Jeudi a marqué le dixième anniversaire de l’incendie du Colectiv, survenu le 30 octobre 2015, qui a coûté la vie à 65 personnes et est devenu un symbole des conséquences ultimes des abus de l’État contre ses citoyens. La journée s’est terminée de manière inattendue, avec une amende de 3 000 lei infligée à ceux qui commémoraient la tragédie dix ans plus tard.


Marian Rădună, représentant de l’association MEA et l’un des organisateurs de la marche commémorative, a été sanctionné jeudi soir par la Gendarmerie roumaine pour « dépassement du temps de commémoration », alors qu’environ 25 personnes étaient encore sur place, tenant une veillée aux chandelles. Rădună affirme que cette amende est illégale et qu’il la contestera en justice.
Selon le procès-verbal officiel rédigé à 23 h 30, l’amende a été infligée car « l’heure de fin de l’événement a été dépassée et aucune mesure n’a été prise pour clore le rassemblement public, auquel participaient encore 25 personnes ». Rădună a précisé dans le rapport : « L’activité, conformément au protocole, s’est terminée à notre arrivée sur la place Bucur. »
Les organisateurs expliquent que l’événement avait été déclaré officiellement et qu’il comportait deux protocoles distincts — l’un pour la marche, l’autre pour la commémoration au club Colectiv. Rădună a confirmé avoir été sanctionné après 23 h pour « dépassement du temps de commémoration ». À ce moment, une vingtaine de personnes allumaient encore des bougies devant le club. Il soutient que le procès-verbal est illégal et que les gendarmes « ne connaissent pas la loi ».
« Je contesterai l’amende et déposerai une plainte auprès du Parquet militaire. La situation est simple, et je ne chercherai pas la justice sur Facebook. Selon la loi sur les rassemblements publics (Loi 60/1991), l’article 3 prévoit des exceptions à l’obligation de déclaration préalable pour les événements culturels, artistiques, sportifs, religieux ou commémoratifs. Dans notre cas, nous avons respecté la procédure, comme toujours, afin de garantir la sécurité des participants et de coopérer avec les autorités compétentes. Hier, deux rassemblements publics avaient été déclarés : l’un au Colectiv, sous le protocole de Cristina, et la marche, sous le mien. La même loi précise que deux rassemblements publics ne peuvent se dérouler au même endroit. La marche s’est donc légalement achevée à notre arrivée au Colectiv, où une autre manifestation était déjà en cours. L’officier a commis une erreur, et aucun de ses supérieurs ne l’a corrigé, ce qui est encore plus grave. »
Rădună a ajouté qu’il entretient d’ordinaire d’excellentes relations avec la Gendarmerie, la Police, les pompiers et le ministère de l’Intérieur, estimant qu’il ne faut pas généraliser ce cas.
Réaction de la Gendarmerie
L’Inspection générale de la Gendarmerie roumaine a annoncé vendredi matin qu’elle mènerait un contrôle interne concernant l’amende infligée à Marian Rădună, afin d’évaluer si la sanction était « proportionnée, justifiée et conforme à la lettre comme à l’esprit de la loi ».
Dans un communiqué, la Gendarmerie a précisé qu’elle « respecte et protège le droit des citoyens à participer à des rassemblements publics, en particulier commémoratifs », et que sa présence visait à garantir l’ordre et la sécurité. Elle reconnaît toutefois que l’officier ayant dressé le procès-verbal « n’a peut-être pas pleinement compris le contexte de l’événement », un hommage aux victimes du Colectiv, « de nature profondément émotionnelle et symbolique ».
L’institution a indiqué que des vérifications seront menées sur l’application de l’amende de 3 000 lei et rappelé qu’elle « a toujours été présente aux côtés des victimes et de leurs familles depuis la tragédie ».
Excuses publiques du chef de la Gendarmerie
Le chef de la Gendarmerie roumaine, Alin Mastan, a présenté des excuses publiques pour l’incident. Il a qualifié la situation de « regrettable », soulignant que, même si des éléments pouvaient formellement justifier une sanction, « le caractère particulier de l’événement devait être pris en compte ».
Il a ajouté : « Nous tirerons les leçons nécessaires afin de gérer à l’avenir de tels moments avec davantage d’équilibre. » Mastan a rappelé que les gendarmes avaient été présents la nuit de la tragédie et continuaient d’assurer l’ordre public lors de chaque commémoration, exprimant à nouveau « leurs condoléances aux familles et leur compassion envers ceux qui portent encore les traces de cette tragédie ».
Source : Romania Journal.ro







