Lundi 21 octobre, le Maharashtra va élire son assemblée. Les deux partis de l’alliance au pouvoir, qui devraient selon toute logique l’emporter, se livrent une bataille larvée sur le prix des campagnes de repas à bas prix. Un serpent de mer de la politique indienne.
Alors Thali à 5 roupies ou repas à 10 roupies ?
Le programme du parti extrémiste du Maharashtra, le Shiv Sena, s’est notamment illustré par une mesure phare : la distribution aux personnes démunies d’un repas complet et de qualité à prix réduit : 10 roupies (13 centimes d’euros) qui serait mise en place de façon permanente. 1 000 cantines, gérées par des femmes, seraient installées dans tout l’État.
Le BJP, le parti de Narendra Modi, pourtant son allié lors de cette campagne, n’a pas tardé à riposter et renchérir avec l’annonce d’un Thali (ce repas comprenant plusieurs plats différents) à 5 roupies (6 centimes d’euros).
Ces repas sont en fait déjà offerts par le gouvernement aux ouvriers du métro à Bombay depuis mars 2019 dans le cadre de la mise en place du programme “Atal Aahar Yojna” du BJP (programme alimentaire pour les ouvriers de la construction). La même initiative avait été mise en place à Delhi mais a vite pris fin suite à une exécution défectueuse. Le Atal Thali comprend du riz, un dal (lentilles), des légumes et un peu de salade.
Les propositions s’inspirent toutes les deux du succès de la campagne “Amma Canteen” (la cantine de maman) mise en place au Tamil Nadu par son iconique première ministre Jayaram Jayalalithaa qui a gouverné l'État de 1991 à 2015. Là, les prix varient de 1 à 5 roupies. Cette initiative avait également été reprise au Karnataka par le Congress sous le nom de Indira Kitchen.
Au Maharashtra, une expérience similaire a été menée par le premier gouvernement BJP- Shiv Sena en 1995 mais s’est soldée par un scandale, les stands ne servant pas les repas promis et se doublant souvent de stands de photocopie.
Dans tous les cas, cette guerre des repas en dirait long sur la mauvaise entente entre les deux partis dont on attend la victoire à l’issue du vote de lundi.
De son côté Sharad Pawar, le leader du NCP, s’est insurgé : “Élit-on un gouvernement ou un cuisinier ?”