Édition internationale

RENCONTRE – Charlotte, de retour de l’Oder-Neiße

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 12 mars 2024

Charlotte Noblet, journaliste française à Berlin, a pédalé pendant six semaines au fil de la frontière Oder-Neiße, à la rencontre des habitants de la région, alimentant son blog d'anecdotes prises sur le vif. Elle revient sur une expérience hors du commun

Charlotte Noblet : "Moi, j'ai l'impression que vous êtes au milieu de l'Europe"(photo. Pawel Sosnowski)

Elle l'a fait. Charlotte Noblet est rentrée de son véloblog. Six semaines intenses où elle a parcouru la frontière Oder-Neiße, tout juste armée de son vélo, de sa tente, de son blog, et de sa volonté enthousiaste de créer du lien social entre les gens d'une région coupée en deux par une frontière. (voir notre article du 10 août)
Sans peur ni préjugés, Charlotte a frappé aux portes, demandé le gîte et remué les habitudes des gens du coin. Morceaux choisis de ses aventures.

Quels ont été tes meilleurs souvenirs sur la route ?
Charlotte Noblet. Toutes les rencontres avec les habitants prêts à raconter leurs histoires sont de très beaux souvenirs. Il y a le côté misérabiliste : les prostituées avec qui j'ai pris un pot, les chômeurs de longue durée alcooliques qui m'appellent encore tous les jours;ça peut être aussi le super chef de projets blond et bronzé du centre européen;ou la famille tout à fait normale. C'est parfois à la limite du travail social mais c'est une expérience unique? Tous les jours, c'était une ambiance très différente.

Comment se passaient tes journées ?
C. N.
Ca dépendait des gens que je rencontrais. En gros, c'était une demi-journée pour écrire que je casais comme-ci ou comme-ça, une demi-journée de rencontre, deux heures de route et puis peut-être une heure pour moi. Mais, en fait, mes pauses, c'étaient les heures où je pédalais. Sinon, j'étais toujours à l'écoute des gens, ce qui est génial mais très fatigant. La belle rencontre, ça a été la journée à Francfort sur l'Oder. A Francfort, il y a eu des gens de différentes étapes que j'ai rencontrés sur le chemin et qui sont venus. Je me souviens d'un chômeur longue durée, qui n'a pas la vie facile? Il n'a qu'un vélo, et il s'est fait amener par des amis en voiture à Francfort ! Pour lui, c'était un espèce de défi. Ca m'a fait vraiment plaisir, je lui avais dit : "Viens, je t'attends", c'est fou qu'il soit venu. Ce sont des moments intenses, tu vis pour ça.

Comment les gens réagissaient-ils à ton projet ?
C. N.
La devise du veloblog, c'était qu'avec rien on peut faire beaucoup. Les gens se sont pris au jeu. Je leur disais : "C'est une région où on peut se sentir à la périphérie de l'Allemagne, à la périphérie de la Pologne, mais moi j'ai l'impression que vous êtes au milieu de l'Europe".
Quand tu rencontres les gens, tu ne sors pas tes grands concepts de frontière. Tu vois un type sur son tracteur, il te prend un peu pour une tarée, avec ton vélo, ta tente... Le blog, il faut le transformer en un livre sur internet sinon les gens ne comprennent pas. En posant des questions, tu amènes les personnes à parler de la frontière qui fait finalement partie de leur quotidien.

Que gardes-tu de ton voyage ?
C. N. Je suis devenue encore plus "système D"qu'avant ! A la fin du périple, je n'avais même plus Internet, mais c'était pas grave, je savais que j'allais trouver Internet comme ça, en Pologne, dans un village ! (rires) J'ai aussi une liste de contacts impressionnants. Mon rêve, c'est de repartir l'an prochain, j'ai des amis partout ! Je pense que pour certaines personnes que j'ai rencontrées, ça a été l'événement de l'année?
Propos recueillis par Cécile BOUTELET. (www.lepetitjournal.com - Berlin) mercredi 19 septembre 2007

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Le blog de Charlotte Noblet: www.veloblog.eu
Voir aussi notre article sur le veloblog: http://www.lepetitjournal.com/content/view/17501/1030/
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Publié le 19 septembre 2007, mis à jour le 12 mars 2024

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