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G20 2023 Inde : un consensus mais pas de grandes avancées

Les membres du G20, qui se réunissaient les 9 et 10 septembre à New Delhi, ont publié une déclaration conjointe dès le samedi soir. Une déclaration qui se targue d’obtenir 100 % de consensus, mais qui, sur le fond, ne propose pas de grandes avancées.

Le logo et la devise du G20 2023 sous la présidence de l'IndeLe logo et la devise du G20 2023 sous la présidence de l'Inde
Photo : G20 India
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 12 septembre 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

À la fin du sommet de Delhi, Narendra Modi a passé le bâton du G20 à Lula, le Président brésilien, dont le pays assurera la présidence à partir de décembre 2023. Même si la cérémonie de transfert a eu lieu, l’Inde conserve encore la présidence jusqu’à la fin de son mandat d’un an, c'est-à-dire novembre 2023. Narendra Modi a d’ailleurs appelé à la tenue d’un sommet virtuel au mois de novembre pour analyser les avancées faites sur les projets décidés lors du sommet. 

 

L’Union africaine intégrée au G20 lors du sommet de New Delhi

La plus grande victoire pour le G20, en dehors d’avoir mis l’Inde sur le devant de la scène internationale, c’est bien l'intégration en son sein de l’Union africaine.

L’Afrique du Sud était jusqu’ici le seul pays africain représenté au G20. Une décision interprétée comme un signal fort pour le continent. Établie dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, l’organisation panafricaine compte 55 pays membres (dont six suspendus).

Pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, l’intégration de l’UA au G20 offre “un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour son efficace contribution à relever les défis mondiaux” alors que le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rappelé que “les économies en développement sont les premières touchées par le changement climatique, alors qu’elles sont les moins responsables de cette crise” avant d’ajouter “nous sommes une seule et même famille”.

 

Une seule et même famille, la devise de la présidence indienne du G20

La présidence indienne du G20 l’a martelé tout au long de l'année : “one Earth, one family, one future”, “une planète, une famille, un futur”. Le message semble avoir été repris par l’ensemble des pays du G20 que ce soit dans le préambule de la déclaration commune ou lors des divers entretiens rapportés à la presse. 

De même, ces derniers déclarent :

 

Les décisions que nous prenons maintenant déterminent l’avenir de notre peuple et de notre planète. C’est avec la philosophie de vivre en harmonie avec notre écosystème environnant que nous nous engageons à prendre des mesures concrètes pour relever les défis mondiaux.

 

Des défis mondiaux : la guerre en Ukraine

Et quels défis mondiaux… Celui qui a sûrement été le plus compliqué reste encore la guerre entre la Russie et l’Ukraine. 

Alors que beaucoup prédisaient l'impossibilité de trouver un consensus sur la situation en Ukraine, la Russie étant membre du G20, ils ont néanmoins réussi à inclure une mention de la guerre dans la déclaration… sans pour autant condamner nommément la Russie pour l’invasion de l’Ukraine.

 

La déclaration conjointe sur le sujet aurait demandé plus de 200 heures de négociations, 300 rencontres bilatérales et 15 brouillons.

 

Ils ont ainsi déclaré “Concernant la guerre en Ukraine, tout en rappelant la discussion à Bali, nous avons réitéré nos positions et résolutions nationales adoptées au Conseil de sécurité de l’ONU et à l’Assemblée générale de l’ONU (A/RES/ES-11/1 et A/RES/ES-11/6) et souligné que tous les États doivent agir conformément aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations Unies dans son intégralité. Conformément à la Charte des Nations Unies, tous les États doivent s’abstenir de menacer ou d’utiliser la force pour rechercher l’acquisition territoriale contre l’intégrité territoriale et la souveraineté ou l’indépendance politique de tout État.” Ils appellent à une résolution pacifique du conflit, demandent la cessation des destructions d’infrastructures et rappellent que “l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires est interdite”.

Le parti pris clairement énoncé est que l’objectif du G20 n’est pas de s'immiscer dans les affaires géopolitiques mais que ses membres sont conscients de l’impact de ces situations au niveau mondial, notamment sur des questions comme la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, l’inflation…, avant d’ajouter “Il y a eu différentes opinions et évaluations de la situation”.

 

“Une déclaration dont le G20 n’a pas de quoi être fier”, a réagi un porte-parole du gouvernement ukrainien.

 

Le défi climatique

Le dossier central du G20 était bien sûr celui sur le changement climatique et les objectifs du développement durable (ODD). À mi-chemin de l’échéance de 2030, les progrès mondiaux en matière des ODD sont sur la mauvaise voie, avec seulement 12 % des objectifs en passe d'être atteints.

Le G20 rappelle que “des années de défis et de crises en cascade ont inversé les progrès du Programme 2030 et de ses ODD”. Il réitère leurs engagement pour les ODD et les accords de Paris et affirme que “Nul ne devrait avoir à choisir entre combattre la pauvreté et combattre pour la planète”. Il s’engage même à ce que, dans ce même esprit d’une même famille, personne ne soit laissé de côté. 

Ensemble, les pays du G20 représentent 80 % des émissions de gaz à effet de serre, mais tous ne sont pas égaux face aux changements climatiques et face aux responsabilités historiques. S’ils appellent chaque membre à respecter ses engagements personnels et réitèrent le principe de responsabilités communes mais différenciées (RCMD), la déclaration ne contient pas d’appel à sortir à terme des énergies fossiles polluantes. La seule avancée en matière de climat serait peut-être l’engagement à “poursuivre et encourager les efforts visant à tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables” d'ici 2030.

De la même manière, la déclaration commune réitère le besoin de ne pas aller au delà des 1,5 °C de réchauffement, la nécessité de “réduire les émissions de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2019” et l’engagement à “accélérer d’urgence nos actions pour faire face aux crises et aux défis environnementaux, y compris le changement climatique” sans pour autant définir des objectifs contraignants.

Enfin, le problème de la constitution d'un fond d’aide pour les pays les plus vulnérables subsiste pour la COP 28, qui aura lieu en décembre à Dubaï.


 

Si l’Inde a clairement réussi sa présidence, c’est donc une victoire en demi-teinte pour les pays du G20 et pour le monde. Peut-être que le Brésil de Lula, à qui l’Inde vient de passer le flambeau, parviendra à obtenir de plus grandes avancées.

 

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