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Connaissez-vous l'épisode terrible de la "Peste de Caragea" ?

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Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

Saviez-vous qu'au 19e siècle, un événement tragique marqua la vie des Roumains et plus particulièrement des Bucarestois: une épidémie de peste ravagea la ville faisant des milliers de morts. Cet épisode est connu sous le nom de la Peste de Caragea, un fléau qui s’est abattu sur la capitale et a décimé environ la moitié des habitants de Bucarest.

Ioan Gheorghe Caragea était un prince grec phanariote au service du gouvernement ottoman, qui fut choisi pour être prince de la Valachie en 1812. Dès son arrivée à la capitale, un événement tragique se produisit : un incendie ravagea la résidence princière située sur Dealul Spirii. Les Bucarestois virent cela comme un présage terrible. Et, en effet, un an seulement après son arrivée au pouvoir, en 1813, une épidémie de peste éclata au sein du Royaume. On raconte que la peste fut ramenée depuis Constantinople par un homme de la suite de Caragea et qui fut l'un des premiers à mourir de la peste.

Dès le début de l'épidémie, Caragea se réfugia au Monastère Cotroceni. Très vite on imposa une quarantaine aux Bucarestois et les portes de la ville furent closes. Les étrangers et les non-résidents furent expulsés et personne ne pénétrait dans la ville sans une inspection préalable. Tout l'argent qui rentrait à Bucarest était désinfecté au vinaigre avant d'être utilisé, tout comme les marchandises. Les marchés, les écoles et les troquets furent fermés. Les autorités décrétèrent même que la vente de l'alcool se ferait exclusivement par une petite fenêtre pour éviter autant que possible la contamination.

Les prêtres et les employés de la mairie étaient chargés de faire chaque jour du porte à porte pour vérifier s'il y avait de nouvelles victimes ou de nouveaux malades parmi la population et ceux qui cachaient des personnes malades étaient immédiatement bannis de la ville et leurs biens étaient confisqués ou tout simplement brûlés.

Malgré toutes ces mesures extrêmes, la peste fit des ravages, et les hôpitaux dédiés aux malades de la peste furent rapidement surpeuplés, surtout qu’à l'époque, Bucarest comptait seulement 2 hôpitaux fonctionnels: Coltea et Pantelimon.

Mais les malheurs des Bucarestois ne s'arrêtèrent pas là. La maladie déclencha un véritable chaos dans la ville dont les responsables étaient les ciocli, des hommes chargés de transporter les morts mais aussi les malades contre une bonne paye. Les ciocli étaient des personnes qui avaient déjà contracté la peste et en étaient guéris, ils étaient donc considérés comme étant totalement immunisés contre elle. Une grande majorité d'entre eux abusèrent de ce statut, et très rapidement, ils semaient la terreur un peu partout dans la ville, commettant de nombreux larcins et viols. Ils débarquaient dans les maisons des personnes saines et les menaçaient de les contaminer en leur jetant dessus les vêtements des pestiférés. On raconte même que lorsqu'ils passaient devant des maisons de riches, ils jetaient dans leurs cours des chiffons arrachés aux pestiférés pour répandre la maladie. Ils étaient aussi accusés d’emmener les malades directement à la fosse commune plutôt qu'à l'hôpital et de les enterrer vivants. Dans un rapport établi par un ciocli on pouvait lire: "Aujourd'hui j'ai ramassé 15 morts, mais je n'ai enterré que 14 car l'un d'eux s'est enfui".

Les horreurs commises par les ciocli déclenchèrent un épisode connu comme la "révolte des pestiférés" quand de nombreux malades atteints de la peste s'opposèrent aux eux et tuèrent même 10. A partir de ce moment, les autorités décidèrent de prendre des mesures d'urgence : les ciocli seraient désormais accompagnés d'employés de la mairie pour veiller au bon déroulement des opérations.

Environ deux ans et demi après l'éclatement de l'épidémie, celle-ci allait enfin finir par disparaître. Le bilan fut des plus désolants : 70 000 morts dans tout le pays dont environ 40 000 à Bucarest. Cette épidémie restera d'ailleurs dans les annales comme étant une des épidémies les plus dévastatrices que la Roumanie ait jamais connue.

Avec la fin de l'épidémie, les Bucarestois qui s'étaient enfuis de chez eux revenaient en ville et, après avoir pleuré leurs morts, certains ont commencé à voir les bons côtés des choses. Les jeunes ont hérité des biens de leurs parents décédés, les garçons se retrouvant avec une petite fortune et les filles avec une bonne dot. Et on raconte qu'une véritable explosion de mariages a déferlé sur la la ville.

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

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