Le Namakatti de Jaderi (ou Jaderi Tiruman) sont de petits bâtonnets d'argile, des sortes de craies généralement blanches, utilisées dans le cadre de rituels religieux. Ils ont été inscrits au Registre des Appellations d’Origine Contrôlée en 2023 - 2024.
Le Namakatti est l'un des nombreux objets typiques de l'Inde dont le nom n'a pas de traduction dans une autre langue, soit parce qu'ils sont uniques au pays, soit parce qu'ils sont directement liés à la pratique de l'hindouisme, majoritaire dans le pays, mais très peu étendu en dehors de ses frontières, sauf dans les communautés d’émigrants indiens elles-mêmes.
Qu'est-ce qu'un Namakatti ?
Les namakatti sont de petits bâtonnets d'argile, généralement blancs, utilisés dans le cadre de rituels religieux pour tracer des lignes, par exemple sur le front des croyants.
De la taille d'un doigt, ces bâtonnets à la texture douce sont obtenus à partir de silicates qui forment des particules d'argile à grains fins. Cette argile naturelle est transformée pour former du namakatti, puis façonnée en petits bâtonnets pour leur commercialisation.
On les trouve en différentes tailles, mais la plus courante avoisinne la taille du doigt d'un homme adulte.
La ville de Jaderi
La fabrication du namakatti est réalisée dans la petite ville de Jaderi, près de Kanchipuram dans le nord du Tamil Nadu, depuis environ trois siècles. Aujourd’hui, environ 120 familles y sont spécialisées dans la production de namakatti. Leur production est exportée dans toute l'Inde.
L'argile blanche sacrée utilisée pour fabriquer le namakatti est prélevée près d’un village appelé Thenpoondipattu, 525 habitants, qui attend toujours une référence sur Wikipédia. Mais ce sont les habitants de Jaderi qui se sont spécialisés dans la transformation de cette argile. Le processus est long et fastidieux, mais s’est perfectionné au fil du temps.
La connaissance du processus de transformation de l'argile en namakatti se transmet traditionnellement de père en fils au sein de la famille.
Comment sont fabriqués les namakatti ?
Le processus commence par l’identification de l’argile par des personnes expérimentées. Les roches ainsi sélectionnées sont ensuite broyées dans des moulins traditionnels, encore aujourd'hui actionnés par des bœufs.
L'argile n'est pas naturellement blanche. Pour qu’elle prenne cette couleur, après le broyage, elle doit être filtrée et stockée en cuve pendant 20 jours. Puis, lorsque l’argile a la couleur désirée, elle est découpée en bâtonnets ou en petits blocs en forme de doigt et laissée sécher au soleil pendant 3 à 4 jours. Le processus dépend donc des conditions météorologiques.
L’ensemble prend environ un mois. Aucune machine ni nouvelle technologie n’est utilisée. Les namakattis sont entièrement naturels et faits à la main.
Une fois la fabrication terminée, les namakattis sont envoyés à Chennai et de là, la commercialisation est effectuée vers les temples en Inde et à l'étranger.
Pour résumer : les artisans vendent leur production à des agents qui les revendent, réalisant des profits impensables pour les habitants de Jaderi. C'est l'une des raisons qui les a poussés à promouvoir l'inscription du namakattis au Registre : en faisant reconnaitre l’origine de leur production comme unique et spéciale, ils espèrent augmenter leurs revenus.
À quoi sert un namakatti ?
Le namakatti a une signification culturelle très importante et comme tant d’autres métiers traditionnels, son origine est liée aux rituels religieux. Sa fonction principale et presque unique est ainsi d'appliquer le thirunamam qui représente « le nom sacré de Dieu » sur le front des croyants ou pour décorer celui des idoles et des éléphants des temples.
Les Indiens forment une population superstitieuse, et les namakattis se trouvent dans de nombreux foyers, où ils sont utilisés lors des poojas ou cérémonies religieuses. On les utilise aussi pour protéger les nouveau-nés des éruptions cutanées. Autrefois, ils permettaient également aux croyants, via les marques qu’ils se traçaient sur le front (le tilak) d’identifier à quelle Varna chacun appartenait.
L'un des signes extérieurs les plus visibles de l'identité du croyant hindou sont les marques placées sur le front appelées tilak, bien que les plus dévots les appliquent également sur le cou, les épaules ou les bras.
Il n’existe pas un seul type de tilak, mais plusieurs et chacun a sa propre signification et sa manière de le représenter. Les dévots de Vishnu décorent leur front avec un motif différent de celui des dévots de Shiva et ainsi de suite, mais c'est quelque chose qui est difficile à identifier sauf pour les hindous qui se reconnaissent toute de suite entre eux. En principe, les dévots de Vishnu utilisent le tilak en forme de U censé protéger des mauvais esprits et les dévots de Shiva portent un tilak composé de trois lignes horizontales.
Où les acheter et à quel prix ?
Un paquet d'environ 80/100 Namakattis vendu par un fabricant dans le village vaut environ 20 INR (25 centimes d’euro). En ville, ce même paquet est vendu pour 180 INR (2 €). Les artisans de Jaderi aimeraient donc avoir un meilleur contrôle sur la commercialisation, et ainsi augmenter leurs revenus.