L’association en faveur du droit des femmes essaye de changer les mentalités et les lois tout en apportant un soutien aux victimes de violence.
Créée en 2005 par un groupe de militantes, KAFA “a choisi de travailler sur la question de la traite et du trafic de l’exploitation sexuelle, ainsi que sur le travail domestique forcé”, explique Ghada Jabbour co-fondatrice de l’association.
Ghada Jabbour, co-fondatrice de KAFA.
“En 2005, aucune loi ne protégeait les femmes et les enfants de la violence domestique.” Après des années de combats et avec le concours de 63 associations, KAFA soumet au gouvernement une proposition de loi finalement promulguée en 2014. “Cette loi sur la violence familiale est un des grands succès de la lutte pour les droits des femmes depuis le droit de vote en 1952”, se réjouit Mme Jabbour. Mais il reste encore des combats à mener pour enrayer ce type de violence. Par exemple, au Liban, le viol conjugal n’est pas criminalisé et il n’existe aucun refuge d’état pour les femmes victimes de violences.
KAFA essaye de changer les mentalités avec des campagnes publicitaires et des formations. L’organisation travaille avec la police pour former les agents aux interventions auprès des victimes de violence ou de trafic sexuel. “KAFA a un centre d’écoute qui offre un soutien légal. On reçoit des milliers d’appels par an de femmes qui veulent être protégées ou avoir accès à des informations. Pour les femmes victimes de traite sexuelle ou de travail domestique forcé, nous avons un refuge”, explique Ghada Jabbour.
KAFA se bat aussi pour la protection des enfants victimes de violence familiale et sexuelle. “L’abus sexuel envers les enfants est un sujet tabou, bien qu’une loi existe pour les protéger”, souligne Mme Jabbour. L’association se concentre sur la prévention en travaillant avec des professeurs, des éducateurs, les parents et les enfants. L’association intervient aussi contre l’exploitation sexuelle des femmes. Ghada Jabbour dresse un bilan alarmant. “La prostitution est normalisée. On dit que certaines sont des victimes mais la plupart des femmes sont là car elles ont choisi. On travaille pour changer cette vision, pour dire que toute forme de prostitution est une forme de violence”.
L’association lutte pour défendre les droits des travailleuses domestiques. Pour Mme Jabbour, changer les mentalités sur ce sujet est “un travail difficile car il s’agit de femmes étrangères. Personne ne prend en compte leur problème.” Au Liban, il y a environ 250 000 travailleuses domestiques. “Ces femmes sont dans une situation de dépendance vis à vis de leur employeur, leur garant, responsable de son permis de résidence et de travail. Sans lui, elle n’a pas de statut au Liban. Le système de la kafala, c’est être lié au garant et ne pas pouvoir rompre le contrat. Sans ce garant, elle n’est rien. Elle est considérée comme illégale et peut être arrêtée“. La plupart des domestiques vivent dans la maison de l’employeur et n’ont pas d’espaces privées. “Les violations les plus répandues sont le non-paiement des salaires et la confiscation des passeports. Il existe toutes les formes de violence émotionnelles et psychologique. En dernier lieu, la violence physique et sexuelle”, déploré la co-fondatrice de KAFA.
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