Après plusieurs formations, cette femme originaire de Bab el-Tebanné, l’un des quartiers les plus pauvres de Tripoli, qui n’avait jamais travaillé, a été embauchée chez Hallab grâce à un projet de l’ONG.
“Nous avons toujours été pauvres. Toute ma vie, j’ai compté sur les autres pour habiller mes enfants. Ma sœur me donnait les vêtements et les chaussures trop petites de ses enfants pour que je puisse habiller les miens », raconte Sanaa Awik, une habitante de Bab el-Tebbané, l’un des quartiers le plus pauvres de Tripoli.
Agée de 40 ans, cette mère de cinq enfants - quatre garçons et une fille - dont l’ainée a 20 ans et le benjamin 12 ans n’avait jamais travaillé de sa vie. « Souvent, nous ne mangions pas à notre faim. Parfois, nous nous contentions de deux repas par jour. S’il y avait de l’argent pour le déjeuner, il n’y en avait pas assez pour le dîner », confie-t-elle. Son mari, tailleur, souffre de diabète et d’une maladie génétique dont souffre aussi leur fille.
La vie de Sanaa Awik a complètement changé grâce au programme mis en place par l’ONG locale Shift, soutenue par CARE International, une ONG internationale présente au Liban dans le cadre du plan de réponse à la crise syrienne qui vient en aide aussi bien aux réfugiés syriens qu’aux Libanais.
« L’une de mes voisines m’a informée de l’existence d’une formation. Après cette première formation, j’en ai suivi plusieurs autres. J’ai fini par suivre un stage en pâtisserie orientale », souligne-t-elle. Les formateurs la trouvaient douée et l’encourageaient. «Avant ces stages, je passais par les jours les plus mauvais de ma vie. Nous avions de moins en moins d’argent. Je ne savais plus comment survivre. Et puis ces formations m’ont donné une lueur d’espoir », raconte-elle.
« CARE International m’a dégoté un stage de quatre mois chez le fameux pâtissier de Tripoli Abdel Rahman al-Hallab, au terme desquels j’ai été embauchée. Cela fait sept mois que je travaille », dit-elle, avec un brin de fierté dans la voix.
Gérer le budget de la famille
Sanaa Awik travaille dans la section consacrée à l’empaquetage des pâtisseries destinées à l’aéroport de Beyrouth. Elle est payée à la journée.
Même si son emploi reste précaire, elle est très contente de sa nouvelle vie. C’est avec un grand sourire qu’elle évoque ce qu’elle a fait avec ses salaires. « J’ai reçu mon premier salaire juste avant la fête du ramadan. Je l’ai tout de suite donné à mon mari en lui disant d’acheter tout ce qu’il faut aux enfants. C’était pour la première fois que je pouvais leur offrir des vêtements neufs pour la fête », dit-elle.
Elle avoue également que son époux qui l’encourageait à travailler quand elle était à la maison a eu du mal au début à s’adapter à leur nouvelle vie et à ses absences prolongées de la maison.
«Parfois, je rentrais tellement fatiguée, qu’il m’était difficile de m’acquitter de toutes les tâches ménagères. Mais mon mari a fini par s’habituer », raconte-t-elle.
Sanaa Awik n’accumule plus les dettes, et paye tous les mois son abonnement pour le générateur électrique, l’antenne parabolique et la connexion internet. « Après le versement de mon prochain salaire, j’irai consulter un dentiste », assure cette femme au grand sourire.
Sanaa Awik fait partie des dizaines de personnes à Tripoli ayant trouvé un travail permanent grâce à un projet de CARE International, baptisé Nawat, mis en place dans la capitale du Liban Nord, en coopération avec trois ONG locales dont Shift. CARE International Liban vient de mobiliser un nouveau fonds qui sera consacré spécifiquement à la crise libanaise.
Site : https://www.care.org/country/lebanon