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Les morts indirectes que provoquent le Covid-19

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Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 31 mars 2020, mis à jour le 1 avril 2020

Alors que les annonces de dons de matériels et d’équipements arrivent, notamment depuis la Chine et la Corée du Sud, l’association birmane des pharmaciens et fournisseurs d’équipements médicaux s’inquiète par la voix de son président, U Zaw Moe Khaing : « 90% de ce que nous vendons est importé. Or, avec la crise du Covid-19, certains pays refusent désormais d’exporter des médicaments ou des matériels tant que leurs besoins immédiats ne sont pas pourvus avec certitude. C’est ce qu’a déjà fait la Chine, ce que l’Inde est aussi en train de faire par exemple, qui restreint la vente de certains médicaments, des équipements de protection personnelle - pour les soignants notamment -, des ventilateurs. Cela nous inquiète à cause des délais induits et des prix qui flambent au regard de la rareté relative ».

De fait, parmi les diverses rumeurs qui prolifèrent sur Facebook, celle de la pénurie de certains médicaments est récurrentes, et ceux qui le peuvent cherchent à acheter les divers remèdes à tout prix. Et c’est justement ce « à tout prix » qui préoccupe fortement le président de l’association birmane des pharmaciens et fournisseurs d’équipements médicaux : « Nous disposons aujourd’hui de stocks suffisants pour les besoins normaux de la population. Ils sont calculés à partir des ventes moyennes sur les mois précédents, et jusque maintenant tout va bien ». Le danger apparaît lorsque la demande en certaines molécules, comme la chloroquine ou l’azithromycine, explose, ce qui s’est passé ces derniers jours.

D’abord, l’automédication est par essence risquée, surtout avec des médicaments aussi spécifiques que ceux-là, qui ne sont pas de simples comprimés de paracétamol (attention, même avec le paracétamol l’automédication est dangereuse…), ensuite la conservation des médicaments ne va pas de soi, surtout dans des pays chauds comme la Birmanie. Et pratiquer l’automédication avec des médicaments mal conservés, c’est évidemment amplifier les risques… C’est là une des préoccupations de l’association.

La deuxième se situe sur le niveau de prix. « Les tarifs des médicaments vont obligatoirement augmenter. Davantage de demande et moins de médicaments. En outre, maintenant que les vols commerciaux sont arrêtés, l’acheminement est plus compliqué, coûte plus cher, de même que les prix d’achats qui sont eux aussi à la hausse. Et puis, nous nous fournissons en Inde et en Chine car les prix sont plus bas pour des produits de même qualité, Maintenant que ces deux pourvoyeurs restreignent leur offre, nous devons aller voir ailleurs, là encore plus cher, plus difficile pour la logistique car elle est à mettre en place. Tout cela va jouer sur les tarifs en magasins. Enfin, le risque est grand que certaines échoppes veuillent profiter de la situation pour s’octroyer une marge nettement supérieure en la mettant sur le compte de tous les autres facteurs ».

Au final, avec la crise économique qui arrive et la réduction des revenus qui s’ensuit, un nombre non-négligeable de Birmans risquent de ne plus pouvoir se soigner correctement faute d’être capable d’acheter leur traitement. Le coronavirus va probablement tuer de manière indirecte et bien difficile à éviter. U Zaw Moe Khaing s’en inquiète ouvertement mais reconnaît les limites d’action de son organisation dans ce contexte. Il encourage simplement tout un chacun « à surtout ne pas hésiter à signaler les abus dans les cas où les prix deviennent outranciers ». Mais sans pouvoir définir ce qu’est un prix outrancier dans ce cas précis.

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