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Le musée Sursock sur les traces de Picasso

Picasso, exposition, Beyrouth, Musée Sursock, LibanPicasso, exposition, Beyrouth, Musée Sursock, Liban
Dany Nasr © Succession Picasso
Écrit par Hermine Le Clech
Publié le 6 novembre 2019, mis à jour le 6 novembre 2019

Les œuvres de l’artiste espagnol sont à découvrir jusqu’au 6 janvier dans le cadre de l’exposition « Picasso et la famille ».
 

C’est une première ! Le musée Sursock a fait venir une vingtaine d’œuvres de Pablo Picasso jusqu’à Beyrouth. Exposition inédite, Picasso et la famille survole près de soixante-dix-sept ans de création artistique. On y retrouve pêle-mêle peintures, sculptures et gravures balayant les styles et techniques du peintre espagnol. Divisée en quatre sections chronologiques, l’exposition fait le pont entre l’œuvre artistique et la vie privée de l’artiste. « C’est le journal intime de Picasso », commente Yasmine Chemali, responsable de collection au Musée Sursock.

 

La fillette aux pieds nus Picasso Musée Sursock Beyrouth
Photo (C) RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean / Mathieu Rabeau

Nuances d’amour familial, charnel et paternel

La visite débute avec La Fillette aux pieds nus. Signée « Pablo Ruiz », la toile peinte en 1895 introduit la première section de l’exposition consacrée au noyau familial. Loin de la période bleue, rose ou surréaliste, le coup de pinceau propre au génie du cubisme est méconnaissable. « On a voulu rassembler des œuvres de Picasso qui sortent des cadres connus et accrochent le regard », justifie Yasmine Chemali. Dans un style classique, la mine grave et les mains croisées, La Fillette aux pieds nus laisse entrevoir une parcelle d’intimité de l’artiste. Picasso peint la toile à la suite du décès de sa sœur. Il n’avait que 14 ans.

Photo (C) RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean / Mathieu
Rabeau

 

Buste de femme, Picasso, Musée Sursock, Beyrouth, Liban
© RMN-Grand Palais/ Adrien Didierjean
© Succession Picasso 2019

Dans la deuxième section, les sculptures sont à l’honneur. En bronze, en bois, ou en tôle, elles dévoilent une facette méconnue de maître espagnol. « On voulait montrer un artiste complet. Beaucoup connaissent Picasso le peintre, mais c’est aussi un sculpteur de formation », précise Yasmine Chemali. Le surréaliste Buste de femme, qui mesure près de 70 cm, trône au centre de la pièce. Il est inspiré de la relation adultère entre la jeune Marie-Thérèse et Picasso, alors âgé d’une cinquantaine d’années.

Marie-Thérèse Walter, Dora Maar et Françoise Gilot…la vie du peintre a été rythmée par les femmes qu’il a aimé. Elles lui donneront quatre enfants qui lui inspireront des chefs- d’œuvres.
 

© RMN-Grand Palais/ Adrien Didierjean © Succession Picasso 2019
 

Picasso, Musée Sursock, Beyrouth
Mère et enfants jouant, Pablo Picasso, 1951 © RMN-Grand Palais © Succession Picasso 2019

Dans la troisième section, la toile Mère et enfants jouant représente Françoise Gilot en femme-poisson veillant sur ses enfants. Dans une association de couleurs primaires et lignes arrondies, l’artiste imite les traits de son fils. « Il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant », expliquait Pablo Picasso, alors âgé de 70 ans.
 

Mère et enfants jouant, Pablo Picasso, 1951 ©RMN-Grand Palais ©Succession Picasso 2019
 

La fin de carrière de l’artiste est un hymne à la simplicité. Dans les derniers temps de l’exposition, les grandes toiles montrent une famille romanesque et colorée. « Picasso n’a plus rien à prouver à personne et fait un art totalement relâché », décrit la responsable de collection. La toile Le Peintre et l’enfant représente la passation entre Picasso et son fils. L’artiste, âgé de 90 ans, lui offre son pinceau. Il décédera quatre ans plus tard au mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins.
 

Picasso
Le Peintre et l’enfant, Pablo Picasso, 1969 © RMN-Grand Palais © Succession Picasso 2019

Le Peintre et l’enfant, Pablo Picasso, 1969 © RMN-Grand Palais © Succession Picasso 2019

 

Un travail de longue haleine

Deux années ont été nécessaires pour monter cette exposition. L’aventure a commencé en 2017 par un appel du musée Picasso-Paris au musée Sursock à l’issue duquel naît un partenariat inédit entre les deux institutions dans le cadre de la manifestation Picasso Méditerranée. « On est le seul pays du Moyen-Orient à le faire. C’est quelque chose d’exceptionnel pour nous », sourit Yasmine Chemali.

Scénographes, graphistes et commissaires d’exposition des deux établissements planchent main dans la main afin de monter l’exposition. « Ça a été une vraie découverte. On a tout de suite bien communiqué. On s’est entendu du début à la fin. », se souvient Yasmine Chemali. En février dernier, tout s’est accéléré. « Dès qu’on a eu les financements, on a choisi les toiles et sculptures, puis le personnel de Paris est venu à Beyrouth », explique-t-elle.

La dernière étape consistait à déplacer les œuvres entre Paris et Beyrouth. Un travail minutieux car chaque pièce a ses propres normes de transport. « Les matériaux sont tous différents. On devait faire attention à leur conservation, notamment pour les sculptures les plus fragiles », raconte Mme Chemali. C’est par avion que les chefs-d’œuvre ont finalement traversé la Méditerranée. « Chaque pièce était dans sa propre caisse climatisée afin qu’il n’y ait pas de choc de température », précise la responsable du musée Sursock.

 

Photos : Dany Nasr © Succession Picasso

 

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