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La broderie pour l’autonomie des Palestiniennes dans les camps

Tatreez Tripoli 1Tatreez Tripoli 1
Aline Lafoy
Écrit par Aline Lafoy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 août 2018

Tatreez est une association présente dans plusieurs camps palestiniens au Liban. Leur objectif est de promouvoir l’autonomie des femmes palestiniennes grâce au travail de la broderie traditionnelle. A Tripoli, dans le camp de Beddawi, ces femmes parlent de leur travail.

Tatreez est le nom de l’art de la broderie traditionnelle palestinienne. C’est également le nom du projet fondé en 2013 par l’Union européenne et mis en oeuvre par les ONG libanaise Najdeh et espagnole Cives Mundi. En mai 2016, Tatreez devient une entreprise sociale coordonnée par des volontaires au Liban.

“Nous sommes cinq bénévoles permanents. On donne de notre temps libre pour valoriser et aider au développement de Tatreez”, explique Sergio Cozar, un bénévole. Le projet est développé dans trois camps palestiniens : Ain el-Héloué à Saida, Rachidiyé à Tyr, au Liban-Sud, et Beddawi à Tripoli, au Liban-Nord. Près de 100 femmes palestiniennes travaillent pour Tatreez dans ces camps. L’apprentissage de la broderie palestinienne se transmet de mère en fille. Cette tradition verbale fait partie de la culture palestinienne.

L’objectif de ce projet est de contribuer à la protection économique des réfugiées palestiniennes au Liban. L’idée est « de valoriser les femmes non seulement économiquement mais aussi politiquement, socialement et psychologiquement », selon Sergio Cozar.

 

Tatreez

Photo : Aline Lafoy

 

Tatreez soutient l’artisanat traditionnel et fait rayonner la broderie palestinienne à l’international. Les sacs, écharpes et châles sont vendus à Tripoli et Beyrouth, mais aussi en Espagne et en France. Ces ventes « permettent aux femmes dans les camps de gagner un peu d’argent », explique le bénévole espagnol. L’entreprise souhaite que les Palestiniennes puissent gagner entre 180 et 300 dollars par mois.

Tatreez développe l’autonomisation des femmes palestiniennes grâce au travail. Les réfugiées reçoivent une formation professionnelle en broderie traditionnelle, en création de design mais aussi en commercialisation nationale et internationale. “Le but est qu’elles apprennent à organiser des réunions et répartir les tâches. A la fin du projet, les femmes pourront créer une coopérative et vendre leur production dans une boutique en ligne”, détaille Sergio Cozar. Grâce à cette autonomie financière, ces réfugiées accèdent aussi à leur indépendance sociale.

Autre objectif du projet Tatreez, créer un lien social entre les femmes. Dans les camps, les ateliers de Tatreez sont des espaces calmes et sécurisés réservés aux réfugiées. “Dans les ateliers, les femmes travaillent ensemble. Elles sont devenues amies, elles partagent ensemble leurs problèmes, parlent des enfants et des maris. Elles ont un lien fort entre elles », selon M. Cozar.

Tatreez développe d’autres activités comme des cours d’anglais ou d’informatique. L’association organise également des sorties dans la réserves des Cèdres, à Tannourine, ou dans des musées. “Nous faisons des activités qui leur permettent de réduire le stress et de créer des relations solides entre elles. C’est aussi important que l’aspect économique”, selon le bénévole.

Dans le camp palestinien de Beddawi au nord de Tripoli, 17 réfugiées travaillent avec Tatreez. Dans l’atelier, sept femmes discutent et rient autour d’une table. Certaines cousent de la broderie sur des sacs ; d’autres s’occupent de leurs enfants. Dans cet atelier, les femmes ont entre 12 et 50 ans. Elles sont libres de travailler quand elles veulent. “Ici dans le camp, notre travail de broderie est apprécié. Certaines femmes veulent nous rejoindre mais nous sommes déjà beaucoup”, explique Lutfi Salem. L’argent qu’elles gagnent avec Tatreez ne leur permet pas de vivre mais elles peuvent aider leurs familles.

 

Tatreez femmes

Photo : Aline Lafoy

 

Accompagnée de deux enfants, Zeinab Kassem aime venir travailler à l’atelier. “Je préfère travailler ici plutôt que chez moi parce qu'ici il y a mes amies. Avant, je travaillais seule chez moi mais depuis que je travaille à l’atelier, je suis plus heureuse. C’est mieux pour moi ici, mon travail est reconnu et apprécié.”

Lina Chatle, une jeune Palestinienne, partage cette opinion. “Depuis que je suis petite, j’aime faire de la broderie. Quand je me suis mariée, mon mari m’a interdit d’en faire pour que je m’occupe des enfants. Maintenant, mes enfants sont grands. Je peux faire de la broderie à nouveau. J’aime beaucoup partager et sauvegarder la tradition de la broderie palestinienne”.

 

Entrée camps Beddawi

Entrée camps de Beddawi, Tripoli  - Photo : Aline Lafoy

 

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