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Les contrefaçons, vecteurs de propagation de la Covid-19

Masque faux BirmanieMasque faux Birmanie
Des masques 3M N95
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 14 décembre 2020, mis à jour le 16 décembre 2020

Le 7 décembre dernier, les autorités de Mandalay ont arrêté un groupe de faussaires dans la circonscription d’Amarapura pour avoir falsifié des certificats de non-contagion à la Covid 19. La méthode était très simple : dans cette boutique d’impression et de photocopie, un véritable certificat avait été scanné et ensuite modifié en utilisant un logiciel de retouche d’image. C’est à un point de contrôle routier que les officiels ont trouvé « curieux » l’un des certificats fournis par un conducteur de camion qui se dirigeait vers le nord du pays. Suspicieux, les officiels ont décidé de vérifier de sa validité auprès de l’émetteur du certificat, pour constater que celui-ci était un faux. Le camionneur a été immédiatement arrêté et a mené les enquêteurs à la boutique de faussaires, à leur tour interpellé. L’enquête a montré qu’un faux certificat coûtait 5 000 kyats et une photo d’identité.

De son côté, le média en ligne Myanmar Now rapporte que des personnels hospitaliers ont constaté que certains des masques qui leur ont été fournis et qui sont en théorie à la norme N95, considérée comme un niveau de protection parmi les plus élevés en matière de masque, sont tout simplement des faux. Un médecin travaillant dans un service de réanimation et testé positif – sans gravité pour lui par la suite – s’interrogeait sur les raisons de son infection puisqu’il avait pris toutes les mesures de précaution régulières. Il a alors eu l’idée de regarder son masque de plus près pour constater que « il s’agissait d’un faux. Il ne comportait pas la couche de polypropylène qui rend les authentiques efficaces contre les infections ». Un autre médecin en charge de l’achat et de l’approvisionnement en masques affirme d’ailleurs à Myanmar Now qu’il a repéré de nombreuses contrefaçons dans ses opérations d’achat.

« Nous n’avons pas de loi permettant le contrôle-qualité des masques »

Le directeur-adjoint dans la région de l’Ayeyarwady pour l’autorité de régulation, la Food and Drug Administration (FDA), dit avoir alerté sa maison-mère à Nay Pyi Taw en octobre dernier, après avoir trouvé des faux masques N95 à l’hôpital de Pathein, la capitale régionale. Mais il n’a pas encore eu de réponse ou de réaction. Un véritable masque 3M N95, ceux que l’on trouve en Birmanie, vaut environ 15 000 kyats et les stocks sont limités, affirme l’un des dirigeants de l’hôpital de Pathein. Mais sur des marchés, on peut trouver des copies pour 3 000 kyats, confie alors un pharmacien à Myanmar Now. « Et si nous nous plaignons aux grossistes fournisseurs, ils se contentent de s’excuser et de récupérer leurs faux-masques », remarquent-ils.

Mais la FDA elle-même admet son impuissance… Lorsque Myanmar Now interroge la Dr Tin Wah Wah Win, directrice de la section Pharmacie et Cosmétiques de l’autorité de régulation, la réponse est étonnante : « Nous n’avons pas de texte de loi permettant le contrôle-qualité des masques. Or, il nous faut un cadre légal pour pouvoir agir ». Et d’encourager les gens à n’acheter leurs masques qu’auprès de pharmacies ou de grossistes « sérieux », sans se donner la peine de préciser ce terme. Mais la représentante de la FDA affirme aussi que les « faux masques proviennent des donneurs privés car ceux fournis par le gouvernement sont sujets à des contrôle-qualité ». Une affirmation non-étayée et que les donateurs privés apprécieront certainement…

Autre sujet de préoccupation pour le gouvernement, la rumeur que certains médecins se déplacent pour pratiquer des tests chez l’habitant. En soi-même, l’opération est pour l’instant impossible car un test PCR, ceux reconnus par le gouvernement, demande une machine qui ne tient pas dans la mallette d’un praticien… En outre, même si des médecins disposaient de tests légers transportables, une telle procédure est actuellement illégale en Birmanie, où il est obligatoire de passer par les circuits publics, le secteur privé n’ayant pas encore le droit de faire des tests officiels. Mais qu’une telle rumeur circule aujourd’hui, fondée ou pas, ouvre la possibilité de fraudes, et c’est bien sur cela qui inquiète les autorités.

 

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