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LEGISLATIVES 2017 – Anna Deparnay-Grunenberg, candidate investie par EELV (Europe Écologie Les Verts)

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 mai 2017

Les Français s'apprêtent à voter le 4 juin pour le premier tour des élections législatives de 2017, ceux ou celles qui les représenteront à l'Assemblée Nationale. La Roumanie fait partie de la 7ème circonscription des Français de l'étranger. Cette semaine nous avons posé nos questions à Anna Deparnay-Grunenberg, candidate investie par EELV (Europe Écologie Les Verts).

 

- Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique??

Née à Berlin d'une mère d'origine parisienne et d'un père Suisse Allemand, j'ai grandi entre l'Allemagne et la France, dans plusieurs régions très rurales du Centre, d'Alsace, des Pyrénées et de Savoie. C'est ce lien très fort à la nature dès mon enfance qui m'a poussé à étudier les sciences forestières et environnementales en Allemagne et au Canada.

Établie à Stuttgart depuis près de 15 ans, je suis mariée et mère de trois adolescents franco-allemands. Auto-entrepreneuse, mon activité se porte sur l'éducation au développement durable.

Je me suis engagée dès 2008 au sein du parti des GRÜNEN, le parti vert allemand. Ce choix de l'engagement politique a été inéluctable pour moi. J'observais déjà les déséquilibres produits par notre mode de vie, de consommation, de production. Il me fallait agir, agir pour la transition écologique ; à titre privé en tant que consommatrice, en tant que mère par l'éducation que je donne à mes enfants, en tant qu'auto-entrepreneuse par mon domaine d'activité, mais aussi politiquement, à une plus large échelle. J'ai été élue en 2009 au Conseil municipal de Stuttgart qui fut la première capitale régionale allemande aux mains des GRÜNEN. J'y ai été tout d'abord responsable des questions écologiques puis des questions de participation citoyenne. Réélue en 2014, je préside le groupe vert et suis désormais principalement responsable des questions budgétaires et écologiques. Dans cette agglomération dynamique de près de 2,3 Millions d'habitants, située au c?ur d'une des grandes régions de l'industrie automobile allemande et où siègent plusieurs des plus grandes entreprises et PME du pays, j'ai pu réaliser des projets concrets comme le désinvestissement des fonds publics de la ville selon des critères éthiques et environnementaux stricts. J'y ai gagné une expérience indéniable en termes de politique budgétaire, environnementale et, surtout, de dialogue politique. Les réussites que nous avons pu connaître dans nos projets en tant qu'élus locaux, m'ont renforcé dans l'idée que la transition écologique  est en cours, concrètement, à des échelles locales mais aussi nationale et européenne, et ce dans le cadre d'une coopération globale entre le monde politique, les entreprises et la société civile.

- Etre député de la 7ème circonscription (Allemagne, Europe Centrale et Balkans), qu'est ce que ça représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription/ce pays??

Mes liens personnels sont bien entendus très forts avec l'Allemagne. Mon identité plurinationale et mon parcours font de moi une véritable européenne, sensible aux questions diverses que se posent les Français et Françaises des différents pays de la circonscription. La situation dans laquelle se trouvent aujourd'hui la vie politique et la société française, tout comme ma propre expérience de Française établie en dehors du territoire national m'ont donné envie de m'engager pour les Français de l'étranger. C'est la raison pour laquelle je me suis présentée aux élections consulaires. J'exerce ce mandat depuis 2014, ce qui me permet déjà d'agir sur les questions relatives à la vie des expatrié_es français_es. Me présenter aux élections législatives, c'est continuer de représenter leurs intérêts et de défendre leurs droits. C'est aussi continuer de faire avancer les thèmes qui me sont chers pour un futur optimiste (une transition écologique de terrain, une construction européenne approfondie, un accès à l'éducation toujours plus grand), mais c'est également servir les relations bilatérales entre la France et les seize pays de la circonscription pour que les plus de 100 000 Français qui y sont établis voient leur quotidien s'améliorer. Si je suis élue, je tiens à faire valoir mon expérience politique allemande au sein du parlement français. C'est en créant des ponts entre les élu_es de différents Etats que nous pourrons trouver des solutions efficaces à des problèmes parfois communs comme le développement national dans un cadre européen, les défis de la transition écologique, mais aussi l'urbanisation croissante, et l'isolement, parfois, de certains citoyens du circuit social. Cette capacité à s'imprégner d'idées politiques de plusieurs horizons est ce qui caractérise les Français établis hors de France et c'est une richesse qu'en tant que député, on se doit de représenter. J'espère être ce vecteur d'intégration, de solidarité et de paix au sein d'une Union européenne qui me tient énormément à c?ur pour ses dimensions de paix et de solidarité  et qui doit encore pouvoir se développer.

?- Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...)??

