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Stéphane Doutrelant, le nouveau Directeur de l'AF de Bombay

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Écrit par Isabelle Bonsignour
Publié le 2 décembre 2020, mis à jour le 19 décembre 2023

Le nouveau Directeur de l’Alliance Française de Bombay, Stéphane Doutrelant qui a effectué l’essentiel de sa carrière au sein du réseau de coopération culturelle à l’étranger est ravi d'être de retour en Inde, pays dans lequel il a fait ses premières armes. Après une quatorzaine d’isolement obligatoire imposée par le gouvernement de l’Etat du Maharashtra et surveillée de près par le syndic de son immeuble, Stéphane Doutrelant a enfin pu se rendre dans les locaux de l’Alliance Française de Bombay. Plus de deux mois après son arrivée, il nous a avoué n’avoir toujours pas pu rencontrer les principaux partenaires de l’Alliance et avoir mis du temps à rencontrer tout son personnel du fait des règles encore en place. La situation actuelle ne facilite pas une arrivée dans un nouveau pays. 

 

lepetitjournal.com Bombay : Bonjour, afin de vous présenter à nos lecteurs, pouvez-vous résumer votre parcours avant ce nouveau poste ?

Stéphane Doutrelant : Bonjour, permettez-moi d’abord de vous dire tout le plaisir que j’ai de retrouver l’Inde, pays qui me tient à cœur, et de rejoindre l’Alliance française de Bombay, un des principaux établissements de notre réseau mondial.

Après un premier poste de coopérant (ndlr : ancien nom des Volontaires Internationaux) en Thaïlande, que je dois sans doute à mes études de thaï à l’Inalco, j’ai saisi l’opportunité de rejoindre le Consulat Général de France à Pondichéry comme Attaché de coopération pour le français. Angliciste de formation, spécialiste de littérature et de traduction, j’ai travaillé avec la nouvelle université centrale de Pondichéry pour monter un département de traduction et d’interprétation français-anglais. Les doutes que j’avais sur cette expatriation ont vite disparu et alors que j’avais initialement signé pour une période de trois ans, j’y suis resté six ans. Cette expérience enrichissante m’a toujours donné envie de revenir en Inde. 

Après mon séjour indien, j’ai été affecté à Ho Chi Minh Ville au Vietnam, un pays que j’ai beaucoup apprécié. J’y ai exercé en tant qu’Attaché de coopération éducative pendant cinq ans. A mon retour en France, j’ai rejoint un établissement public français, le CIEP (Centre International d’Etudes Pédagogiques) où j’ai dirigé le département en charge des programmes bilatéraux d’échange d’assistants de langues, un des principaux programmes de mobilité étudiante en France.

En 2005, nouvelle expatriation à la Direction de l’Alliance Française de Bangkok jusqu’en 2009, puis à celle de Manille jusqu’en 2013. Enfin, je viens de passer les dernières années à la Direction Générale de la Mondialisation du Ministère des Affaires Étrangères, en charge de la coopération culturelle, scientifique, linguistique et éducative. Ce fut une période qui m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel. Je m’occupais de la tutelle administrative et financière du réseau des Instituts français en Asie, un poste technique mais passionnant. Je chapeautais notamment la Chine, Taiwan et Hong Kong, mais aussi la Corée du nord, par exemple, où la France a une petite équipe de deux personnes.

Mais au final, l’appel de l’expatriation a été le plus fort, et me voilà ravi d'être de retour en Inde !

 

Vous venez de prendre vos fonctions. Comment envisagez-vous votre mission à Bombay ?

L’Alliance Française de Bombay est une Alliance qui fonctionne bien, attire de nombreux étudiants et dispose d’une trésorerie positive. Avec 6 500 étudiants en 2019, elle se place au premier rang des 14 Alliances françaises d’Inde. Elle peut également s’appuyer sur des équipes et sur un corps professoral de qualité. Je connais par ailleurs déjà un peu le fonctionnement de l’Inde, ce n’est donc pas un saut dans l’inconnu, mais plutôt un retour dans un pays qui m'intéresse et me motive. C’est donc avec une grande dose d’enthousiasme que j’aborde ce nouveau poste, malgré les restrictions imposées par la pandémie de coronavirus.

