Les allemands peuvent-ils se passer de leurs voitures dans la capitale ? Le « Referendum Berlin sans voiture » fait parler de lui jusqu’en France : retour sur un projet ambitieux.
Le 16 janvier, l’adjoint écologiste à la mairie de Paris David Belliard a posté un tweet annonçant la création d’une zone sans voiture plus grande que Manhattan à Berlin. L’idée, partagée sur les réseaux sociaux, séduit mais elle n’est toutefois pas exacte. Berlin sans voiture est un projet de referendum encore très hypothétique.
✅Berlin va créer une zone sans voiture plus grande que Manhattan.
— David Belliard (@David_Belliard) January 16, 2022
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Le projet de referendum
Le projet est né d’une initiative citoyenne commencée en 2020. Ses initiateurs militent pour une zone piétonne et cycliste de 88 km2 délimitée par l’anneau du S-Bahn. Les activistes veulent réduire le trafic à l’essentiel, seules les personnes handicapées et les véhicules d’autorité publique seraient autorisés à circuler, ainsi que 12 trajets privés par an pour les habitants. En contrepartie, ils souhaitent que le prix des transports soit baissé ou gratuit. Pour le moment, 50 333 signatures ont été récoltées en 3 mois.
Selon eux, un centre-ville sans voiture garantit :
- Une meilleure qualité de vie
Le centre serait plus agréable, notamment pour les cyclistes, les piétons, les enfants et les personnes âgées. Le projet veut donner une attention particulière aux plus fragiles, qui n’ont souvent pas le privilège de pouvoir conduire un véhicule motorisé.
- Une vie plus saine
Moins de voitures c’est forcément moins de pollution et une meilleure qualité de l’air ainsi que moins de nuisances sonores.
- Une meilleure répartition de l’espace
Sans les routes, il y a davantage d’espace pour les trains, les bus et les tramways mais aussi pour des trottoirs et des pistes cyclables plus larges. Cela permet donc de créer de nombreux espaces de vie publique.
- Une plus grande sécurité
Chaque année, les véhicules motorisés sont responsables d’un grand nombre d’accidents. En 2020, 50 personnes sont décédées sur les routes de Berlin dont 19 piétons et 17 cyclistes.
- Une action pour le climat
Enfin, moins de voitures c’est moins d’émissions de CO2. L’initiative populaire enjoint la population à réduire ses émissions, en particulier dans ce domaine qu’ils trouvent peu touché par les restrictions. Si la voiture électrique semble être un bon compromis, les activistes s’y opposent. Ils considèrent que cette dernière ne résout ni le soucis de sécurité, ni les émissions de dioxyde de carbone, engendrées par sa construction.
Un projet en bonne voie, mais critiqué par la maire
Grâce au 50 333 signatures récoltées en trois mois, le projet est actuellement en cours de validation au Sénat de Berlin. Après avoir compté les signatures, le Sénat examinera la recevabilité juridique du projet. Si le projet de loi n'est pas adopté par la Chambre des représentants, l'initiative entre dans une deuxième phase de collecte, où 180 000 signatures doivent être recueillies en quatre mois. Si le seuil est atteint, l’initiative explique que le référendum de 2023 sera soumis au vote de tous les Berlinois.
Néanmoins, le projet a déjà été critiqué par la maire de Berlin, Franziska Giffey, qui a déclaré que le projet était « irréaliste ». Le peu de trajets privés autorisés couplé à la difficulté de développer des transports en commun face à la hausse soudaine de la demande tout en les rendant moins chers et/ou gratuits, peut poser question.
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