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DANSE CONTEMPORAINE – L'artiste Mindora exporte à Berlin son concept avant-gardiste alliant art et multimédia

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 juillet 2015

Londonienne d'origine, Parisienne de c?ur et nouvelle venue à Berlin, Mindora a un long parcours de danseuse contemporaine derrière elle. Elle a révolutionné l'approche à la discipline en créant une forme unique d'art multimédia.

C'est à un coin de terrasse, près de Rosenthaler Platz, que nous avons rencontré un étonnant personnage à l'accent british. Les cheveux tirés en chignon et un long trait noir sur les yeux pour souligner son regard décidé, Mindora nous a dévoilé son parcours de danseuse, pionnière d'une forme de danse multimédia dont elle a esquissé les contours dans les années 1980.

Née à Londres, Mindora a été formée au ballet classique avant de s'orienter vers la danse contemporaine à la Arts Educational School. A la recherche d'une forme d'expression via l'anatomie et le travail du corps, sa formation l'a amenée à toujours plus repousser les limites de son art. "J'étais une élève sérieuse, se remémore-t-elle, mais on me disait : ?c'est quand tu improvises que tu es la meilleure' !". Laissant peu à peu tomber les chorégraphies longuement préparées, la Londonienne a donc décidé de privilégier les créations improvisées.

 

 

De Covent Garden à Paris
Gardant le mystère autour de son véritable nom ("on m'appelle juste Mindora"), l'artiste n'est pourtant pas avare en anecdotes. Celle-ci est révélatrice de la hardiesse qui la caractérise : à seulement 22 ans, la jeune danseuse a proposé d'inclure des performances de danse contemporaine aux festivités annuelles organisées à Covent Garden. "A ce moment-là, ce type de danse ne parlait pas beaucoup aux passants, commente-t-elle, elle était juste connue d'une petite élite". Tandis que l'événement était habituellement réservé aux spectacles de breakdance, l'initiative s'est révélée être une réussite, au point qu'elle fut perpétuée les années suivantes.

Très vite attirée par la capitale française, Mindora s'y est installée pour la première fois en 1998. Pendant plusieurs années, elle a continué de naviguer entre Paris et Londres, de travailler avec des établissements londoniens connus, comme l'Institute for Contemporary Art, les Studios Riverside, ou participant au festival international Dance Umbrella.

C'est au Web Bar, un troquet dans le quartier du Marais, à Paris, que la jeune artiste a pu pratiquer sa danse pour s'affirmer sur la scène parisienne. De fil en aiguille, Mindora a su élargir son réseau pour ensuite obtenir une résidence au Centre National de la Danse. Elle a ensuite multiplié les expériences dans la capitale en collaborant avec La Ménagerie de Verre, un espace pluridisciplinaire dédié à la création contemporaine, puis avec la Galerie Donguy, un collectif dirigé par deux professeurs de l'école des Beaux Arts. Les noms des galeries s'enchaînent et la danseuse affiche aujourd'hui un parcours marqué d'expériences nombreuses et variées. Elle est allée jusqu'à travailler avec un jeune groupe de musique électronique expérimentale, "Gli Storp!".

 

 

Une danse qui croise différents arts
Pour Mindora, la danse est un moyen de s'exprimer qui va au-delà de la simple esthétique visuelle. Tout au long de ses années parisiennes, la danseuse a cherché à évoluer vers une forme d'art multimédia : elle a commencé à inclure sa voix dans ses performances, d'abord juste des sons, puis des mots, voire des dialogues, "parce que physiquement, je ressentais besoin de parler". Mêlant la parole au mouvement, ses créations prennent souvent des airs de théâtre et brouillent les frontières entre les disciplines.

La danseuse s'est aussi naturellement tournée vers des supports vidéo, qu'elle réalise parfois elle-même. "Un jour, j'étais à la plage, dans la région de Calabre en Italie, et j'ai eu envie de me filmer", raconte-t-elle. "Les gens qui m'ont vue ne comprenaient pas !" En résulte un court film plein de poésie, la montrant dans l'eau, ses longs cheveux noirs mouillés recouvrant son visage, cherchant à rejoindre une grotte qui demeure lointaine. Ses vidéos servent ensuite de fond visuel et sonore à ses représentations.

En 2002, la Londonienne expatriée a monté sa propre association, Eclipse Arts Multimédia. L'année suivante, elle a participé à la fondation du collectif Tact, rassemblant des danseurs et musiciens performants en plein air à La Villette. "Ce que j'ai aimé à Paris, confie-t-elle, c'est la liberté qu'on a dans le travail : on danse moins en studio, on s'aventure dans des lieux en extérieur, on prend davantage de risques". Ainsi se souvient-elle d'une improvisation d'une quinzaine de minutes, accompagnée d'un accordéoniste, sur un quai du métro parisien. "Corporellement, j'ai beaucoup appris de ce genre d'expériences".

 

 

Un nouveau départ berlinois
Voilà près d'un an que Mindora a maintenant élu domicile à Berlin. Ce n'était pas forcément un choix évident mais "Paris était devenue trop petite", avoue-t-elle. "J'ai eu envie de m'installer dans une ville jeune, qui n'a pas autant de patrimoine, qui est à la fois branchée et confortable." D'abord surprise du rythme détendu qui caractérise la vie berlinoise, la Londonienne cherche désormais à trouver sa place sur la scène artistique locale. "Je voulais voir comment mon art allait se développer ailleurs". Pour l'instant, elle commente : "J'aime le public ici, il est participatif. Et il y a de nombreuses possibilités de collaborations professionnelles."

Au moment de notre rencontre, l'artiste revenait d'une semaine de travail avec les étudiants en architecture de Weimar, confirmant la polyvalence et l'interdisciplinarité de sa création artistique. Sa résidence dans un studio de Neukölln ayant récemment touché à sa fin, Mindora nourrit aujourd'hui l'espoir d'une coopération de plus long terme avec le centre d'art contemporain Tanzfabrik à Berlin. Elle a déjà obtenu une salle où travailler et monter des ateliers du 27 juillet au 14 août. De son regard enflammé et d'un grand sourire, elle nous invite à participer : "c'est un bel endroit de 180 mètres carrés, il faut voir ça !". Pour celle qui peut danser partout, Berlin se présente comme la nouvelle scène à conquérir.

Sarah Diep (www.lepetitjournal.com/berlin) mercredi 15 juillet 2015

Savoir plus :

Page facebook de Mindora 

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Publié le 14 juillet 2015, mis à jour le 14 juillet 2015

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