BOXE - Le nouveau pari de Brahim Asloum

À 31 ans, l'ancien champion olympique et champion du monde de boxe se lance dans un nouveau défi : la World Series of Boxing. Ce championnat du monde amateur, calqué sur le système de la NBA et de ses franchises, veut redorer le blason de la boxe, qu'elle soit amateur ou professionnelle, trop souvent critiquée pour son opacité

Brahim Asloum, ancien champion olympique et WBA des mi-mouche (photo AFP)

Paris United dispute vendredi soir son premier match à domicile dans le cadre de la nouvelle ligue mondiale de boxe : World Series of Boxing. Après une première défaite à Milan la semaine dernière (2-3), les boxeurs parisiens ne veulent pas rater la première marche du nouveau défi leur président Brahim Asloum.

Un concept novateur
Créé par l'Association Internationale de Boxe Amateur (AIBA), ce championnat du monde par équipes se dispute sur trois continents : l'Europe (Istanbul, Milan, Moscou,  Paris), l'Asie (Astana, Bakou, New Delhi, Pékin), et l'Amérique du Nord (Chicago, Los Angeles, Miami, Mexico). Les quatre franchises de chaque continent vont se rencontrer quatre fois chacune (deux fois à domicile, deux fois à l'extérieur). Chaque réunion comprend cinq combats de cinq rounds de trois minutes. On dénombre cinq catégories : coq (54 kg), légers (61 kg), moyens (73 kg), mi-lourds (85 kg) et lourds (- 91 kg). Les vainqueurs des trois conférences ainsi que le meilleur deuxième se retrouveront en demi-finales. Enfin, les deux meilleurs de chaque catégorie individuelle s'affronteront dans un championnat individuel.

Le sésame olympique
Pour donner un relief unique à ce projet sans précédent, la WSB offre des places aux Jeux Olympiques pour les meilleurs athlètes de chaque catégorie de poids. Le Comité National Olympique du Sport Française (CNOSF) et la Fédération Française de Boxe (FFB) sont partie prenantes au projet et permettent aux athlètes choisis de bénéficier des installations de l'INSEP et de suivis médical et sportif haut de gamme. Ces athlètes n'ont pas été choisis par hasard. En juin dernier a eu lieu une grande draft, sur le modèle de la franchise nord-américaine de basket, la NBA. 14 boxeurs constituent aujourd'hui le Paris United de Brahim Asloum : neuf Français et cinq étrangers. Tous ont la volonté d'imiter leur président en 2012 à Londres.

Asloum, président !
À seulement 31 ans, Brahim Asloum aurait pu avoir la tentation de rechausser les gants. Mais sa fin de carrière en eau de boudin ne l'a pas incité à le faire. Complètement délaissé par les diffuseurs télé pour son dernier combat, le champion du monde 2007 ne voulait pas revenir sur le ring en tenue de guerrier. Aujourd'hui étudiant en droit du sport et consultant pour RMC, il enfile donc le costume de Président du Paris United. Sa belle carrière amateur avec un titre de champion olympique à Sidney en 2000 lui donnait toute légitimité pour occuper ce poste. Reste à faire monter la mayonnaise de cette nouvelle discipline placée entre la boxe amateur et la boxe professionnelle.

Un projet viable ?
Si le projet de rendre le noble art, miné par les problèmes des multiples fédérations et des verdicts pas toujours cohérents, plus clair et plus accessible est louable, encore faut-il que partenaires, médias et public suivent. En France, c'est L'Equipe TV qui retransmet les pérégrinations des hommes d'Asloum. Une visibilité réduite mais le nouveau président y croit, et veut redonner au public le vrai plaisir de la boxe. La WSB va dans son sens avec la fin du port des casques et des débardeurs ainsi que le pointage révélé au public à chaque fin de round. Brahim Asloum a un budget de 2 millions d'euros (auquel il participe personnellement) pour son équipe. Il s'est entouré de deux anciens employés de NBA Paris pour s'occuper du marketing et de la communication de Paris United. Les paris en lignes, notamment, aideront peut-être Brahim Asloum à relever son nouveau défi.
Si la Halle de Carpentier frémit vendredi soir pour la réception des Kremlin Bears de Moscou, ce sera déjà bon signe pour la suite.

Jérémy Patrelle (www.lepetitjournal.com) mardi 23 novembre 2010