Je suis encore en début de mission, mais j’ai déjà identifié plusieurs priorités que j'espère pouvoir mettre en oeuvre. Trois axes me semblent ainsi prioritaires : 

  • Accroître le rayonnement culturel de l’établissement, un vrai défi à Bombay.
  • Déménager le siège de l’Alliance dans des locaux plus adaptés, à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre à Bombay.
  • Réorganiser le fonctionnement de l’établissement en introduisant des processus administratifs et un reporting plus en phase avec la taille de l’établissement.

 

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L'auditorium actuel de l'Alliance Française de Bombay

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet immobilier que vous venez d'évoquer ?

Les locaux actuels appartiennent à la Société de théosophie qui nous accueille avec un loyer modéré mais ils ne permettent pas à l’Alliance d'être une vitrine de la relation bilatérale entre l’Inde et la France. Leur localisation dans le sud de la ville est aujourd'hui un désavantage, le centre névralgique de Mumbai s'étant déplacé plus au nord. De plus, la superficie disponible est réduite. En temps normal, la médiathèque et l’auditorium servent aussi de salles de cours pour combler le manque de place.

L'objectif est de déménager le siège plus au nord tout en gardant les locaux actuels comme salles de classe, à l’image de nos annexes de Santa Cruz, Vashi et Nashik. Le nouveau siège doit être plus vaste et permettre de faire la promotion de la France et des échanges culturels et éducatifs franco-indiens. Outre les espaces dont nous disposons actuellement (médiathèque, auditorium…) il pourrait comprendre un espace galerie, un café, lieu de rencontre et de convivialité, et quelques salles de classe supplémentaires pour permettre au lieu de vivre.

 

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L'Alliance Française à Santacruz

 

J’ai déjà travaillé sur des projets immobiliers lors de mes précédentes affectations dans les Alliances Françaises de Bangkok et de Manille. J’ai donc une certaine expérience du sujet que j'espère pouvoir mettre au service de l’Alliance de Bombay. Mon Conseil d’administration soutient la démarche et nous procédons actuellement à une étude de faisabilité.

 

Comment gérez-vous la situation actuelle dans laquelle le gouvernement du Maharashtra interdit toujours la tenue des cours en présentiel et avec des transports publics qui ne fonctionnent pas à pleine capacité ?

Dès le début du confinement indien, le réseau des Alliances Françaises en Inde a basculé sur un système de cours en ligne qui fonctionne bien. Si la période avril-juin a été marquée par un net recul des inscriptions, les étudiants reviennent depuis l’été à la faveur de cours en ligne dont ils ont constaté l’efficacité. 

Nous nous préparons aujourd’hui à la reprise des cours en présentiel, avec des classes moins chargées et des formules hybrides qui permettront aux étudiants de continuer à suivre une partie des cours à distance.

L’autre difficulté concerne effectivement la reprise du travail en présentiel pour le personnel. Avec la réouverture des lignes de train, la très grande majorité de mes collaborateurs reviennent au bureau, mais par bordées et dans le respect du cadre légal. 

 

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Diwali à l'Alliance Française

 

Un mot de conclusion ?

La force des Alliances françaises, c’est leur statut associatif et de droit local qui leur confère un ancrage sans pareil dans leurs pays d’accueil. En Inde, comme ailleurs, la gouvernance des Alliances françaises repose sur un dialogue entre le directeur, nommé par le ministère français des Affaires étrangères et par la Fondation Alliance française, et le Comité, ou Conseil d’administration, composé de personnalités francophones et francophiles. A Mumbai, la diversité des profils et des compétences des membres du Comité est un atout pour le développement de notre établissement. Nous avons également la chance d’avoir un président, M. Nadir Godrej, dont l’engagement aux côtés de l’Alliance et au service des échanges culturels entre la France et l’Inde représentent un puissant soutien.

 

 

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