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Augmentation de la pauvreté dans le monde, l’Inde très concernée

Un vieil homme dans une ruelle d'un bidonville de MumbaiUn vieil homme dans une ruelle d'un bidonville de Mumbai
simonfrederic57
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 11 octobre 2022, mis à jour le 19 décembre 2023

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, intitulé Poverty and Shared Prosperity 2022 : Correcting Course, la pandémie de Covid-19 a eu un impact important sur la lutte contre la pauvreté dans le monde et a inversé la tendance à la baisse en cours depuis plusieurs décennies.

 

"Il est peu probable que le monde atteigne l'objectif de mettre fin à l'extrême pauvreté d'ici 2030 en l'absence de taux de croissance économique défiant l'histoire pour le reste de la décennie", indique le rapport.

Au cours des cinq années précédant la pandémie, la réduction de la pauvreté avait ralenti et le monde était déjà très loin de l'objectif mondial de mettre fin à l'extrême pauvreté d'ici 2030. Le rapport de la Banque mondiale prévoit que 7 % de la population mondiale, soit environ 574 millions de personnes, vivront toujours dans l'extrême pauvreté en 2030. Ce chiffre est très éloigné de l'objectif mondial de 3 % en 2030.

 

Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde a augmenté en 2020

Selon le rapport de la Banque mondiale, la pandémie a fait augmenter le taux d'extrême pauvreté dans le monde à un niveau estimé à 9,3 % en 2020 - contre 8,4 % en 2019. Cela signifie que plus de 70 millions de personnes ont basculé dans l'extrême pauvreté à la fin de 2020, portant le total mondial à plus de 700 millions. C’est la plus forte augmentation en un an depuis le début du suivi mondial de la pauvreté en 1990.

L'année 2020 a marqué un tournant historique : une ère de convergence des revenus mondiaux a fait place à une divergence mondiale. Les personnes les plus pauvres du monde ont été les plus affectés par la pandémie. Les revenus des pays les plus pauvres ont chuté beaucoup plus que ceux des pays riches. En conséquence, les pertes de revenus des plus pauvres dans le monde ont été deux fois plus importantes que celles des plus riches et les inégalités mondiales ont augmenté pour la première fois depuis des décennies. 

Les plus pauvres ont également souffert de manière disproportionnée dans de nombreux autres domaines qui affectent directement leur bien-être. Par exemple, ils ont subi d'importants revers en matière de santé et d'éducation, avec des conséquences dévastatrices, notamment une mortalité prématurée et des pertes d'apprentissage prononcées. Ces reculs, s'ils ne sont pas pris en compte par les pouvoirs publics, auront des conséquences durables sur les perspectives de revenus des individus tout au long de leur vie, conclut le rapport de la Banque mondiale. 

 

L'impact des facteurs autres que monétaires sur la pauvreté

 

 

La reprise économique après la pandémie de COVID-19 a été inégale. Les économies les plus riches se sont remises de la pandémie à un rythme beaucoup plus rapide que les économies à revenu faible ou intermédiaire. La hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, alimentée par les chocs climatiques et les conflits entre les plus grands producteurs de denrées alimentaires du monde, a empêché une reprise rapide. D'ici à la fin de l'année 2022, pas moins de 685 millions de personnes pourraient encore vivre dans l'extrême pauvreté. 

 

L'augmentation de la pauvreté dans les pays les plus pauvres reflète des économies plus informelles, des systèmes de protection sociale plus faibles et des systèmes financiers moins développés.

 

Le rapport note que cependant, plusieurs économies en développement ont remporté des succès notables au cours de la pandémie et en particulier l’Inde qui a fourni une aide alimentaire ou monétaire à 85 % des ménages ruraux et 69 % des ménages urbains durant l'année 2020.

 

Le rapport conclut que malgré des circonstances mondiales et nationales difficiles, les décideurs politiques doivent redoubler d'efforts pour faire croître leurs économies dans les années à venir, tout en accordant une attention particulière aux bénéficiaires de cette croissance. La nécessité d'une croissance qui stimule les revenus des plus pauvres ne pourrait être plus grande qu'aujourd'hui. 

