Le président du Muséum national d'histoire naturelle est l’invité de la première conférence qui ouvrira la Nuit des idées 2020 au Liban, le vendredi 31 janvier, au musée des Minéraux de Beyrouth, à partir de 17h30.
Depuis des millénaires, l'Homme exploite son environnement, notamment le vivant, à son profit. L'Homme est-il irrémédiablement condamné à être le fossoyeur du vivant ?
Non, mais cela dépend de lui et de l'évolution de son comportement vis-à-vis du reste de la planète.
Depuis quelques années, l'humanité semble avoir pris conscience de la vulnérabilité de son écosystème. Ce réveil arrive-t-il trop tard ? Si non, comment corriger le tir ?
Non, je ne crois pas qu'il soit trop tard, même s'il est déjà très tard. Il convient de faire changer nos pratiques individuelles comme collectives ce qui n'est pas simple.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que les causes autour de l'environnement, l'écologie et la biodiversité constituent des préoccupations « occidentales » qui « interdisent » aux pays les moins riches de se développer ?
Je réponds que pour le climat, nous sommes embarqués à l'échelle planétaire dans la même aventure et qu'il n'est plus temps de débattre sur qui doit faire quoi et à quelle hauteur. Chacun doit faire à la hauteur de ses possibilités, mais doit faire. Pour la biodiversité, les enjeux et les "retours sur investissement" sont généralement locaux. Donc il est dans l'intérêt de chacun d'agir chez lui avec l'intelligence que nous donnent les pratiques néfastes pour la planète, et donc à terme pour l'Homme, mises en place dans le passé, notamment depuis la révolution industrielle.
Sur un plan philosophique, croyez-vous-en une supériorité par essence de l'homme sur les autres espèces vivantes ?
Non, pour moi l'Homme est un tétrapode, mammifère et primate : une espèce parmi beaucoup d'autres. Donc l'Homme est un animal, mais rien de ce qui fait de lui un animal (le collagène par exemple) ne l'empêche d'être humain par des propriétés supplémentaires (le langage articulé).
Y-a-t-il encore, sur Terre, des organismes vivants dont on n'a pas encore connaissance, qui n'ont pas encore été répertoriées et qui restent à découvrir ?
Oui et même de très nombreux, des millions très certainement car l'on estime ne connaître qu'environ 20% du vivant.