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À 3 mois des élections européennes, qu'en disent les médias français et allemands ?

Les enjeux sont de taille pour les 27 États membres et la campagne électorale a été engagée. Qu'est ce qui retient l'intérêt de la presse à 3 mois des élections européennes ? Les premières prédictions pour ce scrutin majeur indiquent qu'un changement de fond est en cours.

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© Christian Lue / unsplash
Écrit par Agnès Blanc-Dubreuil
Publié le 23 février 2024, mis à jour le 26 février 2024

À quoi ressemblera le futur Parlement européen ?

Selon le rapport du European Council on Foreign Relations (à prendre avec précaution, car nous sommes encore plusieurs mois à l’avance), les élections européennes de juin marqueront probablement un tournant à droite pour la direction du continent. Dans neuf pays, ce sont les listes de droite radicale, populiste et euro-sceptique qui sont susceptibles de gagner, notamment en France (où le RN tourne autour de 30 % des intentions de vote, avec Jordan Bardella en tête de liste), en Italie, en Autriche, en Belgique et en Pologne. Dans neuf autres pays dont l’Allemagne, ils arriveront en deuxième ou troisième place – ce qui laisse entrevoir la possibilité de la constitution d’une alliance entre les démocrates-chrétiens, les conservateurs et les députés de la droite radicale. Certains observateurs mettent en garde sur une convergence de ces différents mouvements sur de nombreux points comme les migrations ou les politiques environnementales.

Outre cet essor massif des partis de droite, qui ne fait que refléter les tendances électorales au niveau national, le think-tank souligne que les partis « mainstream » c’est-à-dire le Parti Populaire Européen et les Socialistes-Démocrates, actuellement majoritaires au Parlement Européen, continueront de perdre des voix d’élections en élections. Ils observent un déclin du soutien aux partis modérés au profit des extrêmes et des petits mouvements politiques, causant un processus de fragmentation globale du paysage politique européen.

 

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une de l'hebdomadaire Courrier International du 8 février

 

Von der Leyen en bonne position pour être réélue à son poste de présidente de la Commission Européenne

Les médias allemands sont largement revenus sur l’annonce par Ursula Von der Leyen de sa candidature à sa propre succession à la tête de la Commission européenne. Ancienne ministre d’Angela Merkel, son bilan est contrasté, mais son parti (la CDU, avec qui elle entretient parfois des relations tendues) l’a désignée et elle doit être approuvée début mars par le Parti Populaire Européen. Le président de la CDU Friedrich Merz a rappelé dans un discours (lire le Süddeutsche Zeitung) tout ce à quoi elle avait dû faire face durant son premier mandat – la pandémie de covid-19, la récession économique, la guerre en Ukraine, et son succès à maintenir l’UE soudée. Ursula Von der Leyen a tenu des positions assez fermes sur l’écologie et les plans de protection de la nature. Elle a aussi été critiquée pour son impact sur le monde agricole, mais elle a récemment été contrainte d’assouplir beaucoup de réglementations suite aux manifestions.

Ses objectifs pour les prochaines années sont la compétitivité de l’UE, la défense de nos valeurs, la poursuite de la transition vers une agriculture et une industrie plus durables, ainsi qu’une diminution du poids de la bureaucratie européenne. Les Républicains en France et sa tête de liste François Xavier-Bellamy, ont déjà déclaré qu’ils n’allaient pas soutenir sa candidature, bien qu’ils fassent partie du PPE.

 

article du Taggespiel
"Elle veut remettre ça"

 

Des débats et des controverses suscités par la montée du populisme en Europe

Le Berliner Zeintung relève dans un article du 18 février la nomination de Fabrice Leggeri, ancien dirigeant de l’agence européenne Frontex, sur la liste du Rassemblement National. Le journal allemand explique que le départ de Leggeri de cette agence chargée de la protection des frontières européennes avait été précipité par des accusations de renvois illégaux de migrants en mer Méditerranée. Certaines ONG lui reprochent notamment de ne pas avoir respecté les droits des demandeurs d’asile et de les expulser illégalement du territoire européen. En France aussi cette décision a fait réagir, certains rappelant que le bilan de Leggeri à Frontex n’était pas bon et que le RN lui-même l’avait à l’époque constamment critiqué. Der Spiegel qualifie même Fabrice Leggeri de "Le Pens neuer Mann" (le nouvel homme de Le Pen).

En France, la montée spectaculaire du RN agite les autres partis qui font tout pour se présenter comme une alternative. Au sein du parti présidentiel, on cherche encore à déterminer quel angle d’attaque est le meilleur, au prix parfois de querelles qui peuvent paraître bien éloignées des préoccupations des Français. La semaine dernière c’est le terme d’ « arc républicain » qui a fait l’objet de débats, comme on peut le lire dans un édito politique d’Agathe Lambert sur France Info. Après le « barrage républicain », faut-il ou non exclure le RN de cet « arc », autrement dit faut-il, par principe, condamner moralement le RN et le considérer comme un parti à part notamment de part son histoire ? De ce point de vue, la France et l’Allemagne se posent des questions similaires, puisque les débats sur l’AfD posent des interrogations proches : l’AfD est-elle ou non compatible avec la démocratie allemande, propage-t-elle la xénophobie et le racisme, etc. Des sondages (INSA-Meinungstrend) donnent au parti 22 % des intentions de vote, soit le double de 2019, contre 27 % pour la CDU/CSU, alors que la mobilisation de millions de personnes dans les rues contre ce parti d’extrême droite n’a eu aucune conséquence sur sa popularité.

 

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