Les trois dossiers, sur lesquels je travaillerai en priorité en tant que députée des Français de la 7ème circonscription sont les suivants: ?
En matière de fiscalité et de protection sociale, il s'agit de combler un déficit d'information notoire ainsi que de pallier les dysfonctionnements importants entre la France et les pays de la circonscription. Les services n'informent pas sur les correspondances entre la France et le pays de résidence. Ceci ne fait pas partie de leur fonction. Mon but est d'améliorer ce transfert d'informations vers les citoyens de la circonscription en m'appuyant sur les associations spécialisées dans le domaine et en créant ainsi une « hotline consulaire ». Les discussions que j'ai eues avec certaines de ces associations, comme Emploi-Allemagne ou Expatriation-Allemagne montrent que la solution est là. ??Ma deuxième proposition concerne le travail en commun avec les autorités locales. 90% de la vie administrative des Français_es se fait en lien avec les institutions du pays de résidence. Élue moi-même à Stuttgart, il me paraît essentiel que les administrations puissent aider les Français_es par une démarche personnalisée que ce soit grâce à du personnel francophone, des brochures en français ou des coopérations avec les services consulaires. Je m'appuierai pour ce faire sur les conseillers et délégués consulaires comme courroie de transmission entre les citoyens et les autorités françaises et locales, et je chercherai à renforcer leur rôle pour améliorer la vie quotidienne des expatriés.
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Le troisième sujet qui sera au c?ur de mon action touche l'éducation et l'enseignement de la langue française dans les seize pays de la circonscription. Il s'agit de consolider les crédits accordés aux établissements français existants et de faire la promotion de l'enseignement du français dans les zones non couvertes par ce réseau. Il faut ensuite soutenir les initiatives FLAM, les organisations de coopération binationale pour la jeunesse et accentuer la labellisation d?établissement LabelFrancEducation, comme cela est en cours pour le Lycée Wagenburg de Stuttgart par exemple.

?- Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant Pierre-Yves Le Borgn'? Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment?

Pierre-Yves le Borgn? a été un député sérieux, qui a fait valoir ses compétences techniques sur de nombreux sujets. J'ai apprécié ses combats contre la déchéance de nationalité et sur le climat. Malheureusement, je regrette qu'à aucun moment, il ne se soit prononcé pour la fermeture de la centrale de Fessenheim, pour la fin du rejet de boues rouges en Méditerranée et pour la sortie du diesel.

?Ces derniers mois, j'ai été surprise par son positionnement très ambigu quant à la présidentielle. D'abord il a fait part de ses doutes sur la candidature de Benoît Hamon, tout en lui accordant tout de même son parrainage, puis il a tergiversé entre le candidat PS/EELV et le candidat En Marche, pour ne finalement se rallier à ce dernier qu'au second tour. J'ai personnellement préféré faire preuve d'honnêteté envers les électeurs dès le début de la campagne en me présentant comme une candidate écologiste et pro-européenne, soutenant Emmanuel Macron dès le premier tour et me tenant prête à participer à sa majorité parlementaire.

Elue en juin, je serai une députée en pointe sur les questions et thèmes abordés dans cette interview, au Parlement, à Paris, comme sur le terrain, dans l'action, au sein des seize pays de notre circonscription, pour qu'enfin économie rime avec bien-être et écologie. Je tiens à soutenir des initiatives locales qui sont essentielles à la qualité de vie des Français_es établi(e)s en Allemagne, en Europe centrale et dans les Balkans. Mon expérience en termes de négociation politique et de collaboration avec des courants idéologiques très différents seront un atout. Je ferai valoir ma force de conviction et mon pragmatisme pour atteindre les objectifs que m'auront confiés les électeurs.


- Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élue, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition?

Sa philosophie politique, notamment celle de faire travailler ensemble les volontés progressistes de camps différents, représente, je pense, une ouverture d'esprit nécessaire face aux défis d'aujourd'hui. Au conseil municipal de Stuttgart, j'ai su appliquer et accumuler l'expérience nécessaire à des coopérations diverses, avec des partenaires de formations politiques différentes. Pour que l'écologie, les énergies renouvelables, l'égalité hommes-femmes, la réforme de l'agriculture et tant de thèmes qui nous sont essentiels puissent s'ancrer dans le réel lors des cinq années à venir, il faut des écologistes dans la majorité parlementaire. Si je suis élue, je ferai partie de cette majorité. C'est, en outre, seulement dans le cadre d'une Union européenne plus démocratique et courageuse que nous, européennes et européens, pourrons transformer les systèmes économiques, écologiques et sociaux pour une justice intergénérationnelle.

En tant que tri nationale, engagée en politique française et allemande, je ne peux que soutenir l'idée européenne d'Emmanuel Macron. Le couple franco-allemand doit être renforcé. Et pour cela, les députés des Français de l'étranger jouent un rôle primordial. Ils échangent avec des élus d'autres nationalités, dans le cadre de groupes d'amitiés, ils coopèrent pour faire avancer des sujets communs et construisent ainsi l'Europe de demain. Elue en juin, je ferai donc partie d'une majorité prête à enrichir l'Europe dans une perspective solidaire et durable, sur le modèle de l'amitié franco-allemande. Je veux que cela profite à tous les Français de notre circonscription. Si les seize Etats qui la composent n'entretiennent pas tous les mêmes relations avec la France ou l'Union européenne, ils représentent cependant tous de belles opportunités pour nos concitoyens. C'est, à mon sens, en faisant partie d'une majorité unie, que je pourrai agir dans cette perspective. Constructive, j'encouragerai donc la majorité d'Emmanuel Macron à renouveler le projet européen vers plus d'écologie et de solidarité.

 

Propos recueillis par Grégory Rateau (www.lepetitjournal.com/Bucarest) - Mercredi 24 mai 2017

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

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