Suite à l’annonce d’Emmanuel Macron de retirer les troupes françaises du Mali, l’Allemagne va suivre cette décision en retirant elle aussi ses forces armées.
Le retrait des troupes françaises
Jeudi 17 février, Emmanuel Macron a annoncé le retrait des armées françaises présentes au Mali. Cette décision a été encouragée par l’hostilité de Bamako à l’égard de la présence française au Sahel. Dans le cadre de l’opération Barkhane, initiée en 2013 par l’ancien président François Hollande, l’armée française avait pour objectif de lutter contre les groupes jihadistes au Sahel. Le retrait des troupes devrait prendre "quatre à six mois" selon le président français.
Emmanuel Macron justifie cette décision en estimant que l’armée française ne doit pas assurer la souveraineté de l’Etat malien, qui semble négliger la lutte contre les extrémistes islamiques. La France ne peut continuer à apporter son soutien dans la région, alors même que le gouvernement malien ne semble pas tendre vers un retour à la démocratie.
Les objectifs entre Bamako et Paris étant différents, Emmanuel Macron a affirmé qu’il était logique que l’aide française prenne fin. En parallèle du retrait des troupes françaises, les forces dirigées par l’Union européenne vont aussi se retirer du Mali. C’est le cas de la force militaire Takuba, sous commandement européen.
Une décision soutenue par Berlin
Le poids de la France au Sahel est prépondérant, et bien souvent, les puissances européennes se sont alignées sur les décisions françaises. C’est le cas de l’Allemagne, qui va elle aussi retirer ses troupes du Mali. Les effectifs de l’armée allemande se répartissent sur deux missions. La première est la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali) qui compte 1 170 soldats allemands. Elle vise à la protection des populations civiles de la région. La deuxième est la EUTM (Mission de formation de l’UE) dans laquelle 328 soldats allemands sont engagés. L'objectif de cette mission est de former les soldats maliens.
Toutefois, la ministre de la Défense Christine Lambrecht se dit "sceptique" à l’idée que l’Allemagne continue à former les troupes maliennes :
Nous réfléchissons : comment pouvons-nous continuer à rendre possible notre soutien au Sahel ? Car il est important de poursuivre la lutte contre le terrorisme ici, mais il faut aussi que je puisse garantir le niveau de sécurité approprié pour les soldats allemands, dont je suis responsable.
Dans cette même perspective, Wolfgang Hellmich, porte-parole de la politique de défense du groupe parlementaire SPD (parti social-démocrate) estime lui aussi que la sécurité des soldats est primordiale pour envisager une poursuite de la présence militaire allemande.
Cependant, cette présence n’est pas uniquement militaire. Depuis plusieurs années, l’Allemagne soutient aussi des projets de développement à travers la GIZ, "Société allemande pour la coopération internationale". Pour Katja Keul, la secrétaire d'Etat rattachée aux Affaires étrangères, Berlin a l’intention de maintenir cette aide auprès de la population malienne, et ce pour un certain temps encore.
Steinmeier au Sénégal, une visite déterminante ?
En visite au Sénégal jusqu’à mercredi 23 février pour échanger avec le président sénégalais Macky Sall, le président allemand Steinmeier a pu observer la volonté sénégalaise mais aussi africaine d’un maintien de la présence allemande dans le Sahel.
Macky Sall, à la tête de la CEDEAO, Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, a insisté sur l’importance de la présence allemande pour la région du Sahel, mais aussi pour les autres Etats de la communauté économique. Steinmeier a donc annoncé que des discussions entre des experts en sécurité et le gouvernement allemand auront lieu dans les prochains jours à Berlin. Pour lui, la décision finale reviendra quand même au Parlement allemand.
Comme la France, l’Allemagne va donc retirer ses troupes du Mali. Toutefois, les conditions de ce retrait et l’aide extra-militaire dans la région vont être clarifiées dans les prochains jours.
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