bucarest et ses alentours, le château de Peleș à Sinaia pour admirer les travaux de Klimt que j'aime beaucoup, la forteresse médiévale de Bran, et j'ai été très vite séduit par la ville de Brașov, ses remparts médiévaux et son église noire gothique du 14ᵉ siècle, dont j'ai rapidement fait une peinture. Ayant travaillé pendant plusieurs années dans la restauration et la conservation d'art mural dans des églises, je suis fasciné par l'architecture et l'histoire qui se cachent derrière chaque édifice. J'en ai encore beaucoup à voir !


Vous êtes également peintre. Vous êtes issu d'une famille de peintres plus précisément. Comment la peinture se transmet-elle de génération en génération, est-ce un peu votre héritage ?

La peinture est un héritage très précieux dans ma famille. Que ce soit les peintures classiques de mon arrière-arrière-grand-père, l'invention de l'aquarelief par mon grand-père, les étiquettes de vin illustrées par mon père dans de nombreux vignobles en Bourgogne, la restauration et la conservation d'œuvres d'art de monuments historiques auxquelles se consacre mon frère... tous leurs travaux sont une richesse qui m'encourage chaque jour. Vous savez, apprendre la peinture implique forcément un savoir-faire acquis par un travail rigoureux et méthodique à travers l'exploration de différentes techniques. C'est une activité qui nous pousse sans cesse à nous remettre en question. Personnellement, je trouve une forme de sacralité dans la peinture, je m'identifie beaucoup à ce que dit Hegel sur l'art. L'art suscite en nous le désir de transcender l'infini et l'universel. Je cherche à transmettre un art authentique, en m'éloignant de la tendance contemporaine qui met souvent l'accent sur la commercialisation et la marchandisation de l'art.


La Roumanie offre-t-elle une source d'inspiration supplémentaire ?

Absolument ! En raison de ma propre expérience dans la restauration d'art, l'architecture est l'un des aspects qui me fascine le plus ici.  La ville de Brasov et la Roumanie en général, depuis ses châteaux médiévaux jusqu'à ses églises ornées en passant par ses bâtiments Art nouveau, sa diversité architecturale est une source inépuisable d'inspiration visuelle, tout simplement parce qu'elle a une histoire. Ses paysages sont également à couper le souffle ! Elle offre une incroyable richesse de diversité naturelle et culturelle. Ses majestueuses montagnes des Carpates, le delta du Danube, sa flore et sa faune, chaque région possède une beauté unique à découvrir. Le vin et la gastronomie roumaine, avec ses saveurs uniques et ses plats traditionnels, ses délicieux fromages, sont un véritable régal pour les sens. Ses coutumes locales, sa langue, ses racines, Elena... Son histoire stimule mon désir d'en apprendre toujours plus, nourrit mon esprit et chaque nouvelle chose que je découvre est forcément une source d'inspiration en devenir.

Nativité communeuse du Christ Radical
Peinture de Quentin Hubert intitulée "Nativité communeuse du Christ Radical"


Comment définiriez-vous votre travail artistique ?

Ma démarche s'articule autour du composite : je mêle ou oppose, au sein d'une même toile, différents styles et techniques afin de questionner les thèmes récurrents de l'Histoire de l'art et ce qui fait la touche d'un artiste. Comme je le dis quelquefois de manière un peu ironique, je ne suis pas un vrai peintre, juste quelqu'un qui se pose la question de ce qu'est un peintre.


Des peintres roumains qui vous inspirent en particulier ?

Bien que j'apprécie beaucoup les peintures de Nicolae Grigorescu sur la paysannerie roumaine, ce sont principalement deux peintres français qui m'ont inspiré et ont eu une influence majeure sur mon travail et ma démarche artistique. Le premier est Jean Le Gac, avec sa combinaison d'éléments visuels et de textes narratifs dans ses compositions, ouvrant la voie à une exploration rhétorique de l'art, il positionne une réflexion sur le rôle de l'art dans la société. Le second, Pierre Soulages, très connu pour son exploration de la couleur noire et de la lumière dans ses peintures abstraites, il s'est longtemps questionné sur l'art moderne après avoir découvert l'art préhistorique et primitif et va signifier toute sa peinture dans des textures expressives et des jeux subtils de reflets. Comme vous pouvez vous en douter, j'apporte beaucoup d'importance à toutes les réflexions remettant en question l'art d'un point de vue ontologique.


Vous travaillez également au lycée français de Bucarest. L'envie de transmettre peut-être également en retour ?

L'esprit curieux des enfants, leur enthousiasme et leur ouverture d'esprit me motivent à nourrir leur curiosité et à les accompagner dans leur développement. Pendant de nombreuses années, j'ai donné des cours théoriques et pratiques lors d'événements, d'ateliers et d'expositions en France. Ma passion pour la peinture, le dessin et la philosophie me poussent à vouloir transmettre ces disciplines à ceux qui souhaitent les approfondir. Contribuer à l'épanouissement des autres à travers la transmission est une expérience enrichissante à tous les niveaux et je suis enthousiaste à l'idée de continuer à le faire ici, que ce soit à des élèves ou à des amateurs désireux de développer leurs compétences artistiques.


Des projets à nous annoncer ?

En ce moment, je suis très investi dans la peinture et je suis plein d'inspiration. J'ai un projet qui me tient particulièrement à cœur : celui d'exposer sur des thématiques précises parmi lesquelles la commune de Paris et les communautés organiques. J'ai réalisé de nombreuses peintures qui illustrent ces sujets et je suis ouvert à toute proposition de collaboration ou de projet qui pourrait mettre en valeur ces œuvres et permettre de les partager avec un plus grand nombre de personnes.
 

grégory rateau
Publié le 3 juillet 2023, mis à jour le 20 juillet 2023

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