Édition internationale

BOXE - Abdoulaye Fadiga : "On n’a pas encore très bien intégré les valeurs de la boxe thaï"

Encore peu pratiquée en France, la boxe thaï gagne peu à peu du terrain. Sa pratique est encouragée par la montée en puissance des sportifs tricolores, à l'image d'Abdoulaye Fadiga

La boxe thaï, un sport de combat très exigeant (photo Abdoulaye Fadiga)

Poings, coudes, genoux, coups de pied, corps à corps : en boxe thaï, tout est permis ! Elle se différencie ainsi du taekwondo ou du judo par exemple. Luc Mensah, chargé de communication à la fédération, qualifie cette pratique de "mi art martial mi sport de combat".
15.000 licenciés se sont laissés séduire par "l'accessibilité et l'efficacité"de ce sport, à l'image d'Abdoulaye Fadiga, 23 ans (1m80, 71 kilos) qui a débuté dès son plus jeune âge. "J'ai commencé à 13 ans, à Nanterre. C'était plus pour se défouler. Quand on est petit, c'est super éducatif. On a des protections partout, on y va à fond", raconte-t-il.
Ce que confirme en chiffres Luc Mensah : "Le gros des licenciés a entre 15 et 25 ans même s'il y a un étalement jusqu'à 50 ans."Mais tous n'auront peut-être pas la chance de connaître un destin à la Abdoulaye Fadiga, un des meilleurs représentants français de la boxe thaïlandaise.

"Un bon boxeur en Thaïlande, c'est quelqu'un de respecté"
Après avoir remporté plusieurs compétitions interclubs en Ile-de-France, Abdoulaye Fadiga a gravi petit à petit les échelons pour finalement passer pro à 17 ans et demi, après une ultime victoire en championnat de France semi-pro. En 55 combats (53 victoires, 1 nul et 1 défaite), il a obtenu sept titres de champion de France et un de champion du monde en 2007.
Abdoulaye n'a pas hésité à aller s'entraîner en Thaïlande plusieurs mois, "chez le meilleur entraîneur. J'ai gagné tous mes combats car je n'avais rien d'autre à faire que m'entraîner. Le niveau là-bas n'a rien à voir."
D'ailleurs, "les pensionnats d'apprentissage y sont légion"rapporte Luc Mensah. "Les gamins ont entre 7 et 12 ans, ils quittent les campagnes pour gagner des combats et rapporter de l'argent à leur famille. Ils étudient le matin et boxent l'après-midi."Car comme le souligne Abdoulaye Fadiga, "un bon boxeur en Thaïlande est quelqu'un de respecté, c'est un honneur."
Marie VARNIEU. (www.lepetitjournal.com) mercredi 16 avril 2008


Abdoulaye Fadiga : "Aucun boxeur ne peut gagner suffisamment d'argent en restant en France"
À 23 ans, Abdoulaye Fadiga, champion de France et champion du monde, va s'attaquer au summum de la boxe thaï : le titre mondial WBC, le seul reconnu par les Thaïlandais

Bien entouré, Abdoulaye Fadiga se lance à l'assaut du titre mondial WBC (photo DR)

LPJ : Quel est le niveau de la boxe thaï en France ?
Abdoulaye Fadiga : On est dans le TOP 10. On a fini 6ème l'année dernière aux championnats du monde. Mais nous ne sommes pas présents dans toutes les catégories, au contraire de pays comme la Russie, la Turquie, la Hollande ou le Kazakhstan. Sinon, c'est en Thaïlande qu'on trouve les meilleurs boxeurs. Le problème est qu'ils ne reconnaissent que le titre de champion du monde WBC. Le reste n'a pas réellement de valeur pour eux. 

Un titre WBC que tu vas tenter de conquérir dans quelques semaines !
Je devrais combattre pour ce titre en juin. Je vais partir en Thaïlande un mois et demi avant pour m'habituer aux conditions. En face, j'aurai une machine ! Le top des boxeurs thaïlandais court au minimum 30 Km par jour, s'entraîne deux heures le matin, deux heures le soir;et ça depuis tout jeune.

Un boxeur français doit-il nécessairement partir à l?étranger pour vivre de sa passion ?
Déjà, pour moi, un boxeur ne peut être complet sans avoir été en Thaïlande. Ensuite, même si ça commence à bouger avec des matchs diffusés sur Canal+ et Eurosport, il n'y a pas assez de réunions en France. Aucun boxeur ne peut gagner suffisamment d'argent en restant ici.

Comment vis-tu de la boxe thaï ?
On est payé par des cachets : primes de matches et primes équipe de France. Il y a deux styles d'organisations : un championnat européen ou mondial avec l'équipe de France où 100 pays se retrouvent pour des matches à élimination directe ou des galas organisés par un promoteur. Là tu peux prendre 6.000? contre 1.000? pour un championnat.

Comment les boxeurs thaïs sont-ils pris en charge ? 
On est en agrément Jeunesses et Sports, il y a donc un financement de l'État. Depuis qu'il n'y a plus qu'une seule fédération reconnue par l'État, tout va mieux. Avant chacun faisait avec ses propres moyens. Maintenant, on a régulièrement des stages en équipe de France dans les CREPS : Centres Régionaux d'Éducation Physique et Sportives. Il y a un sélectionneur, un entraîneur, et des préparateurs physiques. Il y a un vrai budget, ça arrange les choses.
Propos recueillis par Jérémy PATRELLE. (www.lepetitjournal.com) mercredi 16 avril 2008

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.