Une parfaite unité de temps, de lieu et d’action digne d’une tragédie classique, un texte ramassé – 46 pages, ce que les Anglo-Saxons appellent une « novella », à mi-chemin entre la nouvelle et le roman – et au bout du compte, une œuvre que l’on reçoit comme un coup de poing à l’estomac. Le Père est un récit dont l’impact est inversement proportionnel à sa longueur.
L'écrivain tamoul Imayam
Le Père est dû à la plume de l’écrivain Imayam du Tamil Nadu, le grand État de la pointe sud-est de l’Inde. V. Annamalai dit Imayam, est né en 1964. Révélé au public tamoul dans les années 90, il est l’auteur d’une œuvre imposante (cinq romans, six recueils de nouvelles, une novella) couronnée par de nombreux prix littéraires.
Le Père, un roman percutant
L’auteur, qui ne s’embarrasse pas de fioritures, plonge d’emblée le lecteur dans un bain plutôt glacé.
L’histoire commence par une conversation dans les rues d’un village tamoul. Un père, Palani, et son épouse multiplient les promesses solennelles :
Dès le lendemain, ils auront tué leur propre fille.
Leurs nombreux interlocuteurs – tout le village est rassemblé – insistent avec force. Car ce n’est pas la première fois que le père de famille a formulé de telles promesses, sans jamais les concrétiser.
Au fil de la conversation générale fusent les conseils méthodologiques : il y a ceux qui préconisent le poison, d’autres conseillent aux parents d’étrangler leur fille avec un pan de son sari. Un point suscite l’unanimité, en tout cas : la fille en question ne peut rester en vie.
Comme on le comprend vite, son crime est d’importance :
Elle prétend vivre avec l’homme dont elle est tombée amoureuse.
Or, la communauté villageoise appartient à une caste qui n’est jamais précisée mais qui semble située quelque part vers le milieu de l’échelle des castes, formée de paysans petits propriétaires terriens, tandis que l’homme choisi par la fille est un dalit, c’est-à-dire un intouchable. C’est l’honneur de toute la communauté qui est en jeu : la fille veut « déshonorer sa caste », constate-t-on, tandis que le représentant du parti politique local explique :
Il faut la tuer pour les mille familles qui vivent ici et qui ont besoin d’un peu de décence.
Il ne faudrait pas croire que les villageois font preuve d’impulsivité en voulant la mort de la jeune fille. Non, ils se sont en fait montrés très patients. Comme ils le rappellent, ils ont tout essayé pour mettre un terme aux relations contre-nature des deux amoureux...
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Article écrit par Patrick de Jacquelot pour le site Asialyst