 

80 % des personnes qui ont sombré dans la pauvreté en 2020 à cause de la pandémie de COVID-19 seraient en Inde 

La pauvreté globale en Inde était en baisse entre 2011 et 2020, en grande partie en raison d'une réduction de la pauvreté dans les zones rurales. En 2019, l'Asie du Sud représentait encore la part la plus élevée de pauvres dans le monde en dessous du seuil de pauvreté de 3,65 USD par jour (43 %) et de 6,85 USD par jour (42 %). En Inde, en 2019, 595 millions de personnes vivaient avec moins de 3,65 USD par jour. 

 

Répartition de la pauvreté dans le monde en 2019

 

En 2020, selon les estimations de la Banque mondiale, près de 80 % des personnes qui ont sombré dans la pauvreté à cause de la pandémie de COVID-19 sont en Inde, soit 56 millions d’Indiens sur les 70 millions de personnes dans le monde qui sont devenues pauvres cette année-là. En 2020, l'Inde a subi un confinement long et strict entrainant un arrêt quasi total de l’activité économique pendant plusieurs mois et une contraction économique prononcée. Le PIB par habitant en 2020 en Inde a diminué de 7,5 %.

 

Le rapport précise : “Comme les estimations de la pauvreté en 2020 à partir des données des enquêtes sur les ménages en Inde sont encore en cours de finalisation, il existe une incertitude considérable quant aux estimations de l'augmentation de la pauvreté en Inde en 2020. Une projection basée sur les chiffres nationaux implique une augmentation de 23 millions, tandis que les estimations initiales utilisant les données du Centre for Monitoring Indian Economy suggèrent une augmentation de 56 millions. C’est ce dernier chiffre qui est utilisé pour l'estimation globale. Bien que le chiffre final puisse être supérieur ou inférieur, tout porte à croire que le choc mondial sur la réduction de la pauvreté résultant de la pandémie a été historiquement important.”

 

 


Les données les plus récentes publiées par le National Sample Survey Office of India et utilisées pour mesurer la pauvreté sont celles de l'enquête nationale par sondage (NSS) de 2011/2012. Le gouvernement indien a décidé de ne pas publier le cycle 2017/2018 de la NSS en raison de préoccupations concernant la qualité des données. C’est pourquoi, en 2022, les experts de la Banque mondiale se sont appuyés, tout en les ajustant, sur les données sur les ménages en Inde de 2015 à 2020 publiées par le Centre for Monitoring Indian Economy, une société de données privée. 


 

En 2022, le National Sample Survey Office of India est en cours de réalisation d’une enquête sur les ménages qui fournira des statistiques officielles actualisées sur la pauvreté en Inde.

 

Les inégalités se sont aussi accrues en Inde depuis 2020

Un rapport d'Oxfam Inde sur la montée des inégalités estime que 46 millions d'Indiens seraient tombés dans l'extrême pauvreté en 2020 alors que le nombre de milliardaires indiens est passé de 102 à 143 pendant la même période.
 

"La richesse des dix Indiens les plus riches suffirait à financer l'enseignement scolaire et supérieur des enfants indiens pendant 25 ans", indique un communiqué d'Oxfam.

En Inde, la richesse des milliardaires pendant la pandémie (de mars 2020 au 30 novembre 2021) est passée de 313 milliards de dollars à 719 milliards de dollars. En revanche, selon les données du CMIE pour 2021, 84 % des ménages indiens auraient subi une baisse de leurs revenus au cours d'une année marquée par des pertes de vies et de moyens de subsistance sans précédent.
Le rapport indique que 142 milliardaires indiens possèdent plus de richesses (719 milliards de dollars) que 555 millions de personnes (657 milliards de dollars, 40 % de la population la plus pauvre). 

 

 

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