Difficile d’ignorer la présidence indienne du G20 : dans chaque grande ville d’Inde, des dizaines de posters avec le Premier ministre Narendra Modi en avant-plan et un slogan : “one Earth, one family, one future”, soit “une planète, une famille, un futur”. Les 9 et 10 septembre 2023, les chefs d’État des pays du G20 se rencontreront à Delhi. On vous explique la présidence indienne du G20.
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Qu’est-ce que le G20 ?
Le G20 a été fondé en 1999 après la crise financière asiatique de 1997-1998 comme un forum informel pour les ministres des Finances, les banques centrales des pays industrialisés et les économies en développement pour discuter de la stabilité économique et financière internationale. Aujourd’hui c’est le principal forum de coopération économique internationale.
Il est composé de 19 pays (l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la République de Corée, le Mexique, la Russie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis) et de l’Union Européenne. Ils représentent environ 85 % du PIB mondial, plus de 75 % du commerce mondial, et environ deux tiers de la population mondiale.
Chaque année la présidence du G20 est attribuée à un pays différent. Celui-ci a la possibilité d’inviter d’autres pays et organisations internationales lors des réunions.
Cette année, la présidence du G20 a été assurée par l’Inde.
La présidence du G20 selon Narendra Modi
Narendra Modi a expliqué dans un entretien récent avec les journalistes du Press Trust of India sa vision de la présidence indienne du G20 qui se termine ce week-end. Voici les idées principales qu’il a développé :
- Lorsque la pandémie a frappé, le monde a compris qu’en plus des défis économiques, il y avait aussi d’autres défis importants et immédiats qui touchaient l’humanité. Au moment où l'Inde débute cette présidence, cette vision du monde, centrée sur l’Humain, se développe à l’échelle mondiale et l’Inde y joue le rôle de catalyseur.
“Les efforts pour une plus grande inclusion des pays du Sud dans les affaires mondiales, en particulier des pays d'Afrique, ont pris de l’ampleur”.
La présidence indienne du G20 a aussi permis aux pays du “tiers monde” de gagner en confiance pour “façonner l’orientation du monde dans les années à venir, notamment sur les questions du changement climatique et les réformes institutionnelles mondiales”.
Pour Narendra Modi, il est grand temps de ne plus se concentrer seulement sur l’impact économique d’un pays pour décider de son importance, chaque voix compte. C’est pourquoi il a choisi le thème Vasudhaiva Kutumbakam, "le monde entier est une seule famille".
C’est aussi la raison pour laquelle il souhaite faire de l’Union Africaine un membre permanent du G20, comme l'est l’Union européenne.
Une présidence décentralisée
La présidence de l’Inde au G20 a été marquée par une décentralisation affichée des lieux de rencontres des différents groupes de travail. En effet, d’ici la fin du mandat de l’Inde à la présidence du G20, plus de 220 réunions auront eu lieu dans 60 villes des 28 États et 8 territoires de l’Union. Plus de 100 000 participants d’environ 125 nationalités se seront rendus en Inde et 15 millions d’Indiens auront participé de manière directe ou indirecte à ces programmes.
Cela a permis un renforcement des compétences de beaucoup d’Indiens dans les domaines de l'hôtellerie, du tourisme, de la logistique, ou encore du montage de projet par exemple. D’ailleurs, le Premier ministre espère que l’acquisition de ces nouvelles compétences servira à créer de nouvelles opportunités sur le long terme.
Néanmoins, le choix des lieux n'a pas été toujours apprécié. En mars 2023, l’Inde a décidé d’accueillir des dirigeants étrangers du G20 dans les États du Cachemire et de l’Arunachal Pradesh, tous deux des territoires contestés, une décision qui a fortement déplu au Pakistan et à la Chine, qui revendiquent aussi ces zones.
Le gouvernement indien a, dans son budget 2023, attribué 9,9 milliards de roupies soit près de 130 millions de dollars, pour le G20. Cela a permis de créer et moderniser les infrastructures de chaque ville hôte, des hôtels aux transports en passant par la sécurité et la santé. À Delhi, le sommet aura lieu dans un tout nouveau centre de Congrès, le plus grand d’Inde, inauguré fin juillet.
La présidence indienne du G20 : un apparent succès… avec des zones d'ombres
Narendra Modi et son gouvernement ont tout fait pour présenter la présidence indienne du G20 comme un grand succès, à la fois auprès de la communauté internationale, mais aussi auprès des 1,4 milliard de personnes qui vivent en Inde.
Malgré cela, certains grands dirigeants brilleront par leur absence au sommet de ce week-end. Pour la première fois, le Président chinois Xi Jinping, préfère envoyer son Premier ministre et ne se rendra pas à la conférence, laissant envisager de nouvelles tensions entre l’Inde et la Chine. De même, le Président russe Vladimir Poutine, qui fait face à un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre, ne pourra se rendre en Inde. Il n'était pas non plus présent à la récente conférence des BRICS en Afrique du sud. Enfin, le Président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, qui n’a jamais participé à un G20 depuis son élection en 2018, sera, une fois encore, absent. Ce n'est pas la première fois que des dirigeants choisissent de déléguer leur venue à un G20, mais l'Inde espérait envoyer un message fort au monde en réunissant l'ensemble des chefs d'État du G20.
Il semble aussi y avoir un manque de consensus sur deux sujets importants : la situation en Ukraine et le calendrier de réduction des énergies fossiles. Lors des précédentes réunions de délégation, aucun accord n'a été trouvé sur ces questions, ce qui pourrait compromettre la réussite affichée jusqu'à présent.