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SOCIETE - Briser les tabous du sexe chez les jeunes

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 16 juin 2013, mis à jour le 15 juin 2013

Pour contrecarrer les déficiences du système éducatif en matière d'éducation sexuelle, une jeune étudiante a décidé de parler elle-même de sexualité aux adolescents. Les petites vidéos qu'elle propose sur Internet offrent une alternative sûre et moderne dans un pays encore très conservateur sur le sujet. 

Dessin : www.sexulvsbarza.ro

Adolescente, Adriana Radu se rappelle avoir cherché dans des manuels en français ou en allemand les réponses aux questions qu'elle se posait sur la sexualité. En roumain, il n'y avait rien. Aujourd'hui, cette jeune étudiante enthousiaste au cheveux courts de 23 ans a décidé de changer les choses, et plutôt que de perdre son énergie à faire du lobbying auprès du ministère de l'Education pour que les programmes scolaires évoluent, elle a lancé un site Internet (www.sexulvsbarza.ro) afin de parler directement aux adolescents. "Nous avons voulu quelque chose de dynamique, facilement accessible et non pas suivre une méthode classique comme des ateliers dans les classes", raconte-t-elle. Avec l'aide de plusieurs associations et un budget d'à peine 5.000 dollars, elle a réussi à tourner une vingtaine de petites vidéos et créer un site. La puberté, l'homosexualité, le droit des élèves enceintes ou encore la pornographie sont quelques-uns des thèmes abordés.

Pour être au plus près des préoccupations des adolescents, Adriana Radu s'est entourée d'une jeune lycéenne de 17 ans. Monica Saulea est en quelque sorte l'agent infiltré du projet. "Je communique avec mes collègues et envoie des retours à Adriana, dit-elle. Beaucoup s'éduquent en regardant des films porno, ce qui est une erreur colossale." Même si les professeurs sont censés répondre à toutes les interrogations de leurs élèves durant une heure dédiée au thème de la sexualité, et que dans chaque lycée il existe un psychologue abordant ces sujets, le sexe reste une grande inconnue pour les jeunes Roumains. "En famille, on peut parler d'argent mais pas de notre corps", confirme Adriana Radu. 

Les services existent mais ne sont pas utilisés
Sujet tabou dans une société très conservatrice, l'éducation sexuelle est quasiment absente du système scolaire roumain. Une situation qui se traduit par des taux records d'accouchements de mineures, d'avortements et de maladies sexuelles. La Roumanie possède, avec plus de 17.000 accouchements de mineures en 2011, l'un des taux les plus élevés de grossesses parmi les adolescentes en Europe. Surtout, près de 1.500 nourrissons sont abandonnés par an. Sous le communisme, la question de la sexualité a été très peu abordée et l'interdiction des avortements n'a pas encouragé à briser ce tabou. "A cela s'ajoutait l'aspect très puritain de notre société, explique la sociologue Raluca Popescu. Il n'y avait pas de rupture entre la sexualité, la famille et l'amour." Après la révolution, une libéralisation un peu chaotique des méthodes de contraception a eu lieu. Au début des années 90, on a compté jusqu'à trois IVG pour une naissance. Et aujourd'hui encore, l'avortement reste pour les femmes un "moyen de contraception". "L'Etat a relaxé les lois et développer de nombreux services de planning familial, mais son erreur a été de ne pas avoir investi dans l'éducation sexuelle, soutient Raluca Popescu. Aujourd'hui, ces services restent très peu utilisés." 
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) lundi 17 juin 2013

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Publié le 16 juin 2013, mis à jour le 15 juin 2013

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