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Les Turcs d'Allemagne soutiennent Erdogan au premier tour

Drapeau turc élection présidentielle turquie Drapeau turc élection présidentielle turquie
Les résultats du second tour seront connus le 28 mai © Engin_Akyurt - pixabay
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 23 mai 2023

En Allemagne, 1,5 millions d’électeurs turcs étaient appelés aux urnes afin de voter au premier tour des élections présidentielles turques. Encore une fois, ils ont plébiscité le président sortant, Recep Tayyip Erdogan.

 

Si les sondages ne lui étaient pas favorables, c’est finalement Recep Tayyip Erdogan, qui finit en tête du premier tour des élections présidentielles turques, en récoltant 49,4% des suffrages. À l’étranger, les Turcs ont voté massivement pour l’actuel chef d’Etat. En Allemagne, où la diaspora turque est la plus nombreuse, il a ainsi obtenu 62% des voix.

 

Une participation en hausse

64 millions de citoyens turcs se sont inscrits sur les listes électorales. Parmi ceux-ci, 3,4 millions sont installés à l’étranger, ce qui représente environ 5% des électeurs. Près de la moitié d’entre eux, 1,5 millions précisément, résident en Allemagne, ce qui en fait donc le pays avec la plus grande diaspora turque. En comparaison, la France compte 397.000 électeurs turcs et la Belgique 153.000. Plus d’un tiers des Turcs installés Outre-Rhin vivent dans les Nord-Ouest du pays, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et notamment dans la Ruhr, une région industrielle qui a connu une forte immigration d’ouvriers turcs.

 

En comparaison avec la précédente élection présidentielle de 2018, les Turcs d’Allemagne se sont davantage mobilisés, avec une participation en hausse. 48% d’entre eux se sont rendus dans les bureaux de vote, contre 45,7% en 2018, selon les chiffres de l’Ambassade de Turquie à Berlin. Ce sont donc 700.000 d’entre eux qui ont voté au total. Si ces électeurs basés à l’étranger ne peuvent pas déterminer toute l’élection, ils représentent un réservoir de voix important pour Erdogan.

 

Si en 2018, Erdogan avait été réélu dès le premier tour, il lui faudra maintenant affronter son adversaire Kemal Kiliçdaroglu lors d’un second tour, le dimanche 28 mai. Alors que la majorité des sondages le plaçait en tête, l’opposant finit donc en deuxième position.

 

Un vote massif en faveur d’Erdogan

En Allemagne, Erdogan récolte donc 62% des voix, un score bien au-delà de celui de son score global. Déjà, lors de la précédente élection présidentielle, il avait été particulièrement plébiscité par la diaspora turque, récoltant 59,4% des suffrages des Turcs de l’étranger, et 64,9% en Allemagne. Au total, il avait été élu dès le premier tour de l’élection avec 52,6% des suffrages.

 

Erdogan est resté fort en Allemagne et en France
-Paul Levin, directeur de l'Institut d'études turques de l'Université de Stockholm

En France, les Turcs ont également voté massivement pour Erdogan, il y récolte ainsi 64,24 % des suffrages. Cette tendance au vote Erdogan reste cependant contenue à la France et l’Allemagne. Son adversaire obtient ainsi un score impressionnant au Royaume-Uni, récoltant 82% des voix.

 

Les résultats du vote de la diaspora n’étaient pas une surprise. Comme le soulignait Paul Levin, directeur de l’Institut d’études turque de l’Université de Stockholm au journal Euronews, "Erdogan est resté fort en Allemagne et en France, comme en 2018".

 

Des facteurs explicatifs du vote

Les résultats du vote de la diaspora allemande suscitent une forte incompréhension dans le pays. Le quotidien Bild publiait ainsi en Une : "Peut-on aimer l’Allemagne ET voter Erdogan ?". Plus tôt, le 14 mai, les Verts publiaient un communiqué dans le journal Der Spiegel, dans lequel ils appelaient les électeurs turcs du pays à ne pas voter Erdogan, et de "s’engager dans ce processus de changement démocratique".

 

 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer un tel engouement pour Erdogan, malgré un mandat critiqué, notamment du fait de la forte inflation qui touche le pays, ainsi que la gestion du tremblement de terre survenu en février. Déjà, la politiste Inci Öykü Yener-Roderburg, dans un entretien avec le site T-Online, évoque l’influence des mosquées du réseau Ditib en Allemagne, pro-Erdogan. Ces dernières cherchent à mobiliser massivement les électeurs, elles affrètent par exemple des bus directement vers les bureaux de vote.

 

Pour de nombreux analystes, ce vote est surtout contestataire, symbole d’un manque d’intégration de la diaspora turque dans le pays où elle réside. C’est la conclusion que tire Claire Koç, journaliste et essayiste, dans un entretien avec le Figaro. Les Turcs vivant à l’étranger seraientt peut-être également plus nationalistes, tandis que les valeurs familiales restent un facteur déterminant du vote.

 

Le second tour de l’élection aura lieu le 28 mai, et déterminera si Erdogan sera reconduit pour un troisième mandat. Lors d’élections serrées comme celles-ci, le vote de la diaspora reste déterminant pour l’actuel chef d’Etat.

 

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