Quels sont les quatre films indiens présentés au Festival de Cannes 2023 ?

Le cinéma indien n’est pas étranger au Festival de Cannes. L’Inde fut l’invitée d’honneur de l’édition 2013, et deux des réalisateurs qui y présentent un film cette année y ont déjà participé. De plus, l’édition 2022 fut marquée par l’attribution du prix du documentaire L'Œil d'or au film All That Breathes de Shaunak Sen. Cette année, pour la 76e édition, quatre films indiens sont présentés hors compétition. Ce sont deux longs métrages, un court métrage, et un film classique restauré datant de 1990.

 

Kennedy d’Anurag Kashyap en avant-première au Festival de Cannes 2023

Présenté dans la sélection non compétitive Séances de minuit, le thriller Kennedy, écrit et réalisé par Anurag Kashyap, suit un ex-policier insomniaque présumé mort depuis des années, mais qui continue d’officier pour un système corrompu, tout en cherchant la rédemption.

La bande-annonce promet un film noir et décalé et deux belles performances des acteurs Rahul Bhat et Sunny Leone. Rahul Bhat a déjà joué dans deux films d’Anurag Kashyap, Ugly en 2013, et Dobaaraa en 2022. Quant à Sunny Leone, l’actrice a su faire oublier des débuts cinématographiques sulfureux et apparaîtra dans six autres films indiens cette année.

Des films d’Anurag Kashyap peuvent être visionnés en streaming en ce moment, comme le surprenant Choked: Paisa Bolta Hai (sur Netflix), le culte Gangs of Wasseypur (sur Amazon Prime Video) et le sombre Ugly (sur Disney+ Hotstar).

 

 

 

Agra de Kanu Behl projeté en première mondiale dans la Quinzaine des Cinéastes

Créée en 1969 par la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films), la Quinzaine des Cinéastes est une sélection parallèle du Festival de Cannes qui a pour vocation de faire découvrir un large spectre de films, afin de mettre en valeur les pratiques les plus singulières et visionnaires du cinéma contemporain.

Le film en hindi Agra de Kanu Behl empoigne la réalité indienne du patriarcat à travers le prisme de la misère sexuelle masculine. Employé d’un centre d’appels, Guru vit toujours chez ses parents. Le jeune célibataire, rongé par la frustration, plonge dans une fièvre proche de la démence, entre fantasmes piteux, applications de rencontres et coups de sang hystériques.

Ce film monstre est également le récit d'une conquête de l'espace, ou comment l'émancipation d'un jeune homme passe par l'accès à la propriété. (Résumé issu de la présentation du film sur le site officiel de la Quinzaine des Cinéastes)

Ce n’est pas la première venue de Kanu Behl au Festival de Cannes. Titli, une chronique indienne, son premier film en tant que réalisateur, fut présenté dans la sélection Un Certain Regard en 2014. Titli peut être visionné en Inde sur Amazon Prime Video.

 

 

Ishanou d’Aribam Syam Sharma, un film indien dans la sélection Cannes Classics

Présenté en sélection Un Certain Regard en 1991 et cette année dans les Cannes Classics en version restaurée, Ishanou d’Aribam Syam Sharma (1990) raconte l’histoire de Tampha, qui abandonne son mari et sa fille pour rejoindre la secte des prêtresses Maibis. Sa quête religieuse ne comble pas son angoisse de mère coupée d’un enfant qu’elle ne voit pas grandir.

Tourné en langue meitei, le film dont le titre signifie « l’élue » bénéfice aussi de la musique traditionnelle de l’État du Manipur, composée par le réalisateur lui-même. Ishanou est le seul film du nord-est de l’Inde à avoir été présenté au festival de Cannes.

Malheureusement, le réalisateur, qui était pourtant présent à Cannes, n'a pas pu assister à la projection. Le directeur de la Film Heritage Foundation (FHF) qui a effectué la restauration du film a indiqué qu’Aribam Syam Sharma était profondément troublé par la poursuite des violences qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes dans l’État du Manipur. 

 

 

 

Nehemich de Yudhajit Basu, un court métrage indien présenté à Cannes en 2023

Nehemich est le film de fin d’études de Yudhajit Basu, formé au Film and Television Institute of India. Il est présenté dans la sélection de La Cinef, qui depuis 1998 propose spécifiquement des œuvres issues d’écoles de cinéma du monde entier.

Ce court métrage de 23 minutes est centré sur une jeune fille isolée dans une cabane délabrée pour la durée de ses règles, et qui espère s’enfuir avec son amant. Elle appartient à un ancien village de nomades qui croient que les morts reviennent sous la forme de l’être le plus cher.