

Deux mois avant de prendre la présidence tournante de l'Union européenne, la Belgique a replongé dans une crise politique majeure. Hier, pour la troisième fois en trois ans, le Premier ministre Yves Leterme (AFP) est allé présenter sa démission au roi, Albert II en raison de désaccords persistants entre francophones et Flamands sur une nouvelle réforme institutionnelle
Le conflit entre Wallons et Flamands plonge de nouveau la Belgique dans la crise politique. La circonscription de BHV (Bruxelles-Hal-Vilvorde) est au c?ur de toutes les discordes. La Belgique regroupe en effet deux grandes communautés linguistiques qui représentent à elles seules 60% de la population : les francophones (Wallons) et les néerlandophones (Flamands). Ces derniers, soucieux de contenir l'extension des francophones à la périphérie de la capitale, exigent la suppression de droits linguistiques spécifiques dont jouissent les francophones vivant dans l'arrondissement de BVH.
Les Flamands se radicalisent de plus en plus sur les questions communautaires
Aucun compromis n'a donc pu être trouvé sur cette question extrêmement épineuse. Les chrétiens démocrates et les libéraux se rejettent la responsabilité d'un tel échec. Les Flamands se radicalisent de plus en plus sur les questions communautaires. Mardi dernier, en signe de protestation, le parti libéral flamand, soutenu par la quasi-totalité des partis en Flandre, a claqué la porte du gouvernement. "C'est une crise politique sérieuse. On est dans un pays qui n'arrive pas à surmonter les écueils institutionnels parce qu'il y a deux logiques qui s'affrontent : l'une, très nationaliste, de repli identitaire au nord du pays, l'autre de tradition plus européenne du côté francophone, qui n'accepte pas que l'on brade des droits élémentaires, où l'on va jusqu'à interdire aux non-néerlandophones d'acheter des biens immobiliers", explique, dans le magazine Le Point, Olivier Maingain, député libéral en pointe sur la défense des francophones.
"C'est une crise de régime, la fin du système actuel. On voit bien que c'est impossible de gouverner comme ça. La Belgique telle qu'on la connaît ne fonctionne plus. C'est ridicule ! Il faut l'autonomie presque totale pour les régions et faire de Bruxelles une sorte de Washington DC", plaide le nationaliste flamand Jean-Marie Dedecker.
Un véritable échec pour les francophones
Les partis flamands envisagent de mettre à l'ordre du jour du Parlement, la semaine prochaine la scission de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce serait la première fois qu'une communauté voterait en séance plénière contre une autre. Une telle procédure, si elle survenait au Parlement, condamnerait, irrémédiablement cette fois, le gouvernement Leterme. Un coup dur pour le royaume, alors que celui-ci s'apprête à assumer en juillet la présidence tournante de l'Union européenne. Si le roi venait à accepter la démission du gouvernement, la mise en place d'élections législatives anticipées courant juin serait inévitable.
Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) vendredi 23 avril 2010
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