

En Roumanie, les nounous philippines sont à la mode. Depuis quelques années, les familles aisées choisissent de faire venir des assistantes maternelles des Philippines pour s'occuper de leurs enfants. Le point sur ce phénomène
Photo : D.R.
Depuis un an, Mila a quitté les Philippines et a débarqué en Roumanie pour s'occuper de Paul, un petit garçon de 4 ans. Comme elle, près de 1.000 "bonnes" philippines vivent aujourd'hui à Bucarest. Lancée par quelques politiciens ou vedettes il y a environ quatre ans, cette mode des nounous philippines s'est étendue aux familles aisées. Déçues par les nounous roumaines, les riches Roumains ont choisi de confier leur progéniture à des assistantes maternelles venues du bout du monde. Les nombreuses agences de placement spécialisées qui ont vu le jour leur promettent de dénicher la nounou philippine idéale pour 3.500 euros. A en croire les sites Internet de ces agences, elle sera forcément "douce, travailleuse, dotée d'une grande capacité d'adaptation et du sens de l'humour".
Tout se passe bien, en général
Après un ou plusieurs entretiens d'embauche via Skype, la nounou débarque donc en Roumanie. En général, la jeune femme, qui parle anglais avec la famille et les enfants dont elle s'occupe, touche un salaire de 400 à 500 euros par mois. Elle est logée au domicile de la famille qui l'emploie, signe un contrat de deux ans, et travaille en général six jours par semaine. Pour ces nounous philippines, qui doivent laisser leur famille et leurs enfants derrière elles, la Roumanie fait souvent office de première expérience à l'étranger et leur permet d'enrichir leur curriculum avant de postuler en Europe de l'Ouest ou au Canada, où les salaires sont meilleurs. La plupart des témoignages ? de parents et de nounous ? sont positifs. Raluca, la maman de Luca, confie par exemple avoir une confiance absolue en Mila, vante "son professionnalisme" et est "convaincue que le fait de parler anglais et d'être en contact avec une autre culture contribue au développement et à l'enrichissement" de son enfant. Preuve que la greffe prend, 80% des contrats de deux ans ont été renouvelés en 2010.
Mais l'aventure ne se passe pas forcément bien. Des cas de nounous exploitées et traitées comme des esclaves ont également été révélés dans la presse. Certaines familles ont exigé de leurs assistantes maternelles de travailler non stop, ont confisqué leurs passeports, et ont refusé de leur payer un billet d'avion pour les Philippines (comme prévu dans le contrat). Des cas de mauvais traitements physiques ont même été recensés et quelques plaintes enregistrées auprès de l'Office roumain de l'immigration. Une nounou a même engagé une action en justice ; elle aurait été battue par ses ex-employeurs lorsqu'elle a voulu démissionner après avoir été harcelé moralement.
Ce phénomène des nounous asiatiques continue de gagner du terrain mais évolue : depuis quelques mois, ce sont les Népalaises qui ont commencé à faire leur arrivée à Bucarest et dans les grandes villes roumaines.
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 11 avril 